Affiche partagée par d’ex-stars Disney, décors solaires, ambiance estivale… À priori, le quatrième long métrage d’Harmony Korine cochait toutes les cases du film pour préados à succès. Mais non. Avec Spring Breakers, le génie du cinéma underground US a en réalité pondu une virée cauchemardesque et hallucinogène à mille lieues du teen movie festif tradi’. Tout en reprenant certains de ses ingrédients clés.
Le principe ? Pousser jusqu’à saturation les lieux communs du genre. Histoire de porter à l’écran une critique des productions culturelles mainstream contemporaines. De ce parti pris est né un film bigarré, ayant dérouté divers publics. À commencer par une jeunesse candide, qui s’enthousiasmait à l’idée de suivre les nouvelles aventures de ses idoles.
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Une vadrouille tout sauf innocente
L’aventure est celle de quatre jeunes filles bien décidées à partir en Floride pour le spring break, cette période estivale où une pléthore d’étudiants américains se déprave sans vergogne. Aguicheur, le pitch aurait pu donner naissance à un énième teen movie sur l’éveil joyeusement WTF des sens. Sauf que Spring Breakers n’est pas Projet X. Ceux qui s’attendaient à voir une escapade guillerette et gentiment barrée ont été déçus. Voir scandalisés.
Afin de financer leur voyage, les girls braquent un fast-food. Puis, arrivées sur leur lieu de villégiature, elles s’encanaillent dans un cadre idyllique au rythme d’une BO mélangeant Skrillex et Nicki Minaj. On rigole, on boit, on danse. Mais le rêve tourne court lorsque nos fêtardes sont arrêtées après avoir participé à une soirée où circulaient plusieurs stupéfiants.
D’un poil sulfureux, le film devient franchement inquiétant dès l’instant où Alien, un rappeur outrageusement bling-bling incarné par James Franco, décide de payer leur caution avant de les inviter dans sa villa. Auprès de ce caïd aussi excentrique que louche, les héroïnes s’engagent dans une vie interlope marquée par l’affleurement de la sexualité, l’usage de la violence et la consommation de drogues. Le spring break encore, en somme. Mais dans une version résolument trash.
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Des stars Disney débauchées
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Un virage à 180° pour Harmony Korine
Produit par A24 (Moonlight, Lady Bird…), Spring Breakers n’a pas seulement choqué les zélatrices de Selena Gomez. Avec sa promo racoleuse, son étude du fantasme générationnel qu’est le spring break, et ses couleurs acidulées proches des clips MTV, le film a également stupéfait les connaisseurs d’Harmony Korine.
Car le réalisateur s’était fait un nom en signant un cinéma d’auteur à la poésie plutôt confidentielle, peuplé d’étranges personnages. Parmi lesquels des addicts à la colle, un schizophrène, plusieurs sosies de stars décédées… Et même quelques dégénérés copulant avec des sacs-poubelles (Trash Humpers, 2009).
Autant dire que ceux qui goûtaient à – l’étonnante – filmographie d’Harmony Korine ont immédiatement vu dans Spring Breakers une anomalie. Soudain, l’illustre scénariste de Kids (Larry Clark, 1995) quittait ses rivages coutumiers, proches des communautés “inadaptées”, pour sonder les tréfonds du mythe américain de la teuf. Et ce à l’aide d’un faux teen movie jouant à l’excès toute la partition des stéréotypes de la pop culture mainstream US (rap, sensualité, beuverie…).
Une suite portée par Matthew McConaughey
Mais, plus qu’un inédit de parcours, Spring Breakers pourrait bien marquer une nouvelle page dans le cheminement du cinéaste. Tout d’abord car cette œuvre a été la plus retentissante de sa carrière, avec 14 millions de dollars au box-office et une importante couverture médiatique. Mais aussi parce que son prochain projet devrait être une suite indirecte du film.
Annoncé en 2017, The Beach Bum rapportera les aventures – forcément allumées – d’un voyou interprété par Matthew McConaughey. Et si l’on en croit la bande-annonce, ce nouveau long métrage sera de la même veine que celui de son prédécesseur. Gageons que, cette fois, le public sait à quoi s’attendre.
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