Imagine notre Timothy tombe accro à la méthamphétamine… Mais attend, c’est le scénar’ de My Beautiful Boy !

Publié le par Antonin Gratien,

Un drame contemporain aussi porté un (impressionnant) Steve Carell en père-rescousse.

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Le décès par overdose de fentanyl est devenu la première cause de mortalité, chez les États-uniens de 18-45 ans. Ce, dans un contexte de “crise des opioïdes” qui, depuis les années 90, gangrène peu à peu l’Amérique. Rien qu’en 2022, ce fléau sanitaire aurait entraîné 130 000 morts.  Il suffit de faire un tour sur TikTok pour avoir une idée de l’ampleur du drame : à San Francisco, Chicago ou encore New York, les vidéos capturant des “quartiers zombies” (comprendre : pâtés de maison fréquentés par les addicts) sont légions. Glaçants, ces contenus donnent souvent à voir la même scène. Soit des dizaines de personnes demeurant prostrées sur le sol, ou adoptant des comportements… erratiques. Enjeu de santé publique (le taux de mort par overdose est estimé à 21 pour 100 000 Américains, selon vih.org), le déferlement des drogues dures est l’objet de toutes les inquiétudes.

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De ces préoccupations, Félix Van Groeningen a tiré la matière première d’un film paru en 2018, My Beautiful Boy. Ce, en s’inspirant d’un diptyque d’ouvrages autobiographiques croquant tout à la fois les affres d’un jeune en proie à l’addiction (Tweak : Growing Up on Methamphetamines, par Nic Sheff), et le combat acharné d’un père résolu à arracher ce même ado aux griffes de la drogue (Beautiful Boy : A Father’s Journey Through His Son’s Addiction, de David Sheff). Deux livres pour dire un même espoir : s’arracher, enfin, à la spirale de la dépendance. Focus.

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Tremblements, overdose… L’enfer de la “meth”

Sur papier, l’apollinien Nic (Timothée Chalamet) a tout pour réussir. Une passion prometteuse pour la littérature, une situation financière. Et le soutien d’un père, David (Steve Carell), qui a le bon goût d’être un célèbre journaliste, et dont le plus grand rêve tient en ceci : offrir l’opportunité à son fils de poursuivre, à son tour, ses rêves d’écriture. L’a-t-on précisé ? Le fiston est d’une beauté sidérante, ce qui ne gâche rien, évidemment. Seulement voilà, Nic a un problème. 

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Le récit de Félix Van Groeningen est sciemment décousu (flashback, ellipse, désordre chronologique pour dire le trouble…), mais nous en aurons vite la certitude : l’ado est tombé dans la drogue. Plus précisément la métamphétamine (“crystal meth” dans le jargon). Une substance hautement addictive,  synthétisée à partir d’un décongestionnant nasal en vente libre, qui est capable d’endommager définitivement certaines terminaisons nerveuses, et dont le sevrage relève du parcours du combattant. Mais Nic, épaulé par son père, tente le coup en centre de désintox, déjà. Une fois, deux fois puis… on perd le fil, tragiquement.

Tourné dans une Californie baignée de la “plus belle lumière du monde”, et sur fond de Nirvana, Massive Attack et tout ce qui se fait de plus savoureux en matière de rock indé des nineties, le film retrace deux vies dont les fractures sont rythmées par la rechute. Avec, d’un côté, un Chalamet tout en nervosité fébrile, qui évolue en funambule sur la corde raide : retombera, retombera pas ?

Puis de l’autre, Steve Carell en père-courage, prêt à tout pour comprendre les mécanismes de l’addiction. Un homme investi jusqu’au coup, et hanté par une seule question : “Comment puis-je aider ?”. Problème : la magie de la relation père-fils est, année après année, réduite en peau de chagrin. La faute à l’intrusion répétée de l’addiction, qui sème le doute. L’incompréhension enfle, les reproches aussi. Bientôt, c’est la confiance elle-même qui se fêle. La séquence la plus poignante du film est peut-être celle où, face à une énième sortie de route de son fils, David se résigne à l’impuissance. Avant de prendre les armes, à nouveau.

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