L’avion transportant les premiers ressortissants français et étrangers évacués de Kaboul par la France est arrivé mardi après-midi à l’aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle. L’A310 transporte 45 ressortissants français et étrangers évacués de Kaboul, ainsi qu’une soixantaine de militaires de retour d’opérations extérieures depuis la base d’Abu Dhabi, la capitale des Émirats arabes unis, a précisé une source du ministère des Armées.
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D’autres rotations sont prévues dans les heures et jours à venir pour évacuer tous les ressortissants français, ainsi notamment que des Afghans ayant travaillé pour des organisations françaises et qui quittent un pays en proie à la panique. Aucun détail n’a été communiqué sur les mesures sanitaires prises à l’arrivée pour détecter d’éventuelles contaminations au Covid-19. D’après le ministère, ces premiers exfiltrés sont français et issus de “pays partenaires”. L’évacuation des Afghans qui seront pris en charge par la France n’a, en revanche, pas encore commencé.
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Plus tôt dans la matinée, la ministre des Armées Florence Parly avait annoncé l’arrivée aux Émirats des premiers exfiltrés. “Après une situation très chaotique en fin de journée hier” à l’aéroport de Kaboul, un premier avion a pu atterrir puis repartir et est “arrivé en fin de nuit” sur une base française émiratie, a-t-elle déclaré à la radio RTL.
Lundi, la situation à l’aéroport de Kaboul, dont les pistes ont été envahies, avait empiré au point que tous les vols, civils et militaires, avaient dû être suspendus pendant plusieurs heures. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montraient des scènes de totale anarchie, comme ces centaines de personnes courant près d’un avion de transport militaire américain qui roulait pour aller se mettre en position de décollage, pendant que certaines tentaient follement de s’accrocher à ses flancs ou à ses roues.
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Le fulgurant triomphe des insurgés a déclenché des scènes de panique monstre. Une marée humaine s’est précipitée vers ce qui est la seule porte de sortie de l’Afghanistan pour tenter d’échapper au nouveau régime que le mouvement islamiste, de retour au pouvoir après 20 ans de guerre, promet de mettre en place.
Les forces spéciales à Kaboul
Avec ce premier vol, “nous avons posé les bases d’un pont aérien entre Kaboul et les Émirats arabes unis”, où la France dispose d’une base militaire, la base aérienne 104 Al Dhafra, a précisé mardi Mme Parly. Un premier appareil, un A400 M de transport militaire, parti de France lundi pour les Émirats, a amené des forces spéciales à Kaboul pour participer aux opérations d’évacuation de plusieurs dizaines de Français ainsi que de certains Afghans.
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“Nous voyons arriver dès maintenant un détachement des forces spéciales françaises qui vont contribuer à la sécurisation de l’aéroport […] et permettre les embarquements et les évacuations des ressortissants français, des ressortissants communautaires et des personnalités afghanes que nous projetons de mettre en sécurité dans les jours qui viennent”, a déclaré à Kaboul à l’AFP David Martinon, ambassadeur de France, avant le départ de l’appareil.
Ce premier vol embarquait aussi “les Gurkhas de l’ambassade de France, qui sont ces soldats d’élite indiens et népalais, qui rentrent chez eux leur mission achevée”, a-t-il précisé. Les autorités refusent d’indiquer à ce stade combien de personnes au total la France va exfiltrer dans le cadre de cette opération baptisée Apagan. Elle mobilise deux avions de l’armée de l’air sur le tronçon Émirats-Kaboul et deux autres pour les vols entre les Émirats et la France.
“L’urgence absolue est de mettre en sécurité nos compatriotes, qui doivent tous quitter le pays, ainsi que les Afghans qui ont travaillé pour la France”, a déclaré lundi soir le président Emmanuel Macron. Mme Parly a aussi évoqué les difficultés que rencontrent certains Afghans voulant être évacués par la France pour se rendre à l’aéroport en raison des barrages installés par les talibans.
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Incertitudes autour du rapatriement des derniers auxiliaires afghans de l’armée française
Le sort des Afghans employés par l’armée française pendant ses opérations dans leur pays fait l’objet depuis des années de nombreuses polémiques, leurs soutiens accusant la France d’avoir failli à son devoir de protection en répugnant à leur accorder des visas. Quelques heures après le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan, Emmanuel Macron a réitéré lundi soir, lors d’une allocution télévisée, l’engagement de la France à “protéger ceux qui ont travaillé pour elle”.
Qui sont ces auxiliaires afghans ? De 2001 à 2014, 770 personnels civils de recrutement local (PCRL) ont collaboré avec l’armée française en tant qu’interprètes, chauffeurs ou employés de maison en Afghanistan. “Le plus gros du contingent concerne des cantiniers, des opérateurs radio, toutes les petites mains”, détaille Me Romain Chilly, un avocat français dont le cabinet assiste une trentaine d’entre eux. S’y ajoutent des centaines de membres de leurs familles.
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Pourquoi sont-ils menacés ? Aux yeux des talibans, “travailler pour une armée étrangère, c’est être un traître”, explique Me Chilly. “S’ils sont arrêtés, torturés ou violés, ce n’est pas parce qu’ils sont afghans mais parce qu’ils ont un lien avec la France”, résume sa consœur Me Affef Ben Mansour, qui défend deux familles afghanes. Début juin, les insurgés ont appelé les interprètes afghans des forces internationales à “se repentir” mais à rester en Afghanistan après le départ des troupes occidentales. Ils ont assuré qu’ils ne courraient “aucun danger de leur part”.
Konbini news avec AFP