On ne vous apprend rien si on vous dit que fumer des clopes, c’est “tendance”. De la cour du collège aux afterworks, se griller une clope ferait de nous des “cool kids”, et les non-fumeurs obligés de se regarder dans le blanc des yeux quand la moitié de la table s’éclipse dehors pour s’oxygéner les poumons vous en parleront mieux que nous.
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Sauf qu’on a un scoop pour vous : s’allumer une clope ne fait pas de vous les personnes les plus fréquentables du moment. Pire : ça vous fait puer de la bouche et perdre quelques années de vie. Bon, l’auteur de ces lignes vous écrit lui-même entre deux petites pauses clope (l’enfer des DRH), donc loin de nous l’idée de vous donner des leçons, mais plutôt d’attester d’un phénomène qui prend de l’ampleur, à savoir la réintroduction en pop culture de la cigarette en tant qu’accessoire trendy.
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La clope en pop culture
Récemment, la pop culture semble participer activement à ce lobby déguisé. On voit Adèle Exarchopoulos fumer sa vape chez Squeezie, Dua Lipa s’afficher clope au bec sur son Insta ou encore Shawn Mendes romancer la cigarette chez Interview Magazine : “Je romance le fait d’être un peu plus vieux et un peu plus débraillé, de fumer une cigarette de temps en temps et de me dire : ‘J’ai vécu un certain nombre de choses, mais pas tout’.”
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Plus original encore : ROSALÍA qui se ramène avec un bouquet de cigarettes à l’anniversaire de Charli xcx, la figure du “brat summer” — qui se résume d’ailleurs en un “paquet de clopes, un briquet Bic et un débardeur blanc”. L’un dans l’autre, ces exemples font germer dans l’esprit des fans de pop culture l’idée selon laquelle le monde flambe et que s’allumer une petite clope n’y changera rien (et vous permettra même peut-être de pécho). Pas bien.
Ces “cigfluencers” (contraction anglophone de “clope” et “influenceurs”) ont même droit à leur propre page Instagram, suivie par près de 60 000 personnes, et qui recense les stars les plus cool d’aujourd’hui et d’hier, en pleine session de pétunage. Récemment, on y a notamment admiré la chanteuse Addison Rae, nouvelle coqueluche états-unienne, se griller deux clopes à la fois pour teaser son nouveau single “Aquamarine”.
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La clope à l’écran
Au cinéma, alors que le lobby du tabac semblait plus discret ces dernières années, les Oscars de l’an dernier ont vu un retour en force de la clope à l’écran. Comme le souligne un récent épisode du podcast The Quicky du média Mamamia, presque tous les films primés voyaient leurs protagonistes cloper.
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Dans le cinéma français, le phénomène s’observe depuis plusieurs années maintenant, comme le rapporte la Ligue française contre le cancer :
“Le tabac demeure quasi omniprésent dans les films français : entre 2015 et 2019, 90,7 % comprennent au moins un événement, un objet ou un discours en rapport avec le tabac : personnes en train de fumer, présence de cendriers, cigarettes, personnage qui parle de tabac.”
Toujours selon la Ligue française contre le cancer, 58 % des jeunes interrogés début 2021 pensent que la présence de tabac à l’écran peut inciter à fumer, 72 % des ex-fumeurs trouvent que les images de tabagisme à l’écran incitent à reprendre la consommation de tabac et 60 % des fumeurs réguliers estiment que le tabagisme dans les films leur donne envie de fumer.
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Le règne de la puff : même combat
Paradoxalement, un peu d’espoir : les jeunes fumeraient deux fois moins de tabac qu’il y a dix ans. Mais l’avènement des puffs inquiète tout de même les experts de la santé : selon l’Alliance contre le tabac, en France, plus d’un ado sur 10 a déjà touché à la puff, en sachant que près de 30 % des fumeurs d’e-cigarettes ont débuté avec ces fameuses puffs.
Comme le rappelle l’Organisation Mondiale de la Santé, le tabac fait plus de 8 millions de morts chaque année dans le monde, dont 1,3 million de non-fumeurs exposés à la fumée du tabac. Donc le “brat summer”, ça va un moment, mais rangez vos clopes pour l’automne et pensez à vos poumons (et ceux des autres !).