Donald Trump a pris mercredi 4 novembre la responsabilité de plonger les États-Unis dans l’inconnu en se déclarant vainqueur de la présidentielle, au moment où le décompte se poursuivait et où son adversaire démocrate Joe Biden semblait dans une position plus favorable.
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Le spectre de longues journées d’incertitude et d’âpres batailles judiciaires hante désormais la première puissance mondiale déjà secouée par des crises sanitaire, économique et sociale d’ampleur.
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“Honnêtement, nous avons gagné l’élection”, a déclaré le président républicain des États-Unis lors d’une allocution confuse depuis les salons de la Maison Blanche. Évoquant une “fraude” sans livrer aucun élément concret, il a assuré vouloir saisir la Cour suprême, sans préciser sur quel motif.
“C’est une situation extrêmement inflammable et le président vient de jeter une allumette au milieu”, a estimé Chris Wallace, journaliste de Fox News.
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“On est devant et de loin, mais ils essaient de voler l’élection”, avait tweeté le milliardaire républicain un peu plus tôt, dans un message contre lequel Twitter a immédiatement mis en garde ses utilisateurs, estimant qu’il pouvait être “trompeur”.
Joe Biden s’était auparavant dit en bonne voie pour remporter ce scrutin, appelant les Américains à faire preuve de patience. “Gardez la foi, nous allons gagner !”, a lancé Joe Biden, 77 ans, devant les sympathisants démocrates réunis dans son fief de Wilmington, dans le Delaware.
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Dans plusieurs États-clés, l’issue du scrutin restait indécise.
Une certitude : la vague démocrate, espérée par certains dans le camp Biden qui se prenaient à rêver de victoires historiques en Caroline du Nord ou encore au Texas, n’a pas eu lieu.
Biden décroche l’Arizona
Le président sortant a conservé la Floride, faisant mentir de nombreux sondages, ainsi que le Texas, bastion conservateur qui avait un temps semblé menacé, et l’Ohio, remporté depuis 1964 par tous les candidats qui ont aussi accédé à la présidence.
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Mais le chemin pour décrocher un second mandat reste extrêmement étroit : il devait encore remporter l’essentiel des autres Etats-clés qui avaient contribué à sa victoire surprise de 2016.
Joe Biden disposait lui encore de plusieurs scénarios pour décrocher la victoire. Il a emporté l’État crucial de l’Arizona, remporté par Donald Trump en 2016. Et il pouvait encore espérer arracher la Géorgie au camp Trump.
Il doit désormais gagner au moins deux des trois États disputés du Nord industriel (Pennsylvanie, Michigan, Wisconsin) remportés sur le fil par le milliardaire il y a quatre ans.
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Or dans ces États, le dépouillement pourrait se poursuivre mercredi, voire sur plusieurs jours, notamment en raison du niveau record du vote par correspondance. L’attente s’annonce donc longue.
Pour l’emporter, un candidat doit obtenir au moins 270 des 538 grands électeurs attribués au niveau des États. À ce stade de la nuit, le président sortant (213) est au coude-à-coude avec le démocrate (224).
Comme cela était largement anticipé, les démocrates ont gardé le contrôle de la Chambre des représentants. Mais leurs espoirs de faire basculer dans leur camp le Sénat, aujourd’hui contrôlé par les républicains, s’éloignaient.
Sans surprise, les deux candidats septuagénaires ont rapidement engrangé l’essentiel des États qui leur étaient promis. L’Indiana, le Kentucky, l’Alabama, l’Idaho ou encore le Tennessee, entre autres, pour Donald Trump. La Californie, la Virginie, New York, le Colorado, le Delaware pour Joe Biden.
Avant ses déclarations nocturnes, Donald Trump avait, dans la journée, évoqué une éventuelle défaite – fait rarissime chez lui.
“Gagner est facile, perdre n’est jamais facile. Pour moi, ça ne l’est pas”, avait dit le milliardaire lors d’une visite à un QG républicain près de Washington, la voix fatiguée par une fin de campagne qui l’a vu enchaîner les meetings à un rythme effréné.
“Virer Trump“
Après une campagne beaucoup plus discrète que celle de son adversaire, Joe Biden avait lui sillonné mardi, jour du scrutin, l’Etat-clé de Pennsylvanie, où il est né, effectuant une sorte de pèlerinage dans les lieux de son enfance.
“De cette maison à la Maison-Blanche, par la grâce de Dieu”, a-t-il écrit sur les murs du domicile de Scranton où il a passé ses jeunes années.
Dans tout le pays, les démocrates qui se sont rendus aux urnes pour l’élire semblaient surtout motivés par leur rejet de l’impétueux président.
“Nous voulons un meilleur avenir pour notre pays”, dit Rossana Arteaga-Lorenza, 37 ans, venue avec son fils Henry à la soirée électorale “drive-in” où Joe Biden s’est exprimé à Wilmington.
À l’inverse, Roberto Montesinos, un Américain d’origine hondurienne de 71 ans, a fièrement voté pour Donald Trump à Miami : “La pandémie n’est pas de sa faute, celui qui dit ça est un ignorant !”, a-t-il lancé en assurant “gagner plus” aujourd’hui qu’il y a quatre ans.
Signe tangible des angoisses du pays, les commerces de plusieurs grandes villes, dont Washington, Los Angeles ou New York, se sont barricadés en prévision de possibles violences post-électorales.
À New York, devant la célèbre Trump Tower, un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé.
“L’Amérique d’abord”
Pendant des mois, Donald Trump a agité le spectre d’une “gauche radicale” prête à transformer la première puissance mondiale en un “Venezuela à grande échelle”.
Joe Biden, soutenu par Barack Obama, multiplie les mises en garde contre les conséquences potentiellement dévastatrices sur les institutions démocratiques d’un second mandat Trump, étrillé comme “le pire président” de l’histoire récente des États-Unis.
Ce pur représentant de l’aile modérée du parti démocrate a aussi fait de l’élection un référendum sur la gestion de la pandémie par le républicain.
Donald Trump n’a cessé d’être rattrapé par cette crise sanitaire, qu’il s’est toujours efforcé de minimiser. Jusqu’à être lui-même contaminé et hospitalisé, début octobre.
“Je suis guéri” et “immunisé”, martèle-t-il depuis en vantant sa forme éclatante et en moquant celle de son rival.
Par contraste, Joe Biden paraît en effet plus fragile. Prompt aux gaffes, cet ancien bègue a encore semblé confus mardi lors d’une prise de parole à Philadelphie, mélangeant ses petites-filles et semblant présenter aux personnes autour de lui son fils Beau, décédé en 2015.
Konbini News avec AFP