Je travaille pour améliorer ma détention, rembourser mes dettes et éviter de demander à mes proches, qui malheureusement ont déjà peu pour eux. J’ai commencé à travailler un mois après mon arrivée en avril 2018 au centre de détention de Melun. Je suis à l’atelier Sceaux et Reliure d’art de 7 heures à 13 h 30, du lundi au vendredi.
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Le Sceaux consiste à faire des médailles de différentes tailles. Elles sont en plâtre, recouvertes de peinture, de cire à l’ancienne et de vernis, ce qui donne un bel effet. Je suis sur deux postes, selon les commandes : la reliure d’art et l’imprimerie pour inscrire le sceau de Marianne sur des enveloppes grand format du ministère de la Justice. On en fait parfois 25 000.
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Je suis rémunéré 4,45 euros brut de l’heure. Je gagne plus ou moins 500 euros brut mensuels selon le nombre d’heures travaillées. De cette somme, Il faut déduire les charges salariales qui sont de 13,5 % du brut, puis les 10 % pour la partie libération, la somme que tu récupéreras à la sortie de prison, et les 10 % pour la partie civile, c’est-à-dire l’indemnisation des victimes.
Que ce soit celui du travail ou celui que tu reçois de l’extérieur, l’argent reçu est taxé selon un barème de prélèvement du règlement pénitentiaire : 10 % de 200 à 400 euros, 20 % de 400 à 600.
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Beaucoup de gens pensent que l’on ne paie pas, que tout est gratuit !
Travailler me permet d’occuper ma matinée et de réapprendre à me lever tôt. C’est aussi pour mon bien-être : achat de cantine, alimentaire, boissons et petit matériel, poste radio, plaque chauffante…
Il faut aussi compter la TV et le frigidaire qui me coûtent 10,72 euros en location. Beaucoup de gens pensent que l’on ne paie pas, que tout est gratuit ! Eh bien c’est faux ! Il y a aussi la recharge de téléphone en cabine pour appeler tes proches. Le tout déduit, il me reste moins de 200 euros pour subvenir à mes besoins.
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J’ai fini de régler mes dettes en août 2021, mais je continue à travailler jusqu’à ma sortie pour avoir un petit pécule.
Éric, 56 ans, en détention, Île-de-France
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Ce témoignage provient des ateliers d’écriture menés par la ZEP (la zone d’expression prioritaire), un média d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans, qui témoignent de leur quotidien comme de toute l’actualité qui les concerne. Passer plusieurs années derrière les barreaux, c’est avant tout gérer son temps. Celui de la prison mais aussi celui qui s’écoule à l’extérieur. Une vie hors-champ que révèlent sept détenus derrière les murs du centre de détention de Melun, à retrouver sur le site de la ZEP.