Faut-il être masochiste pour réserver une place en première rangée, lorsqu’on se pointe à un spectacle signé Redouane Bougheraba ? Voilà la question qui vient spontanément à l’esprit de celles et ceux qui ont déjà vu le comique phocéen “à l’œuvre”.
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Et quand on dit “à l’œuvre”, c’est une manière pudique de faire référence à son art consommé de dégommer le public du premier rang. À chaud, en totale impro. Dernière hécatombe en date : On m’appelle Marseille. Un solo show incendiaire dont la tournée a débuté en 2022 et où l’acteur, qu’on avait croisé la même année dans le Reste un peu (2022) de son pote Gad Elmaleh, empile les vannes à rythme industriel. Sans oublier de nous révéler un peu de son parcours, quand même. Parce que oui, derrière le croque-mitaine de l’impro’, il y a quand même un homme. Focus.
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Rien que ça clashe
Vachement à l’aise, notre Redouane, au moment de monter sur une scène pas banale, puisque rectangulaire et placée au centre de la salle du show. Un peu comme comme un ring de boxe, finalement. Celui qui s’était fait connaître par ses talents de stand-upper à la neuvième saison du Jamel Comedy Club s’apprêterait-il à utiliser ses spectateurs comme punching-ball ? “Vous êtes au courant pour les premiers rangs ? On va pas s’inventer des vies. Puis là y’en a quatre… Donc ça va être quatre fois du niquage de mère, j’vous l’annonce”. Aussitôt dit, aussitôt fait.
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L’une se fait tailler pour sa dégaine de “chanteuse des années 80’s”, l’autre parce que ses oreilles sont si décollées “qu’on dirait que (sa) tête est entre parenthèses”. Et puis bien sûr, pourquoi ne pas appuyer sur les stéréotypes ? Big up aux antillais de la salle qui sont assimilée au “peuple des frotteurs”. Pareil aux sri lankais renvoyés au cliché de “vendeurs de roses”. Puis après une quinzaine de minutes où les piques pleuvent en pluie drue, Redouane marque un temps d’arrêt. Exit l’impro gouailleuse, place aux confidences.
“Mon père c’était balayette, coup de tête, coup de coude”
Aux cas où certains ne le sauraient pas : Bougheraba est d’origine algérienne. Ce qui implique que ses cinq frères et sa sœur ont reçu une “éducation à l’algérienne”. Kézako ? “Mes parents nous frappaient, mais bien. De vrais techniciens de la frappe. Quand un papa normal te met une droite, mon père à moi c’était balayette, coup de tête, coup de coude, clé de bras”, rejoue l’humoriste. Avant de se souvenir, aussi, de cette mère de 1m90 aux “bras de Sylvester Stallone” et à la dégaine de “chevalier du Zodiac”. Celle qui lui avait si chaudement recommandé d’épouser “une arabe ou une chinoise”. Pourquoi une chinoise ? “Parce que si elle veut un sac à 4000 euros, qu’elle s’le fabrique”, avait un jour défendu cette femme au “racisme décomplexé, normal, normal”.
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Toujours vivant après une cohabitation du genre “houleuse” avec l’environnement familial, Redouane enchaîne les spectacles et les projets audiovisuels, une fois adulte. Il y a Clique, l’émission hébergée par Canal +, et puis le cinéma. Patients, C’est tout pour moi, Taxi 5… Bref, l’humoriste creuse son trou et devient copain copain avec un certain Gad Elmaleh. En pleine crise du coronavirus, les deux compères se font la malle direction Dubaï. Motif ? “Là-bas ils ont une politique d’ouverture (…) les théâtres sont toujours ouverts”. Dixit Gad.
Jamais en rade de blagues très, très imagées, Redouane transforme le souvenir de ce voyage en sketch fleuve. Ce qui lui donne l’occasion de causer lutte des classes – illustrée par l’inoxydable duel, entre classe économique et “first class” des lignes aériennes – mais aussi d’évoquer une vilaine galère de permis de travail, le choc culturel (“la police, ils sont en djellaba-claquettes”), et une performance livrée “à l’aveugle”, bon gré, mal gré, derrière un rideau. Voilà pour l’ascension pro’ flamboyante. Et côté vie privée, alors ? Eh bien Redouane est marié, père de deux filles. Et si l’on en croit l’humoriste, la benjamine aurait hérité de son humour cinglant. À quand le feat ?