Il est certaines œuvres dont on ne peut s’empêcher de pitonner le titre sur nos claviers après les avoir vues. Ce dans l’espoir qu’articles, critiques et forums éclairent un dénouement ambigu, ou confirment nos interprétations les plus capillotractées. Indubitablement It Follows fait partie de ces OVNI qui interrogent, et nous laissent pantois.
Alors qu’une image tirée de cette perle du cinéma d’horreur s’est dévoilée en affiche de la Semaine de la Critique de Cannes 2021, et que l’œuvre est disponible sur Prime Video depuis le 25 mai, passage en revue des théories entourant le nébuleux It Follows. Mais d’abord, retour sur l’intrigue.
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Fais l’amour, et meurs
Dans la banlieue pavillonnaire de Détroit, Jay Height mène une vie paisible. Elle rit de blagues potaches avec ses potes, mate des films et flirte. Mais voilà, après un premier rapport sexuel avec son nouveau copain, l’adolescente se retrouve attachée à une chaise roulante (non, It Follows n’est pas un énième torture porn).
Son partenaire lui explique alors qu’en couchant avec elle il lui a transmis une funeste malédiction. Désormais, la jeune femme sera inlassablement poursuivie par une entité polymorphe dont l’unique objectif s’avère, en gros, de la charcuter.
Unique échappatoire à ce triste sort : faire l’amour avec une autre personne. Celle-ci deviendra, à son tour, la cible d’un mal visible seulement par les “maudits”. Ainsi s’amorce une étrange course-poursuite (la Chose ne peut pas courir) déroulant magistralement la grammaire horrifique du slasher.
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Ne demandez pas pour qui sonne le glas
It Follows serait-il un récit d’apprentissage ? Beaucoup n’ont en tout cas pas hésité à le ranger dans la catégorie des coming out age movies. Et pour cause, le film gomme (presque) toute figure adulte afin d’isoler de jeunes insouciants, soudain arrachés à leur enfance ouatée en se retrouvant aux prises avec un péril qu’ils devront neutraliser par leurs propres moyens. Un péril qui symboliserait, par-delà le risque du VIH, la mort elle-même.
Comme tous les ados, quoique dans un registre particulièrement hard, les protagonistes découvrent presque simultanément les délices du sexe et l’horreur de la finitude. Leur lutte (que l’on suppose vaine, même si la fin du film est équivoque) pourrait être la métaphore d’un combat pour renouer avec un temps d’innocence où le trépas n’était qu’une abstraction.
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L’avis du réal
Interrogé à longueur d’interviews sur la signification de son film, David Robert Mitchell n’a jamais vraiment fait la lumière sur la question. “La seule chose que je peux dire – même si c’est irritant –, c’est que j’avais plusieurs choses en tête lorsque j’écrivais le film”, avait-il déclaré au Guardian en 2015.
Et parmi toutes ces choses, une primait, comme le cinéaste l’expliquait au site FirstShowing la même année. “It Follows est né d’un cauchemar récurrent que je faisais enfant, où j’étais poursuivi par une entité qui avançait lentement […] et quand elle m’attrapait, je m’imaginais qu’elle me tuait.”
Durant la même interview, le réalisateur a souligné qu’il n’y avait aucun sens précis à la Chose. “Le film est un cauchemar. Quand vous vivez un cauchemar vous n’essayez pas d’en expliquer la logique. Vous essayez d’y survivre.” Une assertion qu’approuverait à coup sûr un David Lynch, mais qui a laissé sur leur faim les plus curieux.
Force est de s’y résigner. Nous ne saurons sans doute jamais ce qui se cache derrière le “It” de It Follows. Point positif : chacun peut s’en donner à cœur joie pour interpréter, à sa sauce, ce bijou cinématographique d’effroi, de paranoïa – et de mystère.
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