2 000 kilomètres à pied et princesse-phallus : 5 choses que vous ne saviez pas sur le sculpteur Brancusi

Publié le par Pauline Allione,

© Georges Meguerditchian/Succession Brancusi/ADAGP, Paris 2024/Centre Pompidou, MNAM–CCI//Dist.
RMN–Grand Palais

Alors que le Centre Pompidou revient sur l’œuvre de l’artiste roumain, on vous raconte cinq faits marquants de sa vie et de son œuvre.

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Le célèbre sculpteur roumain Constantin Brancusi (1876-1957), est actuellement au cœur d’une grande rétrospective au Centre Pompidou, à Paris. Après une dernière rétrospective en France en 1995, l’institution, qui possède sur sa piazza la reconstitution de l’Atelier Brancusi, donne à voir plus de 120 de ses sculptures, mais aussi des photographies, films et dessins, jusqu’au 1er juillet 2024. D’ici là, voici une sélection d’histoires à retenir sur le sculpteur.

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Il a grandi dans un milieu modeste

Issu d’une famille modeste installée dans le village de Hobita en Roumanie, au sud des Carpates, Constantin Brancusi grandit dans un milieu simple et rudimentaire. Entouré de paysan·ne·s et d’artisan·e·s, il apprend très jeune le travail du bois et parcourt la campagne en tant que berger, dès ses sept ans ! Il est depuis possible de visiter la maison commémorative de Brancusi, à Hobita, qui est en réalité une réplique de sa véritable maison, celle-ci n’étant pas en état d’accueillir du public.

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Depuis la Roumanie, il serait parti étudier à Paris à pied

Brancusi étudie les arts à Craiova au Sud de la Roumanie, puis à l’université nationale d’art de Bucarest. Le sculpteur veut ensuite poursuivre sa formation dans la ville lumière : Paris, où il se serait rendu à pied depuis son pays natal. La légende raconte qu’il se lance dans son périple en 1903 et passe par Vienne, Munich, la Bavière et attrape une pneumonie en Meurthe-et-Moselle avant de monter dans un train pour atteindre sa destination, enfin.

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Il intègre les Beaux-Arts de Paris, puis l’atelier d’Auguste Rodin où il ne restera qu’un mois, désireux de s’émanciper du sculpteur. “Rien ne pousse à l’ombre des grands arbres”, philosophe-t-il. En 2011, soit 54 ans après la mort de Brancusi, le poète roumain Laurian Stanchescu entreprend le voyage à Paris depuis Hobita, le village natal du sculpteur, à pied également. Ce voyage de 2 000 kilomètres a pour but de demander à Nicolas Sarkozy, alors président de la République, de rapatrier les restes de Brancusi en Roumanie.

Son œuvre Princesse X ressemble à un phallus

En 1916, Brancusi crée Princesse X, une sculpture en bronze poli censée représenter la princesse Marie Bonaparte. Sauf que, voilà, dans les faits, la sculpture s’apparente plus à un phallus courbé aux allures futuristes qu’à la petite-nièce de Napoléon. Pour Brancusi, il s’agit d’un buste avec un visage épuré à une forme ovale qui surmonte une poitrine…

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Cette ressemblance a d’ailleurs fait l’objet d’un court métrage intitulé A Brief History of Princess X du réalisateur portugais Gabriel Abrantes. “Lorsqu’il crée Princesse X, Brancusi joue sciemment sur le double sens qu’on peut donner à sa sculpture, avec la volonté ironique de montrer que cette différence relève de la subjectivité. S’agit-il d’une femme en buste ou d’un appareil génital masculin ? Aussi bien l’un que l’autre”, tranche Libération.

Constantin Brancusi, La Timidité, 1917, legs Constantin Brancusi, 1957, Centre Pompidou – Musée national d’art moderne, Paris. (© Jacques Faujour/Succession Brancusi/ADAGP, Paris 2024/Centre Pompidou, MNAM–CCI/Dist. RMN–Grand Palais)

L’une de ses sculptures a fait l’objet d’une longue bataille judiciaire

En 1910, Tatiana Rachewskaia, une étudiante de 23 ans originaire de Kyiv et éprise du docteur Marbais, met fin à ses jours. Le médecin, qui est un ami de Brancusi, lui commande un monument funéraire pour sa fiancée. Le Baiser, sculpté dans la pierre et portant une épitaphe et la signature de Brancusi, est installé sur la tombe de Tatiana Rachewskaia au cimetière Montparnasse.

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Issue d’une série de quarante sculptures (dont elle est la deuxième version), l’œuvre est la seule à représenter deux amants de la tête aux pieds, mais aussi la plus grande du projet. Près d’un siècle plus tard, en 2005, les descendant·e·s de la jeune femme entreprennent d’exporter la sculpture dans le but de la vendre. Afin de protéger l’œuvre, l’État français fait inscrire l’ensemble de la tombe au titre des monuments historiques en 2010.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là : en 2020, la Cour administrative d’appel fait retirer ce titre, faisant à nouveau peser la menace d’un descellement de la statue par les ayants droit de Tatiana Rachewskaia, qui affirment que Brancusi ne serait ni l’auteur de la signature ni de l’épitaphe. Le Conseil l’État met fin à quinze ans de bataille judiciaire à l’été 2021, considérant que la sculpture de l’artiste est un “immeuble par nature”, le rendant indivisible et de nouveau éligible aux monuments historiques. La statue est aujourd’hui enfermée dans un caisson en bois protégé par des caméras, selon la volonté des ayants droit.

Son atelier était une œuvre d’art à part entière

Entre 1916 et 1957, année où Brancusi meurt, l’artiste occupe plusieurs ateliers dans l’impasse Ronsin, dans le 15e arrondissement de Paris. Dès les années 1920, il accorde une place toute particulière à son atelier, qui devient “le lieu de présentation de son travail et une œuvre d’art à part entière, un corps constitué de cellules qui se génèrent les unes les autres”, explicite le Centre Pompidou. Au point qu’à la fin de sa vie, Brancusi délaisse la sculpture pour se concentrer essentiellement sur la vie interne à son atelier. Afin de préserver cet espace et le lien qu’entretiennent ses œuvres entre elles, le sculpteur refuse les expositions et lorsqu’il vend une pièce, il la remplace par un tirage en plâtre.

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Un an avant sa mort, il lègue la totalité de ce que contient son atelier, soit le mobilier, les outils et ses œuvres inachevées à l’État français – il souhaitait initialement léguer son atelier à l’État roumain, qui avait refusé ce don. Sa condition ? Que l’État français s’engage à reconstituer cette pièce à l’identique, ce qui sera partiellement fait en 1967, avant d’être reconstitué par l’architecte Renzo Piano sur la piazza Beaubourg. L’Atelier a depuis été fermé temporairement, en attendant de rouvrir à l’occasion de la grande rétrospective consacrée au sculpteur ce printemps.

L’exposition “Brancusi” est à découvrir jusqu’au 1er juillet 2024 au Centre Pompidou, à Paris.

Konbini, partenaire du Centre Pompidou, Paris