L’autre matin, je suis dans le métro, écharpe autour du cou, bonnet sur la tête, écouteurs dans les oreilles et livre entre les mains car j’aime entretenir les désirs inavoués des personnes sapiosexuelles. À une station, un collègue entre dans le wagon et se pose non loin de moi. Je le vois, il ne me voit pas. Souhaitant rester tranquille, je fais le choix de poursuivre ma lecture. Hélas, lorsque je sors de la rame, il me tombe dessus, et nous voilà à discuter pendant cinq minutes. Cinq minutes, c’est long. Trop long. Alors j’écris cet article pour pousser un coup de gueule.
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Si on n’est pas au bureau, ne me parlez pas
Le concept est simple : si on est juste collègues et qu’aucun lien d’amitié n’est forgé entre nous, je ne désire pas taper la discut’ avec vous hors du bureau. D’une part, nous n’avons rien à nous dire d’intéressant en cinq minutes, et d’autre part, je n’ai pas envie de parler. Attention, ne pensez pas que je ne suis pas réveillé. Je suis bel et bien éveillé et mes cinq sens sont au paroxysme de leur puissance. C’est juste que je suis dans ma bulle et que j’en sortirai une fois installé à un bureau.
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Dites-vous qu’en m’adressant la parole, vous m’obligez à : couper ma lecture/enlever mes écouteurs/sortir ma bouche du cocon qu’est mon écharpe/formuler une phrase à la grammaire correcte. Comme dirait le mème du célèbre youtubeur Mister V : ça fait beaucoup là, non ? De plus, dites-vous que si vous m’obligez à subir votre présence, vous vous confrontez à : une piètre discussion (je fais zéro effort)/une colère latente (je me plaindrai à mes amis)/un ippon (j’ai fait un an de judo). À vos risques et périls, donc.
Vers une loi pour interdire ce genre de comportement ?
J’aimerais bien. Hélas, l’Assemblée nationale ne répond pas à mes appels. Mais venez, au lieu d’une loi, on met en place une sorte de code social où on dit que personne, à part en cas d’amitié de longue date, n’a le droit de s’adresser la parole avant de commencer le travail.
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De façon générale, partez du principe que la plupart des gens n’ont pas envie de parler boulot ou des petits trucs de la vie avant d’arriver au taf. Le chemin vers le travail est un sas où on quitte notre chaud foyer pour rejoindre le cruel et froid monde de l’entreprise. Le silence est toujours mieux qu’une discussion en carton qui ne fera avancer ni la société ni l’humanité.
Donc pas la peine de traverser la route pour venir me voir. Pas la peine de traverser le parking une fois que je suis sorti de ma voiture. Pas la peine de m’attendre à la sortie du métro. Pas la peine de louer un vélo pour me rattraper car j’ai une démarche rapide (sapiosexuel et randonneur). Laissez-moi tranquille.