Mercredi, l’ancienne otage française Sophie Pétronin s’est défendue d’avoir agi de manière irresponsable en retournant au Mali, où elle dit être “chez elle”, alors que le gouvernement français a vivement critiqué cette décision. “Pourquoi irresponsable ? Je suis chez moi ici”, a-t-elle dit au téléphone à un correspondant de l’AFP.
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Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, avait peu auparavant dénoncé une “forme d’irresponsabilité” de la part de Sophie Pétronin, vis-à-vis de “sa sécurité” mais aussi vis-à-vis “de la sécurité de nos militaires”.
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“Lorsque nous avons des ressortissants qui sont pris en otage à l’étranger, ce sont nos militaires qui vont les secourir au péril de leur vie. Nous avons des soldats qui ont été tués dans le cadre d’opérations pour aller secourir des otages qui avaient été faits prisonniers dans des pays étrangers”, a souligné Gabriel Attal, qui a demandé du “respect pour nos soldats”.
“On suit cette situation et le Quai d’Orsay suit cette situation de très près”, a-t-il ajouté, sans donner de précisions sur la situation de Sophie Pétronin, dont le retour au Mali avait été annoncé mardi par plusieurs médias français.
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La septuagénaire avait été enlevée en décembre 2016 à Gao. En octobre 2020, sans véritable consultation avec Paris, le nouveau régime malien avait décidé de libérer plusieurs dizaines de prisonniers arrêtés pendant des opérations antijihadistes, contre quatre otages, dont la Française Sophie Pétronin.
Elle avait été accueillie à sa descente d’avion à Villacoublay par Emmanuel Macron. Mais Sophie Pétronin, qui a adopté une fillette au Mali, avait exprimé, sitôt libérée, son intention d’y retourner.
Où est-elle ?
Selon Mediapart, l’ancienne otage, âgée de 76 ans, est retournée au Mali depuis mars dernier, une information que Gabriel Attal n’a pas souhaité commenter. Les autorités maliennes, pour leur part, n’ont pas répondu aux questions de l’AFP, qui leur demandait si Sophie Pétronin était activement recherchée et si elle pourrait être reconduite à la frontière en cas d’interpellation.
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En fin de semaine dernière, la direction de la gendarmerie malienne avait donné instruction à toutes les unités de “rechercher très activement” Sophie Pétronin. Les gendarmes avaient reçu l’ordre de “l’appréhender et la conduire sous bonne escorte” à la direction de la gendarmerie, disait ce message interne publié sur des réseaux sociaux et authentifié par l’AFP auprès de services compétents.
Le message signalait la présence de Sophie Pétronin aux alentours de Sikasso, dans une région dangereuse située à la frontière du Burkina Faso et où sévissent des bandes armées. Mais aucune confirmation n’avait ensuite été apportée à sa présence dans cette région, d’ailleurs démentie par le trajet qu’elle aurait suivi, selon les informations de la presse.
Sophie Pétronin se trouvait récemment dans les faubourgs de Bamako, selon les informations d’un correspondant de l’AFP. L’ambassade de France à Bamako est elle aussi restée silencieuse sur le sujet.
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Indignation
Avant même la confirmation par Gabriel Attal de son retour au Mali, la candidate du RN à la présidentielle, Marine Le Pen, avait exprimé son indignation, jugeant le comportement de l’ex-otage “pas seulement irresponsable et ingrat”, mais aussi “indécent et indigne”.
“200 djihadistes ont été libérés pour sauver Mme Pétronin de sa captivité. Ces ennemis de la France ont pu reprendre les armes contre nos soldats qui exposent leur vie pour notre sécurité”, a-t-elle souligné.
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À gauche, le porte-parole du PS, Boris Vallaud, n’a pas masqué son embarras. “Je dirais à tout le moins que ça laisse circonspect, dans une forme d’incompréhension”, a-t-il commenté sur Sud Radio.
Depuis la libération de Sophie Pétronin, le journaliste français Olivier Dubois, disparu début avril au Mali et réapparu depuis dans une vidéo, est otage d’un groupe jihadiste.
Konbini news avec AFP