Il a 31 ans, il est journaliste avec une spécialité : l’infiltration. Il y a trois ans, Valentin Gendrot a voulu pénétrer un monde qu’aucun journaliste n’avait pu intégrer jusqu’alors : la police.
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L’idée ? “Pouvoir raconter de l’intérieur les deux grands tabous de la maison flic, à savoir les violences policières et le mal-être des policiers dans leurs conditions de travail”, sujets d’intérêt public majeur.
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Alors, en 2017, âgé de 29 ans, Valentin reprend les études, direction l’école de police pour devenir ADS (adjoint de sécurité). Pendant trois mois, il va suivre une formation qu’il qualifie de “low cost” où, par exemple, le temps d’études consacré aux violences faites aux femmes “ne durera que trois heures”.
Il obtient son diplôme, mais le but de son infiltration (à savoir intégrer un commissariat populaire) va être retardé, la faute à une affectation au sein du service psychiatrique de la préfecture de police de Paris. Il restera malgré lui 15 mois dans ce lieu où Albert Londres lui-même ne sera jamais parvenu à s’infiltrer.
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Et puis c’est la mutation, premier vœu exaucé, cap sur le commissariat du 19e arrondissement. Valentin va y rester 6 mois. Selon ses propos, il va faire face à ”une violence verbale et physique d’une minorité de policiers envers ceux qu’ils nomment les ‘bâtards’. Ce sont des jeunes hommes noirs, arabes ou des migrants”.
Son infiltration va franchir un cap supplémentaire lorsque Valentin raconte qu’il va se retrouver à “couvrir une bavure policière”. Torturé intérieurement entre “le bon flic qui protège les collègues” et “l’homme qui se demande dans quel guêpier il vient de se fourrer”, il a l’intime conviction que “couvrir cette bavure pourra lui permettre d’en dénoncer 1 000 autres”.
De cette infiltration, de cette police “qui finira par s’infiltrer autant en lui que lui en elle”, il écrit un livre : Flic (paru aux éditions Goutte d’Or). Un livre où il essaye de comprendre plutôt que de juger les policiers qu’il côtoie tous les jours. Parce que “la police est le deuxième corps de métier où il y a le plus de suicides, il y a un profond mal-être chez les policiers. Cela devrait être une cause nationale, au lieu de ça, l’État propose d’organiser des barbecues entre collègues”.
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Valentin revient en vidéo sur ces 2 ans d’infiltration au cœur de la police. Ce témoignage est diffusé le jour de la sortie du livre. Nous étions tenus au secret pour préserver la confidentialité de l’enquête du journaliste, qui n’a jamais caché sa véritable identité, afin de ne pas nuire à la parution du livre. Nous avons donc filmé ce témoignage brut, sans commentaires.