“On ne pouvait pas en attendre beaucoup plus d’un président qui considère que les aides sociales coûtent trop cher.”
Publicité
Jeudi 13 septembre Emmanuel Macron présentait en personne son plan pour lutter contre la pauvreté en France. Les derniers chiffres du baromètre de la pauvreté publiés lundi 11 septembre par le Secours populaire sont alarmants : une personne sur cinq a des difficultés à faire trois repas par jour.
Publicité
En France, on considère qu’on est pauvre en dessous de 1 026 euros par mois. Selon l’Insee, près de 9 millions de Français sont concernés.
Afin de prendre le problème à bras-le-corps, et certainement de casser un peu son image de président des riches, Emmanuel Macron a présenté son plan pour réduire les inégalités. De son côté, le gouvernement a largement communiqué sur le budget qui serait alloué à cette cause : 8 milliards d’euros en 4 ans — “un pognon de dingue“, vous en conviendrez.
Publicité
Le plan se concentre autour de deux axes principaux : la prévention de la précarité et l’aide à la réinsertion vers l’emploi. À noter également que de nombreuses mesures sont destinées aux plus jeunes : accès universel à la cantine, petits-déjeuners offerts dans les écoles prioritaires, ou encore construction de nouvelles crèches.
#PlanPauvreté : "Il faut intervenir dès la petite enfance. Nous ne traiterons pas la pauvreté si nous n'intervenons pas dès le plus jeune âge", assure @EmmanuelMacron. pic.twitter.com/89DTvB9WKW
— LCP (@LCP) 13 septembre 2018
“Sans logement il n’y a pas d’égalité des chances à l’école”
“Il s’agit de lutter contre la pauvreté dès le plus jeune âge. Il y a un recentrage sur la jeunesse avec cette idée que, dans la pauvreté, il y a un certain déterminisme”, explique Hélène Gorge, maîtresse de conférences qui étudie notamment les dynamiques de la pauvreté à l’Université de Lille. Comprenez que lorsqu’on naît dans une famille pauvre, les chances sont plus importantes de le devenir.
Publicité
Au risque d’oublier l’essentiel ? “Il n’y a rien autour du logement dans ce plan pauvreté”, déplore Marie Loison-Leruste, maîtresse de conférences en sociologie à l’université Paris 13, spécialiste des questions de pauvreté et d’exclusion sociale.
“Comment voulez-vous faire vos devoirs si dans votre logement vous dormez avec votre papa, votre maman ou vos frères et sœurs, si vous n’avez pas un petit coin pour faire vos devoirs ?”, s’interroge-t-elle auprès de Konbini News.
Un sentiment largement partagé par l’association Droit Au Logement (DAL). “Le Président Macron oublie un élément essentiel : sans logement ou très mal logé, en surpeuplement, il n’y a pas d’égalité des chances à l’école”, confirme Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association qui travaille depuis près de 30 ans avec les mal-logés. Les récits d’enfants faisant leurs devoirs sur leurs genoux, voire aux toilettes par manque de place, il les entend quotidiennement.
Publicité
Alimentation, santé, seniors… Pour Marie Loison-Leruste, il n’y a pas que le logement que le plan pauvreté a oublié. Et en même temps : “On ne pouvait pas en attendre beaucoup plus d’un président qui considère que les aides sociales coûtent trop cher”, conclut-elle amère.