Avant que ne rouvre, ce samedi 15 mai, le Nelson-Atkins Museum (le musée d’art de Kansas City, dans le Missouri), trois invités de marque ont eu la chance de fouler le sol de ses différentes salles. Âgés de 6, 7 et 8 ans, Bubbles, Maggie et Berkley ont quitté le zoo qui les abrite le temps d’un après-midi, afin de découvrir les chefs-d’œuvres exposés au sein du musée.
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La visite a commencé dans une des plus grandes salles du musée, dans laquelle se trouve un des 250 exemplaires des célèbres “Nymphéas” de Claude Monet. La représentation du bassin de fleurs de Giverny ne semble pas avoir particulièrement ému les jeunes manchots, rapporte le directeur et président du musée, Julian Zugazagoitia. Les oiseaux lui auraient préféré le réalisme de “Saint Jean-Baptiste dans le désert”, une peinture à l’huile du Caravage :
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“Ils étaient intimidés, je crois, car l’espace [où se trouve les “Nymphéas”] est vaste. Ils ont passé plus de temps dans les salles où est exposé l’art baroque, et notamment devant notre Caravage, peut-être parce que les pièces sont plus petites et les murs, peints en rouge, plus chaleureux. De là à en tirer des conclusions sur leurs choix critiques, c’est un peu hasardeux. Surtout qu’ils n’ont pas eu accès à l’art contemporain, dont les espaces sont en travaux. Le Jackson Pollock, ce sera pour la prochaine fois !”
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Sachant que la promenade des pingouins est l’une des attractions les plus appréciées du zoo de Kansas City, les équipes de chacun des deux établissements se sont mis d’accord pour pérenniser cette visite culturelle privée. Le photographe du musée, Gabe Hopkins, a été mis à contribution pour immortaliser la marche, plus ou moins intéressée, des manchots.
Un poisson d’avril… parti loin
Pendant le confinement, une galerie guatémaltèque avait déjà eu l’idée de faire visiter ses espaces à différentes espèces d’animaux. Pingouins, pandas et autruches n’avaient cependant pu pénétrer à l’intérieur du lieu que de façon virtuelle, intégrés grâce à un logiciel de retouche, afin de “faire sourire les gens”. Mais alors, comment le musée Nelson Atkins a-t-il eu l’idée d’inviter en chair et en plumes Bubbles, Maggie et Berkley ? La discussion a été lancée, sur le ton de la blague, un 1er avril, relate le directeur du musée :
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“Nous avions des échanges réguliers entre institutions de Kansas City pour comparer nos méthodes et nos protocoles en vue d’une réouverture. Et j’ai lancé ça comme une boutade. Sauf que Randy Wisthoff [le directeur du zoo de Kansas City, ndlr] a tout de suite réagi en me disant que ces animaux avaient besoin de stimuli et qu’il serait ravi de leur permettre la visite du musée.”
L’excursion, réalisée “avec les moyens du bord”, s’est déroulée sans encombre, sous la surveillance des gardiens habituels et sans que l’équipe de nettoyage réquisitionnée ait à intervenir (“J’ai connu des touristes plus sales…”, a d’ailleurs ajouté Julian Zugazagoitia). Le charme des manchots a opéré : les internautes se sont régalé·e·s de la vidéo et des images de l’événement en même temps que l’événement, précise Le Monde, aurait conquis les trustees du musée (les mécènes qui financent les musées privés aux États-Unis), “au point que, contrairement à bien de ses confrères aux Etats-Unis, Julian Zugazagoitia n’a pas été contraint de licencier” :
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“Nous avons renoncé aux expositions temporaires dispendieuses, nous avons réduit de 20 % tous les salaires et les horaires de travail, mais, pour l’instant, nous pouvons conserver toute l’équipe”, a-t-il expliqué.
Depuis la réouverture du musée, c’est un public humain qui peut désormais profiter des œuvres du musée. Au beau milieu de cette période bien particulière, des moments inattendus voient le jour. Qui sait, cette visite donnera peut-être des velléités créatives à ces pingouins sensibles à l’art ?
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