Il y a 25 ans, Oasis sortait le tube ultime “Wonderwall” et un album légendaire

Publié le par Guillaume Narduzzi,

Plus classique tu meurs.

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Il est toujours très compliqué d’écrire à propos d’un album sur lequel tout ou presque a déjà été dit. Car c’est l’histoire de l’un des disques préférés des Britanniques. Un emblème national, au même titre que le tea time, Big Ben et les black cabs.

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Le 2 octobre 1995, le groupe mancunien Oasis emmené par Liam et Noel Gallagher dévoilait (What’s the Story) Morning Glory?, le second album de la formation. Un album capital, qui fête aujourd’hui ses vingt-cinq ans et bénéficie d’ailleurs d’une jolie réédition en coffret vinyle, sur lequel figurait notamment l’hymne “Wonderwall”. Tout simplement l’un des plus gros tubes de l’histoire de la musique pop.

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Pourtant, la formation avait déjà réalisé une percée impressionnante avec un premier opus sorti un an plus tôt, Definitely Maybe. Avec cet album, le groupe formé seulement en 1991 s’inscrit dans la tradition du rock anglais, et comme la digne relève d’une scène à l’histoire encore récente mais extrêmement riche.

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Une sérieuse rivalité commence à s’installer avec Blur, collectif emmené par Damon Albarn – aujourd’hui leader indéboulonnable de Gorillaz. Les frères Gallagher ont toujours considéré ce disque comme le meilleur de leur carrière, avec des titres restés mythiques dans la discographie d’Oasis comme “Supersonic”, “Cigarettes and Alcohol”, “Slide Away” et surtout “Live Forever” (qui les fait connaître aux États-Unis), pour ne citer qu’eux. 

Avec Definitely Maybe, Oasis devient une référence du rock de l’époque. Les frères Gallagher, des “Rock’n’Roll Star”. Le groupe n’est pas que l’héritage vivant du rock anglais, c’est celui du rock mondial. Ils réussissent l’exploit de gentiment s’approcher de l’aura des Beatles ou des Rolling Stones. Pourtant, les tensions au sein du groupe auraient pu avoir raison du chef-d’œuvre qu’est (What’s the Story) Morning Glory?

Deux frères, deux fauves

Même si la formation est grandement articulée autour des deux frères, qui incarnent véritablement Oasis d’un point de vue médiatique, d’autres musiciens se sont joints à l’aventure. Certains l’ont rapidement quittée en revanche. Avant l’enregistrement de l’album, le batteur Tony McCarroll est renvoyé du groupe. D’après Noel, il est incapable de jouer les nouvelles chansons. D’après lui, c’est un choc des personnalités avec les caractères explosifs de la fratrie anglaise. Alan White, ancien batteur du groupe Starclub, débarque ainsi pour lui succéder.

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Ce n’est qu’un exemple – parmi tant d’autres – de ce qui aurait pu priver le monde de ce deuxième album. Mais ce sont aussi les histoires qui ont contribué à la légende de (What’s the Story) Morning Glory?. L’enregistrement a dû se faire en deux phases distinctes. À l’issue d’une première semaine assez chaotique, les deux frères se battent sauvagement. Noel frappe Liam avec une batte de cricket et lui explose le bras.

La déchirure n’est pas loin – elle interviendra d’ailleurs “seulement” en 2009 au festival parisien Rock en Seine – mais le groupe tient bon. Après quelques jours, la situation s’apaise, les frères s’excusent. La seconde session se déroule à merveille d’après les personnes présentes sur place. L’album, produit par Owen Morris, est prêt pour marquer l’histoire au fer rouge.

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Le couronnement de la Britpop

Dès sa sortie en octobre 1995 chez Creation Records, (What’s the Story) Morning Glory? marque les esprits. Malgré quelques touches de provocation qui ressortent (“morning glory” étant l’érection du matin, par exemple), le disque impressionne par sa finesse, notamment le chant assuré par Liam. La composition, dont s’est occupé Noel – il s’est également chargé de l’écriture – étonne aussi.

Le groupe étend sa palette musicale sur ce disque, avec des arrangements plus hétéroclites, pour un résultat moins abrupt que le premier album. Les refrains sont d’une redoutable efficacité. Les ballades rock, qui revendiquent ouvertement l’influence des légendes d’Abbey Road, sont légion et pleines de maîtrise. Leur statut de rock star, hérité des Rolling Stones, est lui aussi totalement assumé.

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Un virage sonore parfaitement symbolisé par “Wonderwall”, qui va devenir le plus gros tube d’Oasis et l’un des plus gros de l’histoire de la musique tout court. À elles seules, la chanson et sa mélodie exemplaire incarnent le passage de témoin entre l’époque du punk et celle de la pop rock. Rien que ça.

Ce sont d’ailleurs les notes de guitare de “Wonderwall” qui arrivent en prélude de la splendide introduction “Hello”. “Don’t Look Back in Anger”, “Cast No Shadow”, “She’s Electric” ou la somptueuse outro “Champagne Supernova” sont autant de tubes pour attester de cette évolution musicale. Malgré les querelles récurrentes entre les frères Gallagher, Oasis remporte la formidable guerre de la Britpop – ce sous-genre du rock anglais des années 1990 – et écrase la scène anglaise de tout son poids.

Un classique absolu des années 1990 et au-delà

Avec leur pochette restée gravée dans les mémoires, les membres d’Oasis deviennent les représentants du nord de l’Angleterre et sa population précaire, majoritairement ouvrière. Le succès est immédiatement international. Au Royaume-Uni, l’album est le cinquième album le plus vendu de l’histoire du pays. Aux États-Unis, il entre dans le top 5 du Billboard 200. Le disque se vend à plus de quatre millions d’exemplaires chez l’Oncle Sam, soit presque autant qu’outre-Manche.

Pourtant, les critiques sont relativement négatives à sa sortie, influencées notamment par les frasques à répétition des deux frères (Noel a aussi souhaité à Blur de “choper le sida et de crever”, pas ouf comme déclaration publique). La faute, entre autres, à la fameuse poudre blanche et aux boissons à base d’ethanol.

Mais au fil du temps, ces cinquante minutes aujourd’hui mythiques vont revenir de plus en plus régulièrement dans les discussions sur les meilleurs albums de l’histoire de la musique. Car au-delà de la qualité du disque, c’est toute son influence et sa portée – encore aujourd’hui – qui émerveillent. (What’s the Story) Morning Glory? passe à la postérité au fil des ans, et l’histoire reprend le dessus sur les critiques.

Preuve en est avec le classement des 500 meilleurs albums de tous les temps de Rolling Stone. Initialement, en 2003, il est classé 376e. Lors de la réactualisation de ce classement en 2012, il est 378e. Aujourd’hui, après une mise à jour – pour notamment y inclure davantage de diversité(What’s the Story) Morning Glory? figure désormais à la 157e place.

Une progression importante qui témoigne de la longévité du disque, qui reste l’un des plus vendus de tous les temps avec plus de 22 millions d’exemplaires écoulés, et surtout l’un des plus cultes et marquants de ces trente dernières années. Definitely le meilleur des frères Gallagher.