Le meurtre de la légende du rap Tupac Shakur, commis en 1996 à Las Vegas, va-t-il enfin être élucidé ? Un ex-chef de gang a été inculpé vendredi dans cette affaire qui a laissé une marque indélébile sur l’univers du hip-hop depuis près de trente ans. La police de cette métropole du Nevada a arrêté vendredi matin Duane “Keefe D” Davis, ancien leader des South Side Compton Crips, un gang de Los Angeles, ont annoncé les autorités lors d’une conférence de presse. Il a été inculpé pour meurtre et la date pour son procès doit être fixée prochainement.
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Aujourd’hui âgé de 60 ans, M. Davis avait reconnu de longue date qu’il se trouvait dans la Cadillac blanche d’où ont été tirées les quatre balles qui ont tué Tupac, à l’âge de 25 ans. Dans un livre paru en 2019, l’intéressé assurait toutefois que les coups avaient été tirés depuis l’arrière du véhicule alors que lui se trouvait à l’avant. En droit américain, ce rôle indirect n’empêche pas son inculpation pour meurtre.
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Duane Davis “était le commanditaire de ce groupe d’individus qui ont commis ce crime et il a orchestré le plan qui a été mis en œuvre” pour le mener, a résumé le lieutenant Jason Johansson, de la police de Las Vegas. “En vertu de la loi du Nevada, […], vous pouvez être inculpé d’un crime que vous soyez directement impliqué ou que vous soyez complice”, a précisé le procureur du comté de Clark, Steve Wolfson.
Rivalités entre gangs
Lors de la conférence de presse, la police a retracé les rivalités entre gangs qui ont débouché sur les événements de la nuit du 7 septembre 1996, fatale à Tupac Shakur. Ce soir-là à Las Vegas, le rappeur assiste à un combat de boxe de Mike Tyson, en compagnie de Suge Knight, le fondateur de son label musical Death Row. Outre son rôle artistique, l’homme est affilié au gang Mob Piru de Los Angeles, dont plusieurs membres assistent également au combat. Or Mob Piru est un gang ennemi des South Side Compton Crips, dirigés par Duane Davis.
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Après le combat, des membres de Death Row Records repèrent le neveu de Duane Davis, Orlando Anderson, et se mettent à le tabasser dans les couloirs de l’arène. Suge Knight fait partie de ceux qui portent les coups. Dans la foulée de cet incident, “Duane Davis a commencé à élaborer un plan pour obtenir une arme à feu afin de se venger de Suge Knight et de M. Shakur”, a expliqué le lieutenant Johansson. C’est lui qui a fourni l’arme aux passagers qui se trouvaient à l’arrière de la voiture d’où l’on a ouvert le feu sur Tupac.
Cette chronologie était connue depuis longtemps mais la police n’avait jamais eu les éléments nécessaires pour engager des poursuites judiciaires, ont expliqué les autorités.
Rebond spectaculaire
La publication des mémoires de M. Davis et les différentes interviews qu’il avait données auparavant en 2018 ont permis le rebond spectaculaire de l’enquête. L’ex-chef de gang est le dernier témoin encore vivant du meurtre de Tupac. En prenant la parole publiquement, il a “fourni sa propre série de déclarations qui sont tout à fait cohérentes avec les preuves” rassemblées par les enquêteurs, selon M. Johansson.
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Les nouveaux éléments ont poussé la police à perquisitionner en juin la maison de sa femme dans le Nevada. Un événement qui a ramené l’affaire sur le devant de la scène. Légende du hip-hop, Tupac était devenu un artiste incontournable de la côte ouest américaine après une carrière aussi brève que fulgurante. Le rappeur, à l’origine des tubes “California Love”, “Changes,” “Dear Mama” et “All Eyez on Me”, a vendu 75 millions d’albums.
Tupac était devenu une figure clé de la fameuse rivalité entre les scènes rap de la côte ouest et la côte est des États-Unis. Bien que natif de New York, il incarnait le hip-hop “West Coast” après avoir déménagé adolescent en Californie avec sa famille. Son meurtre avait été suivi, six mois plus tard, par celui de son rival de la côte est, Christopher “The Notorious B.I.G.” Wallace. Beaucoup ont lié leur mort à la rivalité entre leurs labels Death Row et Bad Boy Entertainment mais des historiens de la musique affirment que cette opposition avait été amplifiée pour des raisons commerciales.