Il est l’un des éternels visages du combat contre l’apartheid. Nelson Mandela, élu président de l’Afrique du Sud en 1994 suite aux premières élections nationales non ségrégationnistes du pays, a suivi un parcours hors norme. Entre activisme de rue, lutte armée clandestine et vie derrière les barreaux.
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Une trajectoire aux contours héroïques portée sur grand écran, notamment, à travers Mandela : Un long chemin vers la liberté, présenté à Londres lors d’une première mondiale… le soir même du décès de l’homme d’État, le 5 décembre 2013. Retour sur ce saisissant biopic en six étapes clés.
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1. Au début était un cabinet d’avocat
Après une séquence d’intro rappelant les origines tribales de Nelson Mandela – descendant d’une famille royale de l’ethnie Xhosa –, on aperçoit celui dont on apprend qu’il était surnommé “fauteur de troubles” par son père se hâter, une fois adulte, dans les rues de Johannesburg. Direction un meeting ? Pas encore. La chose est peu connue, mais, avant d’être une figure politique, Nelson Mandela plaidait aux tribunaux de la métropole. Avec son compère Oliver Tambo, ils sont même les premiers Noirs à avoir exercé dans cette ville. En proposant, entre autres, des conseils juridiques à bas coût pour les Noirs incapables de régler les tarifs habituels.
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2. Le choc du “massacre de Sharpeville”
Membre depuis 1943 du Congrès national africain (ANC) en faveur de la lutte pour l’égalité raciale, Nelson Mandela gravit peu à peu les échelons en prônant, toujours, l’approche pacifique. Mais le 21 mars 1960, à Sharpeville (township de Vereeniging), durant une manifestation organisée par le Congrès contre l’obligation du port d’un passeport intérieur pour les hommes noirs, la police locale fait feu sur une foule de cinq mille manifestants. On dénombre entre 50 et 100 décès. Le gouvernement déclare alors l’État d’urgence et, pour juguler les protestations, interdit l’ANC. En réaction, Nelson Mandela abandonne la stratégie pacifiste et fonde une section clandestine armée du Congrès, dont il chapeaute l’entraînement paramilitaire.
3. Le faux chauffeur
Après plusieurs mois passés à mettre sur pied des opérations de sabotage visant des lieux symboliques tels que les bureaux de poste, les locaux gouvernementaux ou les cours de justice pour “natifs”, Nelson Mandela est arrêté le 5 août 1962 à Cedara, près de Durban. Au moment de l’intervention, celui qui était considéré comme un “terroriste” par le gouvernement avait choisi comme couverture le rôle… d’un chauffeur de voiture.
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4. La peine de mort, frôlée
Nelson Mandela cumule les chefs d’inculpation. L’État l’accuse d’avoir organisé une grève illégale, d’être de mèche avec le parti communiste (nous sommes en pleine guerre froide…) et, surtout, d’ourdir un complot d’envergure avec l’étranger en vue de renverser le gouvernement. Le procès dit “de Rivonia” impliquant Nelson Mandela et d’autres membres de la branche militaire de l’ANC s’ouvre le 9 octobre 1963. Au terme d’audiences à la portée hautement symbolique, le futur président de l’Afrique du Sud échappe de peu à la peine de mort dont lui et ses camarades sont passibles. Mais il est condamné à la prison à perpétuité.
5. L’île dont on ne ressort jamais ?
“Vous n’êtes plus à Johannesburg. Vous n’êtes plus à Pretoria. Vous êtes sur l’île, et jamais vous n’en repartirez”, prévient, dans le film, le directeur de la prison de Robben Island à l’arrivée de Nelson Mandela et ses ex-frères d’armes eux aussi condamnés. Sur place, le défenseur des droits civiques enchaîne les travaux forcés tandis que sa seconde femme, Winnie Mandela, poursuit le combat dans les townships d’Afrique du Sud en coordonnant la lutte armée. Pour cet engagement très justement souligné à l’écran, elle sera surveillée, harcelée, incarcérée et torturée.
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6. Au terme du voyage : la présidence
Alors que la communauté internationale s’élève de plus en plus face à l’apartheid, déclaré “crime contre l’humanité” le 6 décembre 1971 par l’ONU, et qu’éclatent des contestations sévèrement réprimées sur le sol sud-africain, plusieurs négociations s’engagent en faveur de la libération de Nelson Mandela. Grosso modo, en échange de sa remise en liberté, on attend de lui qu’il incite la population noire au calme – ce qu’il refuse, systématiquement. Face à ses interlocuteurs gouvernementaux, Mandela martèle l’exigence première de l’ANC : un homme, une voix. Des élections au suffrage universel interracial, donc.
Le 2 février 1990, le président sud-africain Frederik Willem de Klerk lève l’interdiction de l’ANC et libère sans condition Nelson Mandela, après 27 années d’incarcération. Il est âgé de 72 ans. Devenu homme politique incontournable, Nelson Mandela, à travers l’ANC (transformé en parti politique légal), pousse peu à peu à l’abrogation de toutes les lois d’apartheid. Et obtient finalement le lancement des premières élections multiraciales en 1994.
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Elles sont remportées à 62,6 % des voix par l’ANC, et propulsent Nelson Mandela au poste de président de l’Afrique du Sud. Un mandat qui prendra fin en 1999, et durant lequel il se sera efforcé de jeter les fondements économiques, sociaux et idéologiques de la fameuse “nation arc-en-ciel”. Un rêve égalitaire auquel les dernières paroles du film, prononcées en voix off par le personnage de Nelson Mandela, font écho :
“J’ai parcouru un long chemin et ce n’est pas encore fini. Je sais que mon pays n’a pas été voué à la haine. Personne n’est né en haïssant son prochain à cause de la couleur de sa peau. Les gens apprennent à haïr. On peut leur apprendre à aimer. Car l’amour vient plus naturellement au cœur de l’homme.”