Clowns et Cinéma : pourquoi tant de frayeurs ?

Publié le par Antonin Gratien,

Il y a eu les charmants rigolos de Charlie Chaplin puis… "Ça" a débarqué.

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Elle est connue de tous, cette figure souvent maquillée de blanc, parfois affublée de costumes baroques. Et toujours censée nous faire rire. On pèse bien le terme “censée”. Car si le “pitre” contemporain du cirque, avec ses farces, ses gags et ses excentricités a bien vocation à faire germer les sourires (des petits comme des grands, s’il vous plaît), dans nos quotidiens comme dans la culture pop le clown est plutôt associé à… l’angoisse.

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Besoin d’une preuve ? Faites comme nous, pitonnez “clown” sur Google image et vous verrez par vous-même que la moitié des résultats ont de quoi flanquer la chair de poule à une porte de prison. La crainte de la figure du clown est devenue si répandue qu’on a carrément inventé un mot pour la désigner : la coulrophobie. Mais comment a-t-on pu en arriver là ? Spoiler : le cinéma moderne pourrait bien avoir une (grande) part de responsabilité. Remontons la bobine.

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À l’origine était le monde équestre

Héritier de figures grotesques liées au monde du spectacle, des railleurs publics antiques au fameux “bouffons” du roi en passant par la commedia dell’arte, le “clown” dans son acception moderne apparaît du côté de l’Angleterre du XVIIIe siècle. À l’époque, ce personnage nouveau permet aux directeurs de cirques équestres d’enrichir leur programme en proposant des interludes où des garçons de ferme, incapables de monter à cheval, font marrer les foules. Leur arme ? Des accoutrements rustres, et plusieurs parodies des “vrais” numéros ponctuées de gamelles en tous genres.

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Ce “proto-clown” évolue au fil des décennies, jusqu’à donner naissance à deux entités. D’une part le “clown blanc”, reconnaissable à son costume (blanc, donc), ainsi que son attitude rigide et autoritaire. Ce personnage pas boute-en-train pour un sou fonctionne en duo avec “l’Auguste” dit aussi “clown rouge”, dont certains datent l’entrée en piste autour de 1870. Il arbore un nez rouge, une perruque grotesque, des chaussures disproportionnées et, en gros, passe le plus clair de son temps à déstabiliser – malgré sa bonne volonté – les entreprises de son partenaire, ce bon vieux clown blanc.

Un crime sordide défigure (à jamais ?) le clown

Sans surprise, ce tandem de choc a largement été repris dans le monde audiovisuel. Entre une pléthore d’exemples, on peut par exemple citer le clown blanc apparaissant dans Le Cirque de Charlie Chaplin ou encore Bozo Le Clown, un Auguste vedette des premiers shows télé, dans les 60’s aux États-Unis. Jusqu’ici, tout va bien (comme dirait l’autre). C’est en 1978 que l’image du clown est entachée. Peut-être bien à jamais.

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La raison ? Cette année-là, la police de Chicago arrête John Wayne Gacy, un des plus tristement célèbres tueurs en série américains. Il aurait torturé et violé plusieurs dizaines de jeunes hommes, et, au tribunal, finit inculpé de 33 homicides. Mais le meurtrier est également connu pour avoir cultivé l’habitude de distraire les enfants malades d’un hôpital de l’Illinois sous le nom (et le costume) de… “Pogo le clown”. C’est fait. Dans l’inconscient collectif, le clown est lié à l’horreur.

De fait, “Pogo” a directement inspiré l’infâme Grippe-Sou de Stephen King, dans Ça. Une œuvre mettant en scène un alien se travestissant en clown pour séduire puis dévorer des enfants. Publié en 1986, le best-seller est adapté au cinéma quatre ans plus tard et offre un visage à ce qui est bien souvent considéré comme la plus effrayante créature de la culture pop.

“Hahaha”… Le nouveau visage de la terreur

Dans la même foulée paraît en salle Les Clowns tueurs venus d’ailleurs (1988). Et ce n’est que le début. Très vite, la figure du clown comme levier d’angoisse devient un raz-de-marée sur nos écrans. Que ce soit du côté d’American Horreur Story : Hotel (Twisty), de la saga Saw (l’effroyable poupée de Jigsaw) ou, tout simplement, du Joker de l’univers DC. Avec toute cette panoplie de “clowns-abominations”, on comprend pourquoi plusieurs plaisantins effrayant les passants déguisés en Augustes, dans le courant des années 2010, avaient défrayé la chronique et suscité une véritable psychose populaire.

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Lorsqu’ils sont interrogés sur le sujet de la coulrophobie, les experts évoquent plusieurs origines possibles. Une peur liée à l’impossibilité de décrypter les traits du visage, la préexistence d’un trauma mais aussi et surtout, sans grande surprise, l’impact de l’imagerie “monstruo-clownesque” dans laquelle nous baignons désormais.

Mauvaise nouvelle pour nos amis pitres : ce n’est pas près de s’arrêter. Joker 2, avec, toujours, Joaquin Phoenix dans le rôle-titre et Todd Philips à la caméra, devrait sortir en salles d’ici 2024. Tandis que le second volet de The Batman pourrait bien, lui aussi, faire surgir à l’écran le terrible “Jack the White”. Coulrophobes, gare.

Quant à nos clowns de cirque comique, espérons que leur profession ne sera pas trop impactée par ces nouvelles sorties. Pour rappel, en 2017, suite à la sortie du remake de Ça, certains d’entre eux avaient accusé Stephen King de les mettre sur la paille, en ayant associé leur profession à l’angoisse. Alors disons-le une bonne fois : NON, les clowns ne sont pas (tous) méchants.

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