L’impact de la pandémie sur les services de santé concerne aussi la santé reproductive et sexuelle. Selon un rapport de l’agence onusienne UNFPA rendu public jeudi, la pandémie de Covid-19 a empêché 12 millions de femmes d’accéder à des moyens contraceptifs en 2020, conduisant à 1,4 million de grossesses non désirées.
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Dans un communiqué de l’agence directrice des Nations unies en charge des questions de santé sexuelle et reproductive, sa directrice, Natalia Kanem, a souligné que “les grossesses ne s’arrêtent pas lors des pandémies ou des crises. Nous devons veiller à ce que les femmes et les filles aient un accès ininterrompu aux contraceptifs vitaux et aux médicaments de santé maternelle”.
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Selon le rapport, l’accès à des moyens contraceptifs a été altéré en 2020 parce que les femmes ont réorienté leurs ressources financières suite aux restrictions de déplacements. Dans les données recueillies par l’agence onusienne, les difficultés d’accès aux programmes de planning familial ont surtout été constatées lors des mois d’avril et mai, au plus fort du début de la pandémie.
Une situation qui concerne tous les pays, dépendamment de la continuité des services de planning familial. L’UNFPA, Avenir Health, l’université Johns Hopkins et l’université de Victoria avaient modélisé, au tout début de la crise sanitaire, l’impact de la perturbation des systèmes de santé sur l’accès aux moyens contraceptifs et les grossesses non désirées : les risques de complications et même de mortalité sont élevés, à une période où les systèmes de santé sont déjà surchargés. De plus, les différents confinements ont fait augmenter drastiquement les violences conjugales et sexuelles, ce qui accroît le risque de grossesse non désirée pour les femmes et les filles.
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Ces 12 millions de femmes vivent dans 115 pays. La pandémie les a empêchées d’accéder à des services de planning familial, particulièrement pour les mineures ou les femmes migrantes. Selon Médecins du Monde, qui a particulièrement analysé l’impact des épidémies en Afrique sur les droits reproductifs et des femmes, il y aurait 49 millions de femmes supplémentaires sans accès à des contraceptifs. En 2013, l’épidémie d’Ebola avait fait baisser le nombre d’utilisatrices de planification familiale, entraînant un grand nombre de décès maternels.
Des obstacles dans l’accès à l’avortement
Dans les pays où le droit à l’avortement est très restreint, comme le Chili (qui a vu l’IVG autorisée pleinement qu’en janvier 2021), l’année 2020 s’est soldée par des milliers d’avortements clandestins. Des femmes se sont retrouvées à avorter chez elles, avec des médicaments achetés sur Internet. Aux États-Unis, l’Ohio, le Texas et le Mississippi ont demandé en mars 2020 de fermer les cliniques d’avortement, invoquant la pénurie d’équipements, face à une procédure pas “médicalement essentielle”. Le Texas a ainsi menacé d’imposer des amendes de 1 000 dollars ou 180 jours de prison à tout médecin qui continuerait à pratiquer des avortements.
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En Italie, l’avortement est légal lors des 90 premiers jours de la grossesse, mais les formalités lourdes et un recours à “l’objection de conscience” du personnel médical pour refuser ce type de soins est répandu. Comme le rappelle l’ONG Human Rights Watch, les Italiennes sont souvent forcées à multiplier les consultations pour être prises en charge dans les temps. Certains établissements de santé en Italie ont suspendu les services relatifs aux avortements ou ont réaffecté le personnel gynécologique aux soins anti-Covid-19.
En France, la question de l’allongement du délai d’accès à l’IVG de 14 à 16 semaines pendant la crise sanitaire s’est jouée jusqu’à l’Assemblée nationale, provoquant des débats agités. Dans certains services de planning familial, comme à la Maison des femmes de Saint-Denis, créé par la gynécologue Ghada Hatem, les IVG médicamenteuses à domicile ont été allongées jusqu’à neuf semaines au lieu de sept.
“L’impact dévastateur du Covid-19 sur la vie de millions de femmes et de filles au cours de l’année écoulée souligne à quel point il est vital d’assurer la continuité des services de santé reproductive”, a insisté Natalia Kanem, directrice de l’UNFPA.
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Konbini news avec l’AFP