Il l’a mauvaise, Fabrice Éboué. Très mauvaise. Comprenez-le : question mœurs, tout bouge, bascule, valdingue. Alors forcément, pour ce nostalgique de la old fashion, il y a comme une perte de repères – voire une incompréhension hagarde, face au “monde d’aujourd’hui”. Un désarroi que le co-réalisateur du Crocodile du Botswanga ausculte à coup de punchlines corrosives dans son quatrième spectacle, Adieu hier.
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Un show cruel à outrance et délicieusement ironique où, on l’aura compris, l’ambiance n’est pas au larmoiement geignard. Contre cette ère où “tout part en vrille”, l’ex-visage du Jamel Comedy Club brandit la sulfateuse. Nouveaux usages invasifs du numérique, révolution sur-protectrice de la parentalité, “cancel culture” à la dérive… Tout y passe.
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Croisade contre le “mal de l’époque”
Que son allure décontractée façon daddy cool ne vous trompe pas. Si Fabrice Éboué monte sur les planches, c’est pour en découdre. Avec, en joue, les dérives de notre temps. Mais pourquoi tant de rage ? Eh bien, il n’y a qu’à voir le bordel que c’est. Pied sur le plancher du cynisme, l’humoriste épingle tour à tour le scandale de la pédophilie au sein de l’église catholique, les méthodes “douteuses” des tueurs en série d’aujourd’hui (de l’amateurisme, comparé aux professionnels d’antan), et cette vilaine manie qu’ont les parents de traiter leurs enfants comme s’ils étaient en porcelaine.
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“Moi quand j’apprenais le vélo, mon père me jetait dans le bois sans protection, ni selle”, se remémore dans un élan outragé l’humoriste. Avant de déplorer que les gosses d’aujourd’hui soient affublés de protections à la tête, aux bras, aux jambes. Pour peu ils seraient “enroulés dans du papier bulle”, histoire d’éviter le moindre bobo. L’exemple d’une société tristement aseptisée, dans laquelle chacun croule sous les messages de prévention contre l’alcool, le tabac, le sucre – mais où l’on ne prépare guère la relève au nouveau danger du siècle : le numérique.
À l’ère post-covid où le digital nous a “envahi”, l’humoriste dénonce sans ambages un quotidien “passé entier devant l’écran, à tapoter, tapoter, sans se brosser les dents, ni se laver”. Résultat ? “Nous sommes tous des branleurs puants”. La voilà, la “société des jeunes d’aujourd’hui”, celles des Hyppolite et autres “nouveaux prénoms à la con”. Un modèle d’être-ensemble régi par les réseaux sociaux, cette monstruosité dont, l’humoriste le martèle, l’ancêtre n’est autre que le “bistrot du coin”.
Lieu dans lequel chacun pouvait, à l’époque, trouver “dédé”. Mais si, mais si. Le pilier de bar un peu bas de plafond, complotiste sur les bords et saoul comme cochon dès 18h. Là, vous l’avez ? Bon, eh bah, “un réseau social, c’est juste des bandes à Dédé”. De la polémique à deux balles, des extrapolations à gogo. Morale de l’histoire : contre les excès et incohérences de l’époque, sachons raison garder : ne soyons pas des Dédé.
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