Deux jours après le bac de français, la colère monte – de même que le nombre de signataires d’une pétition pour assouplir la notation de cette épreuve. À l’heure où nous écrivons ces lignes, ils sont plus de 25 000 à avoir apposé leur nom à côté d’un texte qui demande aux correcteurs un peu d’indulgence.
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“Nous en appelons à assouplir les critères de notations donnés par l’Éducation nationale sur la session 2019 du baccalauréat de Français pour la série S/ES”, peut-on lire sur le site de pétition en ligne Change.org.
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“Andrée Chédid est une femme ?”
Posté par un groupe de redresseurs de torts se surnommant “Jean Valjean”, le texte remporte un certain succès. Comme le rappelle la pétition, les élèves de S et ES sont tombés sur la poésie. Dans le cadre de cette épreuve, les candidats devaient plancher sur le sujet “Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours”. Un poème d’Andrée Chedid, “Destination : arbre”, était proposé en commentaire de texte
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Cependant, de nombreux élèves ne connaissaient pas cette autrice (et ils n’ont pas manqué de le souligner dès le lendemain de l’épreuve). Pire, certains ont cru qu’il s’agissait d’un homme.
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“Humiliation” : le mot est lâché dans cette démonstration soigneusement rédigée. Nous avons réussi à contacter l’un des auteurs de la pétition :
“On a choisi Jean Valjean comme pseudo parce que ce personnage est issu d’un livre que tous les élèves connaissent et c’est un personnage sur lequel ils auraient certainement aimé tomber au bac.”
Voici quelques-uns des arguments du collectif Jean Valjean :
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“Il y a d’abord le handicap de base, avec lequel partent les élèves de ces filières, à savoir que le français ce n’est pas leur fort. Les élèves ayant choisi la filière S et ES ne sont pas pour la plupart à l’aise avec la matière du français.”
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on encourage souvent ces élèves à prendre le commentaire de texte, rappelle la pétition. De plus, ils sont tombés sur la poésie, ce qui n’arrangerait rien : “Souvent en poésie, les auteurs sont presque inconnus des élèves”, affirment les auteurs du texte, avant d’aborder le cas d’Andrée Chédid.
“Le poème était en vers libres, d’une auteure contemporaine et qui ne s’inscrivait pas dans un mouvement littéraire en particulier parmi ceux étudiés au fur et à mesure de l’année. Les cours de français travaillent sur des poètes anciens et leur mouvement littéraire connus de tous […].”
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Et d’ajouter : “Des centaines d’heures de travail pour tomber sur l’inconnu. Non les élèves ne sont pas entraînés sur l’inconnu.”
Des précédents ?
À une époque où on fait des pétitions pour tout, on comprend le rêve de ces élèves qui aimeraient influer sur leurs notes au bac. Mais la popularité de cette pétition va-t-elle changer quelque chose ?
“Je n’y crois pas du tout”, avance Sonia Dubourg-Lavroff, inspectrice générale à l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche, interrogée par Konbini news. “Ce ne serait pas très sécurisant pour les élèves qu’une pétition puisse remettre en jeu l’organisation du baccalauréat”, ajoute-t-elle.
En 2014, une pétition intitulée “Il faut arrêter le carnage des sujets du bac S“ avait récolté plus de 75 000 signatures. En cause cette année-là : la difficulté des sujets du bac scientifique, jugés plus ardus que les années précédentes, en particulier pour les mathématiques. L’année dernière, une pétition similaire, “BAC S : C’ETAIT QUOI CE SUJET DE MATHS 2018 ? (filière S)”, avait dépassé les 100 000 signatures.
Pétition ou pas, les correcteurs tiennent généralement compte de la difficulté de l’épreuve. Comme l’expliquait Le Figaro étudiant en 2014, lorsque les lycéens sont mis en difficulté par un sujet, le barème de notation en tient généralement compte. Par exemple, certains sujets sont notés sur 24 plutôt que sur 20.
Après les résultats, on peut toujours demander sa copie – mais il est impossible de la faire recorriger.