Comme un parfum de révolte, sur la plateforme SVOD d’Amazon. C’est que Drone Games y fait une entrée fracassante, toute de course-poursuite, d’amours enfiévrés et de trips sous acide. Avec ce nouveau long-métrage, Olivier Abbou (Les Papillons noirs) brosse le portrait d’une jeunesse en flammes. Une jeunesse qui dit “non” aux systèmes qui l’oppressent, aux autorités qui la camisolent.
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La méthode de cette génération sacrifiée, pour s’ériger contre ces brûlantes injustices ? Embrasser d’un grand élan une délinquance d’un genre nouveau. Celle du banditisme téléguidé, où les pilotes numériques sont des criminels, et les drones des armes. Bienvenue dans l’insurrection 2.0.
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“Ceci est un braquage ! “
Cet été, comme tous les étés, Tom s’ennuie ferme. Tandis que d’autres s’empressent de parcourir le monde, cet adolescent mutique vit trop à l’étroit, coincé entre une mère dépressive, métamorphosée par ces “putains de médicaments”, et un père abusif avec qui il travaille en larbin, comme caissier de sa boutique.
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Alors, pour tromper l’ennui et fuir la violence du foyer, Tom s’envole, à la faveur de la nuit, grâce à des drones qu’il pimpe lui-même, façon apprenti sorcier de la tech’. Ces escapades nocturnes lui valent de temps à autre les remontrances de la police locale – après tout, l’usage de ces appareils est strictement interdit dans les villes hexagonales. Mais rien de bien méchant : Tom est un garçon sans histoire.
Enfin ça, c’est jusqu’à ce qu’il fasse la rencontre d’un quatuor de jeunes pas comme les autres. Des têtes brûlées passionnées de pilotage, comme lui, mais qui utilisent à l’occasion leurs drones pour… Braquer de grandes enseignes. Ce, au nom des valeurs anti-systèmes prônées par l’inquiétant Joaquim, sorte de “gourou” de cette bande de marginaux. Des profils au passé trouble, bien décidés à mener leurs existences contre les vents contraires du pouvoir établi – et jusqu’au péril de leur vie ?
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La rébellion de toute une génération
Tissé comme un récit initiatique aux notes psychédéliques (la bande-son imbibée de sonorités psytrance, les couleurs saturées…) Drone Games dépeint l’intégration progressive de Tom auprès de ces libertaires qui naviguent de villes en villes à bord d’un van, et au gré des désirs. Grâce à eux, celui qui était jusque-là englué dans un quotidien aussi terne qu’une porte de taule découvre l’urgence de vivre. En Alice découvrant le pays des merveilles, Tom s’embarque avec une gourmandise de gosse dans un univers interlope. Sorte “d’autre côté” du miroir aux délices insoupçonnés.
Raves parties électrisées par une techno qui tabasse, compétitions de drones filmées façon courses-poursuites automobiles d’action movies… Sans oublier les émois sensuels (mais qui aime qui, dans cette étrange “famille” de laissés pour compte ?), ni le frisson d’une délinquance à la brutalité allant crescendo.
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“On est un peu comme des papillons. Quand on voit du feu on tourne autour, quand on se brûle les ailes on va ailleurs”, image l’une des compagnonnes de Tom. Un crédo d’outcast, porté par une “relève” qui, face à la crise climatique et à l’emprise d’un système financier occupé à “engranger des millions” tout en “détruisant le petit commerce”, fait sien le bon vieux “no future” punk. .
Puisque tout part à vau-l’eau dans l’indifférence générale, pourquoi ne pas foutre le feu ? Au moins, on aura vécu. “Je suis comme un oiseau, et je ne veux pas voir le ciel à travers les barreaux d’une prison”, explique Tom au moment de saisir la portée d’un terme qui, longtemps, lui avait paru lointain, abstrait : émancipation.
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