Publicité
Superman : parangon de vertu, et outil de propagande
Publicité
Watchmen : les justiciers passent du côté obscur
Avec la désillusion des 70’s aux États-Unis (guerre du Vietnam, Watergate…), les justiciers deviennent méfiants envers leurs dirigeants. À l’instar de Captain America, qui découvre dans son numéro #180 que Richard Nixon a été remplacé par un double maléfique. Mais, quoiqu’ils soient de moins en moins soumis aux politiques, nos héros n’en conservent pas moins une rectitude morale irréprochable.
La donne change notamment avec Watchmen. Son contenu est sanglant, parfois sensuel, souvent trash. Et, à l’instar du chevalier noir de Frank Miller dans la minisérie Batman : The Dark Knight Returns (1986), les super-héros de cette BD ne sont plus si super-héroïques que ça. Ceux qui étaient autrefois l’étendard des libertés vieillissent, cèdent aux corruptions, s’engouffrent dans le vice.
Déchus, ils errent dans un monde aussi sombre qu’eux. Une uchronie anxiogène, polarisée par la crainte qu’une troisième guerre mondiale n’éclate. Dans cette atmosphère déjà bien tendue, le Comédien est mystérieusement assassiné. Détail d’importance : ce héros appartenait autrefois aux Gardiens, un groupe de justiciers dont il ne reste rien. Ou presque.
Et pour cause, la férocité de ses membres avait valu à l’organisation l’opprobre des citoyens, ainsi que d’être renvoyée au vestiaire par le président Nixon. Mais l’un de ces justiciers aux méthodes douteuses, Rorschach, continue de combattre le crime en paria. Averti de l’homicide de son ancien compère, il décide d’enquêter et reprend contact avec d’autres anciens super-héros pour résoudre ce crime.
Publicité
Une adaptation difficile
Nombreux sont les cinéastes à avoir voulu porter sur grand écran la quête des Watchmen. Suite à l’avortement de projets portés par Terry Gilliam (Brazil), Darren Aronofsky (Requiem for a Dream) et Paul Greengrass (saga Jason Bourne), cette adaptation est devenue, en quelques décennies, l’un des plus fameux serpents d’eau de mer d’Hollywood.
En 2009 c’est finalement Zack Snyder, à l’époque connu pour avoir réalisé 300, qui fait aboutir la transposition en prises de vues réelles des vignettes d’Alan Moore. Le résultat est à l’image de la BD. Déroutant, pour tout amateur d’univers super-héroïque traditionnel.
De par sa complexité narrative (flash-back, emboîtements des récits…) comme par son ambiguïté morale. Largement salué pour sa fidélité au cynisme du comics, le film demeure une référence en matière de déconstruction du mythe des vengeurs immaculés.
À noter que, depuis 2019, Prime Video accueille un nouvel incontournable du genre : The Boys. Adaptée du comics éponyme écrit par Garth Ennis, cette série américaine est le théâtre de crimes abjects perpétrés par nul autre que des “justiciers” du type vicelard, mais alors très, très, vicelard. Thanos fait figure de petit joueur à côté, pour vous dire.
Et que les enthousiastes du show se réjouissent, une troisième saison est déjà programmée. Autant dire que la réputation des super-héros n’a pas fini d’être écornée. Oui Butcher, tu vas pouvoir t’en donner à cœur joie.