Sous la férule de l’armée quasiment en continu en 65 ans d’indépendance, bravant grenades lacrymogènes, coupure des communications et verrouillage de Khartoum. À chaque nouvel appel des manifestants proclamant que “la révolution continue” face au chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, qui a renforcé son pouvoir avec un putsch le 25 octobre, les autorités mobilisent de nouvelles techniques pour tenter d’endiguer l’opposition.
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La coupure d’Internet, déjà utilisée durant des semaines après le coup d’État, a été couplée cette fois-ci avec celle des appels téléphoniques locaux mais aussi de ceux venus de l’étranger. Une première et surtout un coup dur pour les militants qui tentent de mobiliser le monde à leur cause, via les réseaux sociaux et la diaspora.
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En outre, les autorités avaient barré dès mercredi soir les ponts reliant la capitale à ses banlieues avec d’imposants containers, tandis que jeudi, les forces de sécurité (policiers, militaires et paramilitaires des Forces de soutien rapide) avaient installé des caméras sur les principaux axes de Khartoum.
“Pas d’accord avec les militaires”
Cela n’a pas empêché des dizaines de milliers de manifestants de scander de nouveau jeudi “Non au pouvoir militaire” et “Les militaires à la caserne !” à Khartoum mais aussi à Kessala et à Port-Soudan dans l’Est ou à Madani, au sud de la capitale.
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Dans la capitale, une manifestante a dit à l’AFP défiler “pour la chute du pouvoir militaire” et surtout “contre l’accord politique”, un texte qui a récemment permis au Premier ministre civil Abdallah Hamdok de sortir de résidence surveillée mais aussi au général Burhane de rester à la tête des autorités de transition deux ans de plus.
Pour un autre manifestant à Khartoum, les civils n’auraient jamais dû accepter de rejoindre l’union sacrée de 2019. Alors, la rue et sa “révolution” forçaient les généraux à démettre l’un des leurs, le dictateur Omar el-Béchir. Et civils et militaires décidaient de mener ensemble le pays vers la démocratie. “Signer avec les militaires était une erreur depuis le début”, affirme-t-il à l’AFP, car, pour lui, les généraux au pouvoir sont “des hommes de Béchir”. Une accusation que la rue relaie souvent, accusant M. Hamdok de l’avoir “trahi” en “favorisant le retour de l’ancien régime”.
Jeudi, à quelques centaines de mètres du palais présidentiel de Khartoum où siège le Conseil souverain, la plus haute autorité de la transition chapeautée par le général Burhane, les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes. Des manifestants évacuaient des blessés, tandis que la foule s’approchait du bâtiment et s’en éloignait au gré des charges policières.
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“Arrestations arbitraires”
Dès mercredi, l’ambassade américaine avait réclamé “une retenue extrême dans l’usage de la force”, alors qu’en deux mois de mobilisation anti-putsch, 48 manifestants ont été tués et des centaines blessés par balle. Entre grenades lacrymogènes, tirs à balles réelles en l’air et coups de bâtons pour disperser la foule, 235 personnes ont été blessées samedi dans la mobilisation nationale selon un syndicat de médecins pro-démocratie.
L’ambassade américaine appelle en outre les autorités à “ne pas recourir aux détentions arbitraires”, alors que des militants font état de nouvelles rafles nocturnes à leur domicile, comme souvent à la veille de chaque manifestation.
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Le 19 décembre, jour du troisième anniversaire de la “révolution”, les forces de sécurité ont été accusées par l’ONU d’avoir violé des manifestantes pour tenter de briser la contestation anti-coup d’État, une “correction du cours de la révolution” selon le général Burhane. Englué dans une inflation à plus de 300 %, le Soudan n’a toujours pas de gouvernement, condition sine qua non à la reprise de l’aide internationale, vitale pour ce pays, l’un des plus pauvres au monde.
Quant à M. Hamdok, il fait planer la menace d’une possible démission, si l’on en croit les fuites régulières de la presse locale qui assure qu’il n’apparaîtrait plus que rarement à son bureau.
Konbini news avec AFP
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