Une motte de foin qui s’envole au gré du vent, quelques panoramas désertiques, de la pétarade old school… Pas de doute, nous voilà en plein western. Pour s’arracher un peu à l’ambiance hivernale, on est allé s’aventurer sur les terres hostiles de ce registre mythologique grâce à Prime Video, qui héberge actuellement plusieurs titres-phares du répertoire. Voici notre tour d’horizon, avec un passage à la loupe des œuvres qui, décennie après décennie, et du spaghetti de Leone à la réinterprétation pop signée Tarantino, ont revisité les codes d’un genre qui n’est pas prêt de passer l’arme à gauche. Suivez le guide !
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1. L’Odyssée de La Rivière Rouge
Grâce à La Chevauchée Fantastique de John Ford paru en 1939, le western a acquis ses lettres de noblesse ; il n’est plus condamné à la série B, mais s’impose comme le registre du ciné’ américain. Une ascension qui atteint son zénith au crépuscule des 40’s. C’est précisément à cette période que La Rivière Rouge (1949) débarque sur les écrans US avec, à l’affiche l’icône même du western : John Wayne. Dans cette fresque de noir et blanc composée en diptyque temporel, l’acteur campe un éleveur inflexible, décidé à engager son bétail (de 10 000 bêtes, notons) dans une folle expédition, du Texas vers le Missouri, pour le vendre au plus offrant après la Guerre de Sécession. Emblématique de l’époque “manichéenne” des débuts du western, le film présente les Indiens comme des “méchants”, et une galerie de personnage aux profils plus symboliques que complexes. Un classique.
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2. Le tournant spaghetti : Et pour quelques dollars de plus
Après une période dite “classique” du western en perte de vitesse dans les sixties, les réalisateurs américains filent le relai à leurs homologues italiens. Avec, en tête de file, un certain Sergio Leone, qui donnera son nouveau souffle au genre grâce à une réinterprétation plus nuancée, moins moraliste, des codes du registre. La preuve avec l’illustre Et pour quelques dollars de plus (1965), deuxième volet de la trilogie du dollar, où les “héros” ne sont autre que… Des chasseurs de prime sans foi ni loi, lancés à la poursuite d’un criminel psychopathe. Référence du genre spaghetti, le film est porté à l’image par le duo Clint Eastwood-Lee Van Cleef (qu’on retrouvera avec gourmandise dans Le Bon, La Brute et le Truand) et, à la bande-son, par l’inégalé Ennio Morricone. Eh ouais. Que des numéros 10, dans la team Leone.
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3. Mon nom est personne : l’adieu au western…
Aussi intense soit-elle, la hype autour du “phénomène” spaghetti dégringole fin 60’s. Notamment à cause de productions telles que On l’appelle Trinita (1970), où les codes du genre sont tournés en ridicule. Grosso modo, les affrontements épiques avec gros plan sur le regard & Co cèdent la place à… Des farces. Mais pas question pour Leone de se laisser caricaturer aussi facilement ; en riposte à ce qu’il considère être une perversion goguenarde du registre auquel il a donné naissance, le réalisateur orchestre (de loin ? de près ? le débat perdure) Mon nom est personne. Une fresque crépusculaire, où un Terence Hill en pistolero gouailleur donne la réplique à l’immense Henry Fonda qui, lui, enfile les bottes d’un as de la gâchette légendaire, sur le point de prendre sa retraite. Humoristique sans être parodique, ce film doux-amer, ancré dans la fin de la Conquête de l’Ouest, se déploie comme une métaphore : avec le départ héroïque d’Henry Fonda des terres arides d’Amérique, serait-ce le westernlui-même qui tire sa révérence ?
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4. … Jusqu’à ce que “l’anti-western” de Missouri Breaks déboule
L’aurions-nous enterré trop vite ? Cinq ans seulement après la sortie de Mon nom est personne déboule un “faux” avatar du western – ou plutôt l’antithèse du genre. Il s’agit du Missouri Breaks (1976) d’Arthur Penn, une curieuse variation où la question de l’honneur si chère à l’âge d’or du registre n’a vraiment, vraiment, plus cours. Rappelons déjà qu’au casting, deux monstres sacrés du ciné US s’illustrent : Jack Nickholson, et Marlon Brando. Le premier est une tête brulée un peu pouilleuse, qui pilote une équipe tout aussi pouilleuse de voleurs de bétail. Quant au second, c’est un tueur à gages légèrement sociopathe, engagé par un riche propriétaire pour, précisément, régler leur compte auxdits pouilleux, qui lorgnent décidément d’un peu trop près vers le troupeau de l’éleveur. Le film donne naturellement lieu à plusieurs face-à-face culte entre les deux titans de l’écran, en outlaw qui jouent de surenchères en matière de brutalité – voire de perversion. Bref, si vous cherchez la classe d’un Clint Eastwood, le panache épique des John Wayne d’antan, ou la glorification morale de la vie de cow boy, circulez, y’a rien à voir. Par contre, si vous êtes à la recherche d’un film demeuré dans la mémoire commune pour avoir ébouriffé le genre – un rien poussiéreux, il faut l’admettre – du western, alors là…
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5. Volte-face pop’ avec Django
Après avoir revisité à sa sauce les film de cascade à bagnoles (Boulevard de la mort), de samouraï (Kill Bill) et de la Blaxploitation (Jackie Brown), il fallait d’évidence que Tarantino, en bon féru de ciné’ qu’il est, s’attaque au western. Avec Django (2012), c’est chose faite – et dans les règles de l’art tarantinesque, s’il vous plaît. Replonger dans ce registre est l’occasion, pour le réalisateur, de brosser une uchronie vengeresse où un ancien esclave, Django, cherche à arracher sa femme des griffes d’un propriétaire véreux. Sans surprise, le cinéaste opère un lifting pop au western, à grands coups de punchlines corrosives et de scènes à la violence quasi cartoonesque. On est là pour se faire plaisir, clairement – pas question de s’en cacher. La plus belle manière de rendre hommage à l’un des genres pionniers du cinéma US ? Et pourquoi pas !
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