Le parquet a ouvert une enquête sur une “pancarte au message manifestement antisémite” brandie lors d’une manifestation anti-pass sanitaire samedi à Metz, a annoncé dimanche la préfecture de la Moselle dans un communiqué. La jeune femme brandissant cette pancarte a été interpellée lundi.
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L’identité de cette femme a été précisée dans la journée ; il s’agit d’une enseignante, ex-membre du Front national et ancienne élue locale.
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Enquête ouverte : une enseignante interpellée
La femme qui a brandi samedi à Metz une pancarte antisémite lors d’une manifestation contre le pass sanitaire a été interpellée lundi à Hombourg-Haut, une petite commune de Moselle, a-t-on appris lundi de source policière. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a quant à lui annoncé son interpellation lundi, sur Twitter.
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Le préfet Laurent Touvet “condamne avec la plus grande fermeté ce message”, a déclaré la préfecture, ajoutant qu’une “enquête est ouverte par le parquet de Metz”. Interrogé par l’AFP, celui-ci a précisé qu’il s’agissait d’une enquête de flagrance confiée au commissariat de Metz.
Une photo diffusée sur les réseaux sociaux montre une jeune femme brandissant la pancarte incriminée sur laquelle sont inscrits les noms de plusieurs responsables politiques, hommes d’affaires et intellectuels, dont certains sont juifs.
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Confirmant son statut d’enseignante, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé qu’elle sera “suspendue en attendant les suites disciplinaires”. “Sur le plan pénal, le recteur saisit le procureur”, a ajouté le ministre.
L’antisémitisme est un délit
“Cette pancarte est abjecte. L’antisémitisme est un délit, en aucun cas une opinion. De tels propos ne resteront pas impunis”, a fustigé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur son compte Twitter.
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“J’ai demandé @prefet57 de faire un signalement au Parquet sur la base de l’article 40 [du Code de procédure pénale, ndlr]. Les services de police sont mobilisés pour identifier leur auteur”, a-t-il ajouté.
Le maire de Metz, François Grosdidier (LR), s’est dit “outré, scandalisé, mais hélas pas surpris”, dénonçant un “mélange tous les refus dans une convergence des extrêmes et dans un magma populiste et antisémite” : “J’espère que la personne qui porte la pancarte sera sanctionnée”, a-t-il ajouté.
La Licra devrait porter plainte, l’ambassade d’Israël “épouvantée”
La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a annoncé pour sa part dimanche à l’AFP son intention de porter plainte, considérant que l’“on est très clairement en présence d’une pancarte à l’antisémitisme assumé”. Il “faut être intraitable”, a-t-elle souligné. SOS Racisme a également déclaré dans un communiqué “étudier” la possibilité de poursuites judiciaires.
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“Consternant et révoltant”, a dénoncé Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants. “L’antisémitisme a tué hier et tue encore aujourd’hui. L’antisémitisme n’est pas une opinion. C’est un délit, qui doit être condamné systématiquement”, a renchéri, toujours sur Twitter la ministre déléguée à l’Égalité, Élisabeth Moreno.
L’ambassade d’Israël en France s’est dite “épouvantée d’une telle expression de la haine antisémite la plus abjecte”.
Des réactions saluées par la Licra, qui demande également aux organisateurs des manifestations contre le pass sanitaire de “se désolidariser de ce genre de propos”.
Un slogan apparu suite à une interview sur CNews
Sur la pancarte, les noms encadrent le slogan : “Mais qui ?” Celui-ci est apparu à la suite d’une interview en juin sur la chaîne CNews d’un général à la retraite, Daniel Delawarde, signataire d’une tribune évoquant “le délitement” de la France publiée par Valeurs actuelles.
À la question “qui contrôle la ‘meute médiatique’ ?” et après plusieurs relances, il avait répondu “la communauté que vous connaissez bien”, avant d’être coupé par le présentateur, Jean-Marc Morandini. Pour la Licra, ce slogan est “une autre manière de dire qu’on n’aime pas les juifs”.
Le parquet de Paris avait ouvert peu après l’interview du général Delawarde une enquête pour “diffamation publique” et “provocation à la haine et à la violence à raison de l’origine ou de l’appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion”.
La manifestation messine avait réuni samedi 3 800 personnes selon la police.
Article mis à jour le 9 août 2021 à 15 h 47.
Konbini news avec AFP