Le Premier ministre a pris la parole depuis Matignon ce mardi soir sur France 2. “La chose est très claire : nous demandons [ardemment] aux Français de rester chez eux”, a déclaré en premier lieu Édouard Philippe, avant de rappeler les raisons qui autorisent à une dérogation pour sortir de chez soi telles que les motifs familiaux impérieux ou des raisons de santé.
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“Ne fallait-il pas aller plus loin ?”, l’a interrogé Anne-Sophie Lapix, évoquant la possibilité pour les Français d’aller faire un jogging. Le chef du gouvernement a répondu “sortir un peu, encore une fois très peu, c’est parfois indispensable”. “Je veux être très clair, très ferme”, a-t-il toutefois ajouté.
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Et de préciser : “les consignes sont claires, on reste chez soi sauf dans les cinq cas autorisés”. Puis de rappeler les sanctions en cas de non-respect de ces consignes : une amende pouvant aller jusqu’à 135 euros. Au sujet du document de dérogation à transporter avec soi en cas de sortie, il a précisé :
“Pour le document travail-maison, il faut remplir ce document qu’une seule fois. Pour les autres, il faut remplir à chaque fois le document. Il est indispensable d’être rigoureux.”
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Le Premier ministre a également rappelé que cette décision de confinement quasi-total s’appuyait sur des recommandations scientifiques d’épidémiologistes.“Le meilleur moyen de rendre hommage [aux] soignants“, c’est de rester chez soi, a-t-il ajouté.
Édouard Philippe a ensuite été interrogé sur les propos d’Agnès Buzyn, qui ont déclenché de vives réactions de l’opposition. Pour rappel, l’ex-ministre de la Santé a déclaré aujourd’hui au Monde : “Le 11 janvier, j’ai envoyé un message au président sur la situation. Le 30 janvier, j’ai averti Édouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir. Je rongeais mon frein.”
Jean-Luc Mélenchon a notamment réagi : “Les aveux d’Agnès Buzyn sont consternants. […] A-t-elle su et prévenu trois mois avant ? Et dans ce cas, pourquoi rien n’a-t-il été fait ?”
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“Ce que je vais dire est terrible, mais je me dois d’être à la hauteur”
À ce sujet, Édouard Philippe a répondu : “dès le mois de janvier, [elle] nous a dit qu’il fallait prendre ce qu’il se passait en Chine au sérieux”. “Si nous ne l’avions pas pris au sérieux, je n’aurais pas organisé de réunion dès le mois de janvier”, a-t-il poursuivi.
Au sujet des élections, que la candidate a qualifiées de “mascarade” (des propos qu’elle a retirés depuis), le Premier ministre a répondu : “On ne peut pas décider seul, la veille d’une élection, de l’interrompre. Imaginez si le processus avait été interrompu la veille alors que des Français se déplaçaient librement en ville.“
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Puis une téléspectatrice a demandé si elle pouvait se rendre à l’enterrement d’un ami, le chef du gouvernement a répondu par la négative. “J’ai conscience de dire quelque chose d’une grande dureté mais même dans ces circonstances, nous ne devons pas déroger à la règle”, a-t-il déclaré, avant d’ajouter : “ce que je vais dire est terrible, mais je me dois d’être à la hauteur, et je vais répondre non. Nous devons limiter les déplacements.”
En outre, concernant la fermeture des frontières, Édouard Philippe a réagi : “L’Italie, l’Espagne ont choisi le confinement. Si d’autres pays voisins ne le font pas, nous aurons du mal à accueillir leurs ressortissants sur notre territoire”.
Concernant le risque de débordement d’hôpitaux dans l’Hexagone, il a évoqué la déprogrammation des “opérations qui peuvent attendre” et donc l’augmentation du nombre de places en réanimation, notamment en Île-de-France, mais aussi la mobilisation de “toutes les capacités”, comme la sollicitation de l’armée.
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“Quoi qu’il en coûte”
Le gouvernement va-t-il interdire les licenciements ? Édouard Philippe a répondu “je ne crois pas que nous en arrivions là. Ce que nous voulons faire, c’est qu’il ne soit pas utile de licencier”, et d’arguer qu’il y aurait une aide à l’entreprise, quelle que soit sa taille. Pour rappel, pour l’instant, plusieurs mesures ont été mises en place à la charge de l’État :
- quant à l’indemnisation des salariés en chômage partiel, qui pourront percevoir 84 % de leur revenu net
- pour les parents devant garder leurs enfants et ne pouvant télétravailler, qui peuvent bénéficier d’un arrêt de travail,
- concernant les emplois à domicile comme les employés de ménage, qui pourront percevoir 80 % de leur revenu,
- ou enfin pour une personne dont le commerce a été fermé – qui pourra percevoir 1 500 euros par mois issus d’un fonds de solidarité.
Air France pourra-t-elle être nationalisée ? Il a répondu : “nous sommes disposés [l’État, ndlr] à prendre nos responsabilités en tant qu’actionnaire. […] Nous sommes là, quoi qu’il en coûte”. Concernant d’autres entreprises, il a laissé une porte ouverte à une éventuelle nationalisation.
Enfin, “fini la réforme des retraites ?”, a questionné Anne-Sophie Lapix. Ce à quoi Édouard Philippe a rappelé qu’il s’agissait d’une suspension, qu’il a qualifiée de “bonne décision”.