Si vous voulez tout savoir sur le meurtre qui a choqué Beverly Hills au tournant des années 1990, le documentaire Les Frères Menendez sur Netflix est une plongée aussi dramatique que fascinante au cœur de cette affaire et de cette famille pourrie de l’intérieur. Voici trois bonnes raisons de le regarder, que vous ayez vu ou non la saison de la série Monstres qui leur est consacrée.
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La parole des frères
Si Ryan Murphy n’a pas souhaité rencontrer les frères ou le reste de la famille pour faire sa série, ce qui lui a valu de vives critiques, le documentaire étoffe son récit de témoignages essentiels pour comprendre l’affaire, l’époque, et surtout la terreur que pouvait inspirer Jose Menendez à toutes celles et ceux qui ont croisé son chemin.
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Des journalistes qui ont couvert le procès à la procureure, en passant par les proches de Lyle et Erik Menendez ou encore une jurée de l’époque, tous et toutes participent à la compréhension de ce meurtre sordide. Les frères Menendez prennent la parole, depuis la prison où ils purgent depuis 1996 leur peine à perpétuité. Leur voix accompagne le récit, comme des narrateurs dont on ignore s’ils sont fiables ou non, même s’ils ne nient à aucun moment les faits.
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Ce qui donne du crédit à ce qu’ils racontent, c’est évidemment les passages où d’autres, parties prenantes ou non du procès, corroborent leur histoire comme divers expert·e·s en psychologie qui étaient à la barre, ou encore leur propre cousine.
L’importance du contexte
Le documentaire replace les choses dans le contexte de leur époque et dresse un portrait du quartier huppé de Beverly Hills, d’une police conciliante avec ses riches habitant·e·s, ou encore du procès qui vire à la téléréalité. Les images d’archives aident à prendre la mesure de l’agitation autour du procès Menendez et redonnent une authenticité à ce qui, dans la série, disparaît parfois derrière le glamour d’un cast prestigieux.
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Ce que les deux œuvres ont en commun, c’est la manière de démontrer, avec des outils bien différents, comment l’image de la famille parfaite de Beverly Hills en apparence se désintègre sous le poids du cycle infernal de la maltraitance. Dans cette famille, le sadisme absolu du père, Jose Menendez, apparaissait comme une preuve d’amour et un désir d’exigence. Les images des témoignages de Lyle et Erik, sur les agressions sexuelles et viols commis sur eux par leur père, et que l’aîné a reproduits une fois sur son cadet, sont particulièrement difficiles à regarder.
Dans les années 1990, le procès est un tel spectacle médiatique que tout le monde a un avis sur la culpabilité ou non des frères, et surtout sur les traumatismes qu’ils auraient subis. Et à cette époque, on ne traitait pas les violences sexuelles comme on le fait aujourd’hui. Les talk-shows se font des gorges chaudes des larmes des frères : on se moque de ces deux fils à papa privilégiés et on tourne leur calvaire à la dérision. Les archives télé sont impitoyables.
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Le documentaire vs la série
Ryan Murphy s’intéresse à l’histoire, le documentaire s’intéresse à la vérité. Les deux ne sont pas nés de la même intention, mais il n’est pas nécessaire de les opposer. Mieux encore, ils peuvent être complémentaires, et ça, Netflix l’a bien compris en sortant le documentaire quelques jours après la série.
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Le service de streaming a eu du flair en prédisant que le public allait se délecter de cette affaire et serait en quête d’informations fiables sur le sujet. D’abord la dramaturgie, qui fait naître la fascination et suscite l’empathie, ensuite les faits.
La série a fait couler beaucoup d’encre et on a reproché beaucoup de choses à son cocréateur Ryan Murphy (comme ce fut le cas pour la saison 1 de Monstres, centrée sur Jeffrey Dahmer). La famille Menendez et les frères eux-mêmes ont vivement critiqué la démarche de tourner le drame qu’ils ont vécu en spectacle.
Mais le true crime, qu’il soit traité avec une forme de liberté créative ou dans un souci de retranscrire le plus fidèlement possible une histoire, a très souvent pour habitude de placer son public dans la position de voyeur. On en regarde pour se faire peur, avec une fascination morbide, et pour se souvenir que, parfois, les monstres sont bien réels.