Le 31 décembre 2020, l’artiste brésilienne Juliana Notari dévoilait sur sa page Facebook des images de sa dernière œuvre Diva : une sculpture de 33 mètres de haut, seize mètres de large et six mètres de profondeur, directement incrustée dans la terre. Pendant près de onze mois, vingt employé·e·s ont travaillé le béton et la résine, sous les ordres de l’artiste originaire de Recife, pour faire sortir de terre cette immense vulve. L’installation est enracinée sur une colline de l’Usina de Arte, une raffinerie de sucre désaffectée reconvertie en parc botanique et culturel depuis 2015.
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Dans un post Facebook, Juliana Notari s’est émue d’enfin voir Diva terminée. L’artiste affirme utiliser son art pour “questionner la problématique du genre”. Installée dans l’État du Pernambouc (connu pour sa vie culturelle “vibrante”, précise The Guardian), dans le Nord-Est brésilien, son œuvre “interroge le lien entre la nature et la culture au sein de notre société occidentale phallocentrique et anthropocentrique”.
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Une Diva politique
Éminemment politique, l’installation a été présentée au grand public quelques heures après une nouvelle déclaration du président brésilien limitant les droits des femmes et des personnes s’identifiant comme femmes. En réponse à la toute récente légalisation de l’avortement en Argentine, Jair Bolsonaro a affirmé que “tant que cela dépendra de [lui] et de [son] gouvernement, l’avortement ne sera jamais autorisé sur [le] sol [brésilien]”.
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Diva a pour objectif de réaffirmer la place et la puissance féministes dans un pays où les droits de la communauté LGBTQI+, des femmes et des personnes s’identifiant comme femmes sont souvent menacés. “De nos jours, ces problématiques deviennent de plus en plus urgentes à traiter”, confirme Juliana Notari. Placer une vulve sur la terre est aussi une façon, pour elle, de créer un lien entre “la naissance, d’où vient la vie” et là où nous retournons “après la mort, à la nature”, rapportait-elle également au journal Metrópoles.
Engagée, Juliana Notari signe ici son œuvre la plus massive, note Artnet. Plus qu’une partie du corps, Diva est censée renvoyer à l’idée d’une “plaie ouverte représentant les inégalités sociales du Brésil”, ajoute-t-elle. Depuis que des photos de l’œuvre ont déferlé sur les réseaux sociaux, l’artiste reçoit l’ire d’internautes fustigeant cet art “de gauche”. Partisan·e·s et proches de Jair Bolsonaro ont fait leurs choux gras de l’installation, à grand renfort de commentaires et tweets pour le moins virulents, voire carrément grossiers (à l’exemple du tweet d’Olavo de Carvalho, essayiste d’extrême droite proche du chef d’État).
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Diva a cristallisé un débat entre deux classes politiques, certain·e·s voyant même là un parfait “reflet” de ce qui agite la société brésilienne en ce moment. D’autres internautes, plus neutres, ont interrogé l’implantation d’une immense œuvre en résine dans un parc et la participation des employé·e·s de Juliana Notari.
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