Gérald Darmanin a annoncé dimanche soir porter plainte contre Audrey Pulvar, ancienne journaliste et tête de liste des socialistes aux élections régionales en Île-de-France. Il l’accuse de “diffamer la police“, notamment après qu’elle a jugé “glaçante” la manifestation policière devant l’Assemblée nationale.
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“Les propos de madame Pulvar dépassent le simple cadre d’une campagne électorale et viennent profondément diffamer la police de la République. Je porte plainte au nom du ministère de l’Intérieur“, a tweeté le ministre de l’Intérieur, vivement critiqué par l’opposition pour avoir salué les policiers au début du rassemblement.
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Une manifestation “soutenue par l’extrême droite, à laquelle participe un ministre de l’Intérieur, qui marche sur l’Assemblée nationale pour faire pression sur les députés en train d’examiner un texte de loi concernant la justice, c’est une image qui pour moi était assez glaçante“, avait expliqué l’ex-journaliste samedi sur France info.
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Il s’agit d’une plainte pour “diffamation” qui vise “une succession de propos“, a précisé à l’AFP l’entourage de Gérald Darmanin, lui-même candidat aux régionales dans les Hauts-de-France et aux départementales dans le Nord.
La liste de Mme Pulvar, Île-de-France en commun, a réagi en accusant “une atteinte à la liberté d’expression d’une extrême gravité“. La liste a écrit dans un communiqué que “cette tentative d’intimidation d’une candidate d’opposition, par un ministre de l’Intérieur, par ailleurs en charge de l’organisation des élections […] est sans précédent sous la Ve République“.
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“Jusqu’ici dans une démocratie, on pouvait encore exprimer une opinion sans que le ministre chargé des élections ne se sente autorisé à intimider une adversaire politique. Total soutien à @AudreyPulvar“, a tweeté de son côté le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, dans la nuit de dimanche à lundi.
“Darmanin joue les gros bras“, selon Jean-Luc Mélenchon
Le 19 mai dernier, des milliers de policiers ont manifesté devant l’Assemblée nationale, à l’appel de quatorze organisations syndicales, réclamant davantage de moyens et de sévérité en matière de peines.
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Plusieurs responsables politiques de gauche, dont la maire de Paris Anne Hidalgo, Olivier Faure et l’écologiste Yannick Jadot, s’étaient joints à ce rassemblement, ainsi que des élus de tous bords politiques, du Rassemblement national au Parti communiste. Seuls les responsables de La France insoumise se sont abstenus d’y participer.
“Pleine solidarité avec Audrey Pulvar“, a tweeté dans la soirée le dirigeant Insoumis Jean-Luc Mélenchon :”Darmanin joue les gros bras. Il veut intimider. Sa plainte montre sa faiblesse et sa peur des organisations policières qui font la loi dans son ministère“.
La plainte vise également une vidéo de juin 2020, exhumée samedi sur Twitter par Pierre Liscia, porte-parole de Libres !, le mouvement de Valérie Pécresse, candidate à sa réélection en Île-de-France, a précisé l’entourage du ministre. Audrey Pulvar y dénonce “le racisme dans la police” en France, lors d’une manifestation à Paris en hommage à George Floyd, cet Afro-Américain tué par un policier à Minneapolis.
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Interrogé sur la prescription frappant ces propos (le délai est de trois mois en matière de diffamation), l’entourage de Gérald Darmanin a répondu qu’ils pouvaient “être versés en accompagnement de la plainte pour l’étayer“.
Dans son communiqué publié dimanche soir, la liste d’Audrey Pulvar, Île-de-France en Commun, a annoncé porter plainte à son tour contre Gérald Darmanin. “Nous avons décidé de porter plainte contre le ministre de l’Intérieur pour diffamation et dénonciation calomnieuse”, a écrit la liste. Une bataille de plaintes qui devrait se traduire par avocats interposés dans les prochains jours.
Konbini news avec AFP