Femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles : les 22 mois de grève ont payé

Publié le par Astrid Van Laer,

Conseil des prud’hommes de Paris. Paris, le 7 avril 2021. © Pierrick Villette/Avenir Pictures/ABACAPRESS.COM

Un accord doit être signé ce mardi. Il prévoit de meilleures conditions de travail et une augmentation des salaires.

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La mobilisation sans faille des femmes de chambres de l’Ibis Batignolles à Paris, en grève depuis juillet 2019, va porter ses fruits : elles doivent signer ce matin un accord avec leur employeur, a-t-on appris auprès de la CGT-HPE (Hôtels de prestige et économiques).

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Les femmes de chambre ont notamment obtenu une augmentation des salaires, oscillant entre 250 et 500 euros. Elles ont également obtenu des garanties pour de meilleures conditions de travail, selon un communiqué de la CGT-HPE.

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Les femmes de chambre, qui travaillent pour une société sous-traitante, STN Groupe, ne seront en revanche pas intégrées par l’Ibis Batignolles, comme elles le réclamaient au groupe Accor. Elles avaient saisi en décembre les Prud’hommes pour demander leur embauche par le groupe Accor et dénoncer “la sous-traitance de la discrimination”.

Début avril, l’une des meneuses de la grève, Sylvie Kimissa, avait expliqué son combat : “dans cette société, c’est toujours le patronat qui gagne”, et argué : “Nous, les immigrés, ce n’est pas à nos droits auxquels on pense en premier, mais à l’argent pour vivre. Ces femmes sont invisibles, incapables de dénoncer leur situation.”

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Le personnel externe était payé à la tâche

Sylvie Kimissa avait débuté à l’Ibis Batignolles en 2013; où elle avait été titularisée au bout d’un an de CDD. Dans l’immense hôtel du 17e arrondissement, les sous-traitants s’étaient enchaîné et STN avait finalement récupéré le contrat des femmes de chambre en 2016.

“Après deux mois, ils commençaient à diviser les salariés. C’était une dictature militaire. Il y a des caméras partout dans l’hôtel. Quand ils nous voyaient discuter à deux ou trois, ils envoyaient les vigiles et nous mettaient des avertissements. On était terrorisées”, raconte-t-elle.

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Surtout, le personnel externe est payé à la tâche et non à l’heure. Pour six heures par jour, c’est-à-dire en théorie 21 chambres à nettoyer, Sylvie touchait jusque-là 1 000 euros mensuels. “Souvent on fait beaucoup plus, jusqu’à trois heures supplémentaires par jour, et elles ne sont jamais payées. Certaines font même beaucoup plus encore”, poursuivait-elle.

L’Ibis Batignolles, le deuxième plus grand hôtel Ibis de France avec plus de 700 chambres, est devenu par cette lutte, la plus longue jamais menée par la CGT-HPE, l’emblème des conditions de travail dégradées des femmes de chambre.

Konbini news avec AFP

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