On le dit charlatan, baratineur, roublard. Mais le plus célèbre des “vrais petits garçons” mérite-t-il vraiment sa réputation de débiteur de mensonges XXL ? Le pauvre pantin (qui, de base, n’a pas une vie facile) pourrait-il, in fine, n’être que l’innocente victime d’un faux procès orchestré par de biens pires bonimenteurs que lui – à savoir nous, les humains ? Sens de “pop-justice” oblige, la question mérite d’être posée. Et Konbini se fera un devoir d’y répondre – à l’appui d’enquêtes scientifiques sur (l’éventuellement ?) mal baptisé “syndrome de Pinocchio”. S’il vous plaît.
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Pino-le-mytho ? Il y a erreur sur la personne !
Piqûre de rappel. L’enfant de bois naît en 1881 sous la plume de Carlo Collodi, à travers le récit des Aventures de Pinocchio, débutant par : “Il était une fois… — Un Roi ! s’écrieront aussitôt mes petits lecteurs. Non, les enfants, vous vous trompez. Il était une fois un morceau de bois”. Oui, un morceau de bois – avec la particularité de parler et se mouvoir, tout de même.
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Autre “spécificité” de la création hors normes del signore Gepetto, menuisier de métier : un nez qui s’allonge à chaque mensonge proféré. Eh oui. Voilà qu’à chaque bobard, l’appendice de notre Pino’ prend plusieurs centimètres. Ce gage de transparence a, paradoxalement peut-être, conduit à percevoir le mioche comme un intarissable mythomane, dans l’opinion publique.
Mais qu’en est-il vraiment ? Pour en avoir le cœur net, on a maté le Pinocchio de l’illustre Matteo Garrone (Dogman, Gomorra) sur Prime Video. Un récit fidèle à l’œuvre originale, où l’on retrouve l’aimable Fée Bleue, ce vicelard de Chat, le Pays des Jouets et tutti quanti.
Bon. S’il est vrai que Pinocchio ne s’y distingue pas comme l’archétype de l’enfant modèle (il désobéit à son père, fait l’école buissonnière, méprise les sages conseils de ses aînés…), le gosse n’en demeure pas moins plutôt probe. Au fond, c’est une marionnette dissipée – mais jamais mue par de viles intentions. Puis surtout, on a compté : Pinocchio ne ment pas plus de cinq fois, dans le film. Assez pour l’accuser d’être un menteur invétéré ? J’crois pas, nan.
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Si le nez d’homo sapiens s’allongeait à chaque bobard, l’humanité aurait tôt fait de couler
Il a bon dos, le Pinocchio ; peut-être faudrait-il d’abord passer le balai devant chez soi, avant de tailler des créatures fantasmagoriques. Car oui, il semblerait bien qu’homo sapiens soit bien, bien, plus baragouineur que l’aimable pantin. Simplement chez nous, notre nez restant plus ou moins stable, ça passe comme lettre à la poste. Incognito, quoi.
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Selon des chiffres rapportés par Le Monde en 2021, les étudiants mentiraient dans plus d’une interaction sociale sur trois (on vous voit, les gars), et les adultes lors d’une interaction sur cinq. De son côté, une étude universitaire américaine parue la même année révélait que sur 632 participants à l’enquête, 75 % reconnaissaient mentir entre 0 et 2 fois par jour – la plupart du temps sur des faits triviaux. Genre “bien sûr, j’aime ta coupe”, alors que vous la trouvez dégeu’.
Mais ce n’est pas tout. Figurez-vous que, comme le rapporte Santé Magazine (injustement illustré par un pantin Pinocchio’s style, notons), nous autres, humains, mentons dès l’âge de… Deux ans. Alors certes, à cette tranche de vie on n’est pas forcément capable de faire la distinction entre l’affabulation et la vérité des faits, m’enfin tout de même, ça annonce la couleur.
Bref, Pinocchio fait figure d’angelot, lorsqu’on compare ses “arrangements” concernant le déroulé des évènements avec notre fâcheuse tendance à empiler les pipeaux. D’ailleurs, ça tombe bien que notre pantin ne soit pas aussi big boss de la frauderie qu’on le dit, puisque selon les savants calculs de Steffan Llewellyn pour la so serious University of Leicester, Pinocchio ne pourrait pas mentir plus de 13 fois d’affilée avant… De mourir.
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En postulant qu’à chaque mensonge le nez dudit Pinocchio double de taille, le scientifique démontre que passé ce chiffre critique, la masse du pif de bois serait si forte qu’elle briserait la “nuque” de notre bonhomme. Ç’aurait été une conclusion bien plus tristoune que celle du récit originel, reconnaissez. D’autant plus que devenir “un vrai p’tit garçon” tu l’as pas vol, Pino’.
Après tout, c’est toi le moins baratineur d’entre nous. Chapeau l’artiste !