Chantal Jouanno a démissionné du pilotage du grand débat, mais conserve toutefois son poste de présidente de la commission, et conserve donc son salaire.
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À six jours du début de la grande consultation nationale, Chantal Jouanno, désignée pour être sa présidente, a jeté l’éponge. À l’heure où l’une des revendications principales de la mobilisation populaire est la hausse du SMIC, la révélation de son “salaire pas très gilet jaune” par la La Lettre A en a choqué plus d’un : 14 666 euros brut mensuels, soit 176 000 euros pour l’année 2019.
Mardi 8 janvier, l’ancienne sénatrice a choisi le JT de France 2 pour démissionner du pilotage du grand débat national. Si Chantal Jouanno a démissionné de cette mission, elle reste toutefois présidente de l’instance en tant que telle – la commission nationale du débat public –, et conservera son salaire. Invitée sur France Inter ce matin, Chantal Jouanno a expliqué ce qui a motivé sa décision :
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“Ce débat porte quand même fondamentalement sur la question du pouvoir d’achat et de la justice sociale et l’ensemble de ces rémunérations sont considérées par nombre de personnes qui se sont exprimées comme injustes. Donc comment piloter un débat et en même temps incarner ou porter ce sentiment d’injustice ?”
Interrogée sur le montant de son salaire, l’ancienne ministre des Sports a répondu qu’il fallait que le gouvernement “se saisisse de ce sujet” : “je n’ai pas à juger du niveau. C’est aujourd’hui nos concitoyens qui ont la parole et c’est à eux de juger ce niveau, de s’exprimer sur ce sujet et c’est ensuite au gouvernement de fixer le juste niveau”, ajoutant : “pas simplement le mien, celui de tous les hauts fonctionnaires”.
À la question : pourquoi ne pas avoir démissionné des deux postes ? Chantal Jouanno a expliqué qu’elle s’était posé la question… mais que cela aurait été “cautionner [l’idée selon laquelle] la commission ne sert à rien” et par conséquent, contribuer à “l’affaiblir”.
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“Un frein à la tenue du débat national”
L’ancienne sénatrice laisse entrevoir l’idée qu’il pourrait s’agir selon elle d’une manœuvre politique. Interrogée par Léa Salamé, elle répond tout de go : “Ah ben quand on attaque sur ce terrain-là, c’est très clairement pour porter atteinte au débat public et pour porter atteinte au droit à la participation”.
Et la présidente de la CNDP d’ajouter que le dévoilement de son salaire “ne créait vraiment pas les conditions de sérénité pour mener à bien ce débat, qui en a vraiment besoin”. Selon elle, cela aurait été un “frein à la tenue du grand débat national”, même si elle a qualifié de “légitimes” tous les questionnements qui ont accompagné la connaissance de son salaire.
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Enfin, Chantal Jouanno a assuré que cette polémique visait à affaiblir la commission, invitant même la presse à s’emparer du sujet afin de trouver qui est à l’origine de la fuite de son salaire :
“Ce droit à la parole citoyenne, vous n’imaginez pas combien de fois… la commission a été attaquée en essayant de la bâillonner, en essayant de porter atteinte à son indépendance. C’est très clairement l’objectif de cette polémique in fine : on va peut-être essayer de supprimer cette commission qui dérange tant.”
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