Breaking news : ce qu’on a appris sur la plus badass des peintres avec le docu Frida

Publié le par Antonin Gratien,

Vous saviez que l'artiste serial-dateuse (et fervente communiste) avait largué sans pitié Trostki, le père de la révolution "rouge" russe ? Nous, non.

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Elle est une icône féministe, une muse de mode et un symbole de l’engagement politique, en plus d’avoir le statut de peintre de génie. C’est dire si Frida Kahlo a plusieurs cordes à son arc. Clairement, on est sur une power girl à la classe interstellaire. Tout à la fois figure tragique marquée par les coups du sort et symbole d’émancipation inoxydable – boom.

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Mais derrière le “symbole pop” Kahlo qui se décline allègrement, de nos jours, à travers des tatouages, du street art et du merchandising plus ou moins douteux, quel est le parcours de notre peintre, devenue célèbre grâce à ses douloureux auto-portraits, et dont tant d’artistes contemporains se réclament les héritiers ? C’est à cette – épineuse – question que s’attelle le bien-nommé Frida. Un documentaire haut en couleur (forcément) qui fait s’entrelacer les mots du journal de l’artiste, tenu de son vivant, avec de précieuses images et entretiens d’archives.

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Aussi, et peut-être surtout : ce qui fait l’originalité du long-métrage, c’est le choix d’une technique d’animation qui, tout au long du film, fait s’animer les toiles les plus emblématiques del señora Kahlo. Une claque visuelle ultra lyrique, qui retrace avec fidélité les drames, victoires et joies d’une créatrice au parcours cabossé. Retour sur les infos clés qu’on a retenu de cette existence toute entière tournée vers l’art. En cinq point, s’il vous plaît.

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1. Anticonformiste dès les premiers pas, Frida envoie paître les prêtres et s’habille en keum

La discipline, très peu pour Frida. Et ce, dès l’enfance. Notre chiquita grandi auprès d’un père photographe (et peintre à ses heures perdues, tiens, tiens…) et d’une mère “obsédée par la religion” (chrétienne). Des prêtres sont carrément invités dans la baraque familiale pour faire la messe à domicile. L’ambiance est pieuse mais Frida, elle, doit “se retenir de ne pas rire”. C’est que les “mystères de la Bible” et compagnie, ça la fait doucement sourire. Ça l’interroge, aussi. De sorte qu’elle n’arrête pas “d’embêter” les monsieurs en toge avec ses questions – ce qui a tôt fait de les saouler au premier degré. Au point de les inciter à… virer la bambina desdites messes. Motif ? Perturbations répétées. À noter quand même que cette même petite fille, une fois devenue artiste, puisera copieusement dans l’iconographie biblique pour illustrer sa propre vision de la spiritualité. Preuve qu’elle était pas tout à fait sourde aux paroles ecclésiastiques, sans doute.

Mais bref. Revenons-en aux problèmes de “conduite” de notre Frida. Avant d’être peintre, la chica caresse le rêve de devenir médecin, et poursuit des études dédiées. Sur place, c’est peu dire qu’elle détonne. Bien décidée à n’en faire qu’à sa tête, Frida choque en s’habillant comme un homme, et traîne avec des types un rien trublions, qui enchaînent les 400 coups. Dangereux ? Peut-être, mais Frida a soif de vivre.

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2. Accident de la route, pneumonie, amputation… Une vie de douleur

Le sort n’a pas épargné Frida. Depuis l’âge de 6 ans, elle souffre d’une poliomyélité (aussi appelé “paralysie spirale infantile”) qui l’empêche d’avoir la taille qu’elle aurait dû atteindre. Des années plus tard – en 1925, pour être précis – celle qui se faisait surnommée « Frida la coja » (Frida la boiteuse) par ses camarades de classe se balade dans Mexico avec son amant, Alejandro. Le couple monte dans un bus, percuté de plein fouet par un tramway. Frida, qui a alors tout juste 18 ans, est empalée par une barre de fer. “Une rampe m’a transpercée comme l’épée transperce le taureau“, se remémore-t-elle. Le bassin, les côtés, la colonne vertébrale – tout est brisé.

Elle qui ne faisait que courir les rues se trouve grabataire durant de longs mois. Alors, pour s’occuper, elle peint encore, et encore. Une passion est née. Frida sort de l’hôpital avec un syndrome d’Asherman qui perturbe le fonctionnement de sonutérus et sera la cause, notamment, de la fausse couche de l’enfant conçu auprès du partenaire de sa vie : le célèbre artiste mural mexicain, Diego Rivera. Le trauma de cette perte – ainsi que celui de son accident – fera l’objet de nombreux tableaux.  Contrainte de restée alitée, puis de porter des corsets en fer, sur le tard de sa vie, Frida sera amputée de la jambe à cause d’une gangrène. Affaiblie par une pneumonie, elle s’éteindra une nuit de juillet 1953, au terme d’une existence marquée du sceau de la douleur.

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3. Frida la conquistador des cœurs fait flancher Léon Trotski, avant de tej’ “ce vieillard” comme un malpropre

C’est un aspect relativement méconnu de sa vie, mais Frida Kahlo était une vraie serial loveuse. Ouvertement bi-sexuelle, et longtemps engagée dans une relation “non-exclusive”, comme on dirait de nos jours, avec son mari, el señor Rivera, l’artiste enchaîne les histoires comme d’autres engloutissent leurs bonbons. Parmi sa liste de targets, on compte beaucoup d’artistes mais aussi – et c’est certainement plus surprenant – l’un des plus grands hommes politique de son temps : Léon Trotski. Soit la cheville ouvrière, aux côtés d’un certain Lénine, de la révolution communiste de 1917, en Russie. En exil afin de fuir les tristement célèbres “procès de Moscou” orchestrés en 1936 par Staline pour liquider ses rivaux, Troski débarque la même année dans le seul pays prêt à lui ouvrir les bras : le Mexique. Et ce n’est autre que Frida Kahlo qui l’accueuille, sur le quai. Surprenant ? Pas tant que ça. L’artiste se plaît à rappeler l’anecdote : “dès que j’ai été autorisée à remarcher après mon accident (de bus), la première chose que j’ai fait, c’est rejoindre le parti communiste”.

D’autre part, elle est, au moment de l’arrivée du révolutionnaire, la compagne de Diego Rivera. Soit l’une des figures majeures de “l’art socialiste”. Donc voilà. Ce petit monde s’entend si bien que Troski et sa femme emménagent carrément chez le couple de peintres. Débute alors une liaison plus ou moins clandestine, qui conduira Frida, alors haute de ses 29 ans, à lui dédié un tableau avant que celle-ci… Ne lourde celui qu’elle surnomme “le vieillard” comme un malpropre. La légende veut que Troski ai été si déboussolé par la nouvelle qu’il lui aurai envoyé des pages et des pages de déclarations enflammées. Comme quoi il ne pouvait pas vivre sans elle, etc. Curieux diront certains, de la part d’un acteurs majeurs d’une des plus grandes révolutions de l’Histoire. Mais qui sommes nous pour juger un chagrin amoureux ?

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4. La vraie-fausse surréaliste, et ce “fils de pute lunatique” d’André Breton

Un an après Troski, rebelote. Le couple Kahlo-Rivera est à nouveau chargé de faire bon accueil à des étrangers, et cette fois il s’agit du poète André Breton, venu aux bras de sa femme pour prononcer une série de conférences au Mexique. D’emblée, le théoricien du surréalisme voit en Frida une consœur dont il dira que l’art est “un ruban autour d’une bombe”. Jolie formule, même si l’intéressée est très vite saoulée par ce verbeux de Breton. N’empêche que c’est un bon contact. Par son intermédiaire, elle est mise en relation avec de nombreuses galeries affiliées au mouvement surréaliste. Ainsi, en 1938 elle bénéficie de sa toute première exposition, dans la galerie new-yorkaise Levy, alors renommée pour défendre les mouvements d’avant-garde. Emballé, Breton l’accueille ensuite à Paris, lui fait rencontrer le fin gratin du monde culturel d’alors, et montre ses toiles dans le cadre d’une grande exposition sur le Mexique. Sauf que rien ne va. Frida n’aime pas Paris, et l’expo la gave. Conclusion ? Avec son franc parler coutumier, elle confie avoir le sentiment d’être “envahie par cette bande de fils de putes lunatiques que sont les surréalistes”. En rage, Frida engage une liaison avec la partenaire de Breton, avant de s’en retourner à son Mexique chéri. L’aventure surréaliste est fi-ni-to.

5. La toute première expo de Frida au Mexique a eu lieu… un an avant sa mort

Eh oui. Ça peut paraître délirant à l’œil du contemporain, mais de son vivant Frida Kahlo n’était pas l’ultime icône du Mexique qu’elle est aujourd’hui. De fait, elle aura longtemps souffert de vivre dans l’ombre de son mari, à qui il incombait la réalisation de tâches pharaoniques, commandées par de prestigieuses institutions. En 1943, elle devient professeure de peinture à l’Académie des Beaux-Arts du Mexique, mais n’a toujours pas bénéficié d’exposition dans son pays natal. Un faux-pas auquel la photographe Lola Álvarez Bravo se fera un devoir de remédier, en chapeautant une première monographie au Mexique. Nous sommes en 1953. Frida Kahlo est fragilisée par une multitude de problèmes de santé, ses médecins lui interdisent formellement de se déplacer – mais qui peut faire obstacle à la volonté de Frida ? Personne. La preuve, c’est dans un lit à baldaquin transporté via une ambulance qu’elle débarque, en majesté, à son exposition. Elle s’éteindra quelques mois plus tard, en laissant derrière elle un héritage anti-conformiste, esthétique et féministe dont se réclament des générations entières.