Récemment, Nancy Pelosi a été victime d’un “deepfake”, une vidéo truquée qui a très vite battu des records de viralité. Le “deepfake”, ou “vidéo hyper truquée” en français, est devenu une pratique courante pour tromper les internautes les plus aguerris. Cette configuration spécifique de vidéos virales représente aujourd’hui le symbole d’une nouvelle forme de désinformation possible grâce à l’essor de l’intelligence artificielle.
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Au départ, une vidéo truquée
C’est l’histoire banale d’une vidéo de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants aux États-Unis, qui très vite a rencontré une viralité malsaine. Sur la séquence vidéo en question, postée d’abord sur le compte Facebook conservateur Politics WatchDog, Nancy Pelosi semble avoir du mal à prononcer son discours. Elle bute sur les mots, accentue l’articulation et accompagne ses paroles de gestes lents. Tout laisse à croire qu’elle est… ivre !
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Immédiatement, la twittosphère s’agite et la vidéo est relayée des milliers de fois, notamment par des comptes situés dans la mouvance de l’“alt-right“, l’extrême droite américaine dont Donald Trump est le héros. Très vite, elle dépasse les 2 millions de vues et est partagée plus de 50 000 fois.
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Une falsification simpliste
Peu de gens s’interrogent sur la réalité de cette séquence, et Nancy Pelosi est accusée d’addiction à l’alcool, ce qui fait très mauvais effet pour une responsable politique de cette envergure. Pourtant, cette vidéo est fausse : elle a été trafiquée.
Une analyse du Washington Post précise qu’elle a été ralentie à 75 % de sa version originelle et, pour dissimuler ce ralentissement, le son aussi a été modifié. Une vidéo dont on a simplement ralenti certains passages et maquillé les altérations est donc passée pour vraie auprès d’un large public de crédules. Simple et efficace !
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Le “deepfake”, une technique de désinformation massive
Si cette technique de trucage semble simpliste, il existe d’autres moyens plus sophistiqués donnant des résultats bluffants, c’est ce qu’on appelle le “deepfake”. Ainsi, grâce à l’intelligence artificielle, il est aujourd’hui possible de reproduire des voix et de créer des fausses vidéos à partir d’enregistrements préexistants.
Le principe est simple : quelques heures d’enregistrement permettent à l’IA de reproduire les mouvements de bouche et/ou le visage d’une personne pour les superposer sur un visage créé de toutes pièces. L’exemple le plus célèbre est celui de la vidéo publiée par Buzzfeed en 2018 et visionné par plus de 5 millions d’internautes. Barack Obama y tient des propos hallucinants sur son successeur Donald Trump tels que : “Le président Trump est un idiot total et absolu !”
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Plus impressionnant encore, il est possible aujourd’hui de créer une vidéo à partir d’une seule image. La technique n’est pas encore au point, mais elle a permis de faire parler La Joconde ou encore un portrait de Raspoutine.
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Ces technologies, allant de la plus simple à la plus élaborée, existent aujourd’hui en dehors des laboratoires de recherche et deviennent par leur accessibilité une arme de désinformation massive.
Samira Bourezama