Cela faisait plusieurs jours que son existence était sur le fil du rasoir. Après une semaine passée à l’hôpital dans un état végétatif, DMX, icône incontournable du hip-hop, vient tragiquement de nous quitter, emporté par un arrêt cardiaque. Avec lui, c’est une partie de patrimoine du rap new-yorkais, et de la musique dans sa globalité, qui s’est éteinte. Le mythe est devenu histoire.
En effet, “Dog” a profondément marqué son époque avec ses morceaux devenus incontournables et son flow aussi agressif qu’addictif. Un artiste qui a eu une influence énorme : sa rythmique saccadée et ses paroles aboyées ont inspiré une génération entière de rappeurs qui l’ont suivi. Aujourd’hui, le monde pleure un des artistes les plus importants, un de ceux qui restent indissociables du genre qu’ils ont porté de toute leur âme.
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Il a vendu plus de 30 millions d’albums
Deux disques de platine en l’espace d’un an. En 1998, le rap américain se voit dénué de grandes figures charismatiques et commerciales, notamment depuis la mort de 2Pac et de Biggie. Après dix ans de galère dans le milieu musical, Dark Man X, signé depuis moins d’un an chez Def Jam, va s’emparer de la place vacante. En mai, il sort son premier album, It’s Dark and Hell Is Hot, qui devient rapidement un succès commercial, avec plus de six millions d’exemplaires vendus. Il est certifié quadruple disque de platine aux États-Unis et se classe premier du Billboard 200 et des R’n’B albums.
Les singles “Get at Me Dog”, “Stop Being Greedy” et “Ruff Ryders’ Anthem” ont fait un véritable carton. “Get at Me Dog”, qui a été son premier single, se classe 3e au Billboard Hot 100. Six mois plus tard, le 15 décembre 1998, DMX publie son deuxième album, Flesh of My Flesh, Blood of My Blood, et le résultat est le même que pour le premier : il atteint le top du Billboard 200 et est certifié quadruple disque de platine. DMX devient alors le deuxième rappeur de l’histoire (après 2Pac) à avoir publié deux albums la même année qui ont débuté au Billboard 200.
Plus qu’un simple nouveau rappeur, DMX se positionne avec ces deux albums au sommet des charts comme la nouvelle figure du rap US et une machine à tubes, que ce soit avec un rap sombre et hardcore (“Ruff Ryders’ Anthem”, “Get at Me Dog”), ou plus calme (“How’s it Going Down”, “Dogs for Life”). Une position qu’il confirmera rapidement avec les albums …And Then There Was X et The Great Depression, respectivement sortis en 1999 et 2001. Au total, DMX aura été un des rares rappeurs à avoir vendu plus de 30 millions d’albums (et cela, avant Eminem).
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Il a livré une performance légendaire à Woodstock
En 1999, DMX se produit lors de la troisième édition du festival de Woodstock, événement qui est resté dans les annales pour sa démesure et son gigantisme. Sur la même scène que d’autres grosses d’affiche telles que les Red Hot Chili Peppers ou Creed, le rappeur new-yorkais livre un concert grandiose, devant près de 200 000 personnes en liesse. Si l’événement a été pointé du doigt à l’époque pour ses nombreux dérives et excès, la performance de DMX a été un véritable point d’orgue dans l’histoire des concerts.
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Il a amené la culture de la moto dans le rap avec les Ruff Ryders, dont il a été le haut-parleur
DMX est devenu célèbre grâce à son énorme tube “Ruff Ryders Anthem”, qui amène la culture des sports mécaniques, et surtout de la moto en bande, dans le hip-hop. À l’époque, cet environnement de motards était plutôt réservé aux ambiances Rock’n’Roll. Dans l’inconscient collectif, quand on pense huile de moteur et grosse cylindrée, on est plutôt sur Johnny que sur Rakim.
Et bien, DMX va complètement transformer cet esprit, accompagné du collectif Ruff Ryders, un vrai gang de motards originaire de Yonkers dans la banlieue de New York, et transformé en label pour l’occasion. Avec ses rythmiques saccadés signées Swizz Beatz et son flow rocailleux, “Ruff Ryders Anthem” de DMX va devenir un classique des mordus de vestes en cuir et de moteurs puissants qui va se poursuivre avec les autres membres de son crew comme Eve, Drag-On ou The Lox, mais aussi Meek Mill et les motocross de Philadelphie quelques années plus tard.
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Il part mais laisse de véritables hymnes de la pop culture
Quand bien même DMX a connu le pic de sa popularité entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, sa musique reste indissociable de la culture populaire. Par exemple, les meilleurs moments du film Deadpool sont en aucun doute marqués par l’iconique morceau “X Gon’ Give It To Ya”, qui rend immanquablement culte la scène qu’il habille. Suite à la sortie du long-métrage en 2016, le morceau a en outre connu un regain d’intérêt, notamment auprès d’une génération plus jeune qui découvrait ce classique.
Le morceau “X Gon’ Give It To Ya” est devenu l’hymne de la “badasserie”, et est fréquemment utilisé sur le grand et le petit écrans, par exemple dans les séries Euphoria, et Rick et Morty. D’autres titres de X constituent régulièrement la BO de films, comme “Ruff Ryders’ Anthem” qui accompagne toujours les films Fast and Furious, ce qui est pertinent au vu de l’énergie que porte le titre, qui colle à perfection à la franchise aux moteurs vrombissants.
Plus que de simples classiques, les chansons de DMX se sont donc hissées au rang de symboles, et forment le patrimoine culturel partagé par une génération entière. Alors qu’il ne fait malheureusement plus partie de ce monde, les amateurs de musique savent qu’il restera à jamais une légende.
Article écrit par Aurélien Chapuis, Hong-Kyung Kang et Joséphine de Rubercy