Cela faisait depuis 2019 qu’un grand chantier de restauration avait été lancé autour de La Ronde de nuit, grand tableau (métaphoriquement et littéralement : il mesure 3,8 mètres de haut sur 4,5 mètres de large et pèse 337 kilogrammes) réalisé par Rembrandt et achevé en 1642. L’équipe du Rijksmuseum, qui s’occupe du tableau, avait passé les deux premières années du projet à effectuer des recherches sur la toile, “cartographiant chaque fibre, chaque pigment sur la peinture”, expliquait alors à l’AFP Taco Dibbits, directeur du musée amstellodamois.
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Cette première étape avait permis de dévoiler un croquis caché sous les couches de peinture de La Ronde de nuit. Le dessin indiquait que Rembrandt avait “initialement prévu de peindre des plumes sur le casque d’un milicien, et qu’il [avait] décidé de supprimer une épée entre les deux personnages principaux”. En 2022, l’équipe était passée à la restauration de l’œuvre, dans le but notamment de lisser les déformations visibles sur le coin supérieur gauche du tableau.
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“Rien d’alarmant”, rassurait alors Pieter Roelofs, le responsable du département des peintures et sculptures au Rijksmuseum, qui déclarait que “l’état général du tableau” était “conforme à ce à quoi on peut s’attendre pour une peinture de près de 400 ans”. L’étude sous rayons X du tableau – qui visait à “voir comment toutes ces couches de peinture étaient liées ensemble”, explicite Ça m’intéresse – a révélé la présence d’une couche de plomb dans le tableau Science Advances, qui partageait cette découverte le mois dernier et soulignait qu’une telle couche de plomb n’avait jamais été repérée dans d’autres tableaux de Rembrandt auparavant.
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C’est la présence de cette couche qui expliquerait que, contrairement à d’autres œuvres de la même époque, La Ronde de nuit ne présente pas de couche de colle. Un pigment à l’arsenic a également été trouvé, pour colorer en jaune le manteau d’un de ses officiers. Cette découverte prouve, selon la publication scientifique, la pertinence des techniques non invasives (ici, des numérisations et modélisations 3D) dans l’étude des tableaux. Ces études poussées et ces révélations permettent d’intégrer un chef-d’œuvre du XVIIe siècle au sein de nos préoccupations actuelles.