Mardi 4 août, deux puissantes explosions successives ont secoué Beyrouth, faisant de nombreuses victimes, semant la panique et provoquant un immense champignon de fumée dans le ciel de la capitale libanaise. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré une première explosion suivie d’une autre qui provoque le gigantesque nuage de fumée. Les déflagrations ont fait trembler les immeubles et ont brisé des vitres à des kilomètres à la ronde.
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“C’est une catastrophe à l’intérieur (du port). Il y a des cadavres par terre. Des ambulances emmènent les corps”, a indiqué à l’AFP un soldat aux abords du port. Les médias locaux ont diffusé des images de personnes coincées sous des décombres, certaines couvertes de sang.
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“J’ai senti comme un tremblement de terre et puis après une énorme déflagration et les vitres se sont cassées. J’ai senti que c’était plus fort que l’explosion lors de l’assassinat de Rafic Hariri” en 2005, provoqué par une camionnette bourrée d’explosifs, a déclaré à l’AFP une Libanaise dans le centre-ville de Beyrouth.
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“Comme une bombe atomique”
Le secteur du port a été bouclé par les forces de sécurité, qui ne laissent passer que la défense civile, les ambulances aux sirènes hurlantes et pompiers, selon des correspondant·e·s de l’AFP à l’entrée du port. Aux abords, les dégâts matériels et destructions sont importants. “C’était comme une bombe atomique. J’ai tout vu (dans ma vie), mais rien de tel”, a témoigné Makrouhie Yerganian, professeur à la retraite qui vit depuis plus de soixante ans en face du port.
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Plus de deux heures après l’explosion, les flammes enveloppaient toujours le secteur. Un hélicoptère collecte de l’eau de la mer pour éteindre les incendies. “Nous avons vu un peu de fumée et ensuite une explosion. Puis le champignon. La force de l’explosion nous a propulsés en arrière dans l’appartement”, a raconté un habitant du quartier de Manssouriyeh, qui a assisté à la scène depuis son balcon, à plusieurs kilomètres du port.
Après les explosions, de nombreux habitant·e·s, dont certains blessé·e·s, marchaient vers des hôpitaux dans plusieurs quartiers de Beyrouth. Devant le centre médical Clémenceau, des dizaines de blessé·e·s parmi lesquels des enfants, parfois couvert·e·s de sang, attendent d’être admises.
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Des voitures, avec leurs airbags gonflés, mais aussi des bus ont été abandonnés au beau milieu de plusieurs routes. Selon des témoins, les déflagrations ont été entendues jusqu’à la ville côtière de Larnaca, à Chypre, distante d’un peu plus de 200 kilomètres des côtes libanaises.
Un pays en deuil
Aujourd’hui, mercredi 5 août, le Liban est en deuil national. Dans les ruines fumantes du port de Beyrouth, au milieu d’immeubles éventrés, les secouristes tentent de retrouver des victimes, au lendemain des deux énormes explosions. Selon le dernier bilan de la Croix-Rouge libanaise, plus de 100 personnes ont été tuées et plus de 4 000 autres blessées. Un précédent bilan du ministère de la Santé faisait état de 78 morts.
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La capitale libanaise, déclarée ville “sinistrée”, s’est réveillée sous le choc, après ces explosions d’une telle puissance qu’elles ont été enregistrées par les capteurs de l’Institut américain de géophysique (USGS) comme un séisme de magnitude 3,3.
Dans l’épicentre de l’explosion, dont le souffle a été ressenti jusque sur l’île de Chypre, à plus de 200 kilomètres, le paysage est apocalyptique : les conteneurs ressemblent à des boîtes de conserve tordues, les voitures sont calcinées, le sol jonché de valises et de papiers provenant des bureaux avoisinants, soufflés par l’explosion.
Des Casques bleus ont été grièvement blessés à bord d’un navire amarré dans le port, selon la mission de l’ONU au Liban. Des secouristes, épaulé·e·s par des agents de sécurité, ont cherché toute la nuit des survivant·e·s ou des corps coincés sous les décombres. Les opérations continuent, selon la Croix-Rouge. Les hôpitaux de la capitale, déjà confrontés à la pandémie de Covid-19, sont saturés.
La cause déterminée
Le Premier ministre, Hassane Diab, a promis que les responsables devraient “rendre des comptes”. Le gouvernement pointe du doigt une cargaison de nitrate d’ammonium stockée “sans mesures de précaution” dans le port. “Il est inadmissible qu’une cargaison de nitrate d’ammonium, estimée à 2 750 tonnes, soit présente depuis six ans dans un entrepôt, sans mesures de précaution. C’est inacceptable et nous ne pouvons pas nous taire”, a déclaré le Premier ministre devant le Conseil supérieur de défense, selon un porte-parole.
Le nitrate d’ammonium, substance qui entre dans la composition de certains engrais mais aussi d’explosifs, est un sel blanc et inodore utilisé comme base de nombreux engrais azotés sous forme de granulés. Cette substance a causé plusieurs accidents industriels dont l’explosion de l’usine AZF à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, en 2001.
Des pays se mobilisent pour venir en aide au Liban
De nombreux pays ont proposé de l’aide au Liban, notamment la France, qui doit envoyer aujourd’hui plusieurs tonnes de matériel sanitaire et un détachement de la sécurité civile. Les États-Unis ont également proposé leur aide, ainsi que l’Allemagne, qui compte des membres du personnel de son ambassade à Beyrouth parmi les blessé·e·s.
Même Israël a proposé “une aide humanitaire et médicale” à son voisin libanais, avec lequel il est techniquement toujours en guerre. Ce drame survient alors que le Liban connaît sa pire crise économique depuis des décennies, marquée par une dépréciation inédite de sa monnaie, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques.