En pole position pour devenir la première femme cheffe de gouvernement de l’histoire de l’Italie, Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d’Italia (FDI), incarne un mouvement à l’ADN post-fasciste qu’elle a réussi à “dédiaboliser” pour arriver au pouvoir.
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Sous la houlette de cette Romaine de 45 ans, FDI est devenu le premier parti du pays avec près d’un quart des voix.
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Aux législatives de 2018, FDI avait dû se contenter d’un maigre score, 4 % des voix, mais Mme Meloni est parvenue depuis à rassembler sur son nom les mécontentements et frustrations des nombreux Italiens excédés par les “diktats” de Bruxelles, la vie chère et l’avenir bouché des jeunes.
Sa devise ? “Dieu, patrie, famille”. Ses priorités ? Fermer les frontières pour protéger l’Italie de “l’islamisation”, renégocier les traités européens pour que Rome reprenne le contrôle de son destin, lutter contre les “lobbys LGBT” et “l’hiver démographique” du pays, dont la moyenne d’âge est la plus élevée du monde industrialisé juste derrière le Japon.
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En 2016, elle dénonce “le remplacement ethnique en cours en Italie”, à l’unisson des autres formations d’extrême droite européennes. “Meloni représente un point de référence pour la contestation, la protestation, la désaffection”, analyse pour l’AFP Sofia Ventura, professeur de sciences politiques à l’université de Bologne.
Mussolini ? “Un bon politicien”
Meloni et son parti sont les héritiers du Mouvement social italien (MSI), parti néofasciste créé après la Seconde Guerre mondiale. À 19 ans, elle affirme à la chaîne française France 3 que le dictateur Benito Mussolini était “un bon politicien”.
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Si elle doit ménager sa base qui se réclame de ce passé-là, elle sait aussi que, pour gagner, elle doit rassurer les modérés. “Si j’étais fasciste, je dirais que je suis fasciste”, s’est-elle défendue dans un récent entretien au magazine britannique The Spectator.
Dans un exercice consommé d’équilibriste, elle reconnaît encore aujourd’hui à Mussolini d’avoir “beaucoup accompli”, sans l’exonérer de ses “erreurs” : les lois antijuives et l’entrée en guerre. Et de clarifier : dans ses rangs, “il n’y a pas de place pour les nostalgiques du fascisme, ni pour le racisme et l’antisémitisme”.
“Je suis chrétienne”
Née à Rome le 15 janvier 1977, Giorgia Meloni entre en militance à 15 ans dans les associations étudiantes classées très à droite, tout en travaillant comme baby-sitter ou serveuse. En 1996, elle prend la tête d’une association lycéenne, Azione Studentesca, dont l’emblème est la Croix celtique.
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En 2006, elle devient députée et vice-présidente de la chambre. Deux ans plus tard, elle est nommée ministre de la Jeunesse dans le gouvernement de Silvio Berlusconi. Il s’agit là de sa seule expérience gouvernementale.
Elle fréquente alors assidûment les plateaux de télé. Sa jeunesse, sa témérité et ses formules font d’elle un bon client pour les médias. Elle comprend que, au moins autant que les idées, la personnalité d’une jeune et jolie femme blonde dans une Italie encore très machiste séduit.
“Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne”, lance-t-elle à ses supporters en 2019 à Rome lors d’un fervent discours devenu célèbre. Giorgia Meloni, qui vit en concubinage avec un journaliste TV, a une fille née en 2006.
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Melons et mauvais goût
Cette oratrice de talent qui sait parler aux tripes des Italiens en cultivant son accent populaire typique de Rome, peut aussi se montrer cassante, voire agressive. Elle tombe parfois dans le mauvais goût, comme dans cette vidéo postée dimanche sur TikTok où elle se montre avec deux melons dans ses mains au niveau de ses seins, en référence à son nom de famille.
Fin 2012, lasse des dissensions qui rongent la droite, elle fonde Fratelli d’Italia avec d’autres dissidents du berlusconisme et choisit de camper dans l’opposition.
Lorsque Mario Draghi, ancien gouverneur de la Banque centrale européenne forme en février 2021 un cabinet d’unité nationale pour sortir l’Italie de la crise sanitaire et économique, elle et son parti sont les seuls à refuser d’y participer.
“L’Italie a besoin d’une opposition libre”, affirme-t-elle alors. C’est au nom de cette liberté, synonyme de souveraineté, que cette Atlantiste dénonce dès le premier jour l’invasion russe en Ukraine.