Ah, le Paris d’Amélie. Un Montmartre pittoresque, des bistrots au charme kitsch, une esthétique d’après-guerre… Passez tout cela au shaker, et vous obtenez la Ville Lumière fantasmée par Jean-Pierre Jeunet dans ce qui demeure à ce jour son plus grand succès – et l’un des triomphes majeurs du cinéma français à l’international –, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain.
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Conte enchanté et fable radieuse, le 4e long métrage du réalisateur a récolté près de 174 millions de dollars au box-office, et raflé une multitude de récompenses, dont 4 Césars. Les raisons d’un tel succès ? La performance iconique d’Audrey Tautou, bien sûr. Les ressorts surréalistes du récit, évidemment. Mais aussi et surtout la présence d’une vedette phare : notre capitale, format carte postale.
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Pérégrination montmartroise
La discrète bienfaisance d’Amélie Poulain a un terrain de jeu : Paris. Ange gardienne improvisée, cette serveuse de 23 ans déambule, interfère, puis communique à qui le veut bien son goût immodéré des “choses simples”. Et chacune de ses mignonnes intrigues est prétexte à exhiber une capitale aux atours sublimés.
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La butte de Montmartre de 1997 – année où se déroule le film – n’est plus un nid touristique, mais un village champêtre dans lequel chacun s’appelle par son prénom. Les rames du métro des Abbesses sont désertes, le canal Saint-Martin où Amélie se plaît à faire des ricochets n’a jamais été aussi clean, et notre Sacré-Cœur national resplendit de mille feux.
Après la sortie du film en 2001, les lieux iconiques qu’elle visite (le square Louise-Michel, Notre-Dame, la foire du Trône…) ont été si associés à ses déambulations que de nombreux sites touristiques recensent tous les endroits qu’elle a foulés. Histoire de proposer aux fans un moyen de s’immerger dans l’univers féerique du Fabuleux Destin.
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La capitale, figée dans une boule à neige
Mais pourquoi avoir fait le pari de mettre un Paris éthéré dans le rôle-titre ? Après une escapade hollywoodienne (Alien, la résurrection, 1997), Jean-Pierre Jeunet avait à cœur de porter sur grand écran le Paris rêvé qu’il disait avoir découvert avec éblouissement en déménageant de sa Lorraine, à l’âge de 20 ans.
Pour les beaux yeux d’Amélie – et le régal du public –, le cinéaste a gommé toutes les imperfections de la capitale afin d’accoucher d’une ville dont les contours empruntent au cinéma du tandem Carné-Prévert, ainsi qu’aux photographies de Robert Doisneau. Jean-Pierre Jeunet s’est ainsi imposé, à son tour, comme l’un des artisans du fantasme qui auréole la capitale, aujourd’hui encore.
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Au royaume d’Amélie, il fait beau, il fait bon. Bye bye la grisaille coutumière. Pas de tags sur les murs, ni de ventes de cigarettes à la sauvette. Par un coup de baguette magique s’appuyant, entre autres choses, sur l’usage novateur d’un étalonnage aux teintes chaudes, Jean-Pierre Jeunet a fait de Paris une utopie.
Paris “trop moche” pour tourner une suite ?
La saillie avait tour à tour choqué, indigné, et stupéfait. De passage à Los Angeles en 2019, Jean-Pierre Jeunet avait accordé une interview au site américain Indiewire dans laquelle il avait expliqué qu’il n’offrirait pas de suite au Fabuleux Destin en qualifiant, au passage, Paris de “moche”.
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Il n’en fallait pas plus pour que de nombreux médias titrent en faisant le lien entre l’utilisation de cet adjectif, et la décision du réalisateur concernant un éventuel second volet – ou adaptation en série – des aventures d’Amélie. En réalité, Jean-Pierre Jeunet avait spécifié qu’il s’agissait d’une “mauvaise idée” car Audrey Tautou ne pourrait plus figurer au casting, que le budget mis à sa disposition ne serait pas à la hauteur du projet… Et que trop de chantiers étaient en cours à Paris, ce qui le rendait “moche désormais”.
Que les amoureux de la Ville Lumière se rassurent donc : non, celui qui a offert à Montmartre l’une de ses plus belles odes ne méprise pas la capitale. Autre bonne nouvelle, toujours auprès d’Indiewire, le cinéaste a déclaré qu’il écrivait actuellement un faux documentaire sur le tournage du Fabuleux Destin. Aucune information sur une éventuelle date de sortie n’a filtré depuis. Mais que Paris y soit à nouveau mis sous les feux de la rampe ou non, on a hâte, forcément.