Bientôt, il y aura des téléphones en prison. Légalement. Il y a lieu de préciser tant les mobiles circulent déjà dans ces lieux de privation de liberté où ils sont pourtant interdits.
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En 2017, quelque 40 000 téléphones portables ont été saisis en prison. Ramené au nombre de personnes incarcérées, soit 71 828 selon un décompte de 2019, c’est énorme. De plus en plus faciles à dissimuler, les GSM sont monnaie courante en prison. Tout le monde le sait. Des vidéos tournées en milieu carcéral fuitent régulièrement sur les réseaux sociaux.
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Face à l’incapacité de l’administration pénitentiaire d’éradiquer la circulation des téléphones, les autorités ont donc préféré réglementer leur accès. Dès 2018, la ministre de la Justice Nicole Belloubet avait annoncé un plan d’installation de 50 000 téléphones fixes dans les prisons.
Aujourd’hui, Le Monde révèle que ce dispositif sera étendu à toutes les cellules des 188 établissements pénitentiaires qui émaillent l’Hexagone d’ici à 2021. 12 000 cellules réparties sur 60 établissements sont déjà équipées, précise le quotidien national.
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Un dispositif très réglementé
Exception faite, naturellement, des quartiers disciplinaires.
Toutefois, les détenus ne pourront converser qu’avec des individus autorisés par l’administration pénitentiaire. Mis à part ces numéros préenregistrés dans le téléphone, impossible pour eux de contacter quelqu’un d’autre. De même, il ne sera pas possible pour une personne à l’extérieur d’appeler un détenu.
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L’idée, c’est de privilégier le lien avec les proches, et de prévenir les suicides, a expliqué Stéphane Bredin, directeur de l’administration pénitentiaire, dans les colonnes du Monde. L’autre avantage de ces téléphones fixes, c’est que toutes les conversations sont enregistrées. “Ce qui ne veut pas dire écoutées”, s’empresse d’ajouter Le Monde.
Jusqu’alors, les détenus ne pouvaient contacter leur famille qu’à heures fixes, généralement en plein milieu de la journée, comme le rappelle L’Express. Difficile pour eux, dès lors, de parler à leurs enfants par exemple.
Mais attention, en prison, tout se paye. Et très cher. C’est une société privée qui finance l’installation de ces téléphones et qui compte bien se rémunérer sur les communications : 8 centimes la minute vers un autre fixe, rapporte Le Monde. Pour défendre ce tarif, l’administration pénitentiaire argue que c’est toujours 32 % moins cher qu’avant, pour les appels passés depuis les cabines téléphoniques.
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Censée lutter contre le trafic de téléphones portables en prison, la mesure a déjà fait ses preuves dans la prison de Montmédy, située dans la région Grand Est, qui avait permis de faire baisser le trafic de portables de 20 %.