Trois élues démocrates américaines ont décidé de raconter, ensemble et publiquement, les conditions dans lesquelles elles ont avorté, afin de défendre un droit menacé par une offensive des États conservateurs. Barbara Lee, 75 ans, Pramila Jayapal, 56 ans, et Cori Bush, 45 ans, décriront leurs expériences devant une commission du Congrès jeudi.
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“J’espère être capable, avec mon témoignage, de convaincre qu’il faut lutter contre ce qui est en train de se passer” dans tout le pays, a expliqué Mme Lee lors d’un entretien avec ses consœurs, diffusé par la chaîne NBC la veille de cette audition. L’élue afro-américaine y raconte comment, à l’âge de 16 ans, elle s’est retrouvée enceinte sans trop comprendre ce qu’il lui arrivait. “J’avais entendu des histoires d’abeilles et d’oiseaux”, confie-t-elle, en rappelant qu’à l’époque, il n’existait pas de cours d’éducation sexuelle.
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La Cour suprême des États-Unis n’avait pas non plus rendu son arrêt historique “Roe v. Wade” qui, en 1973, a reconnu que les Américaines avaient un droit constitutionnel à avorter. Avec l’aide d’une amie de sa mère, elle s’est donc rendue au Mexique pour interrompre sa grossesse “dans une clinique clandestine”. “J’étais terrifiée, je ne comprenais pas ce qu’il se passait, mais j’ai survécu, dit-elle. C’est pour ça qu’il est important que je témoigne aujourd’hui, je veux qu’aucune femme n’ait à revivre ça.”
“On va se battre pour vous comme si on se battait pour notre propre capacité à choisir”
Depuis le 1er septembre, le risque existe pourtant au Texas, où une nouvelle loi interdit d’avorter une fois que les battements de cœur de l’embryon sont détectables, soit à environ six semaines de grossesse, quand la plupart des femmes ignorent encore être enceinte. Ailleurs, des dizaines de restrictions ont aussi été adoptées depuis le début de l’année.
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Pour cette raison, “le moment est venu de partager mon expérience”, déclare Cori Bush, qui raconte dans cet entretien comment un homme plus âgé a abusé d’elle quand elle avait 17 ans. “J’ai été violée, je suis tombée enceinte, j’ai avorté. Et je n’ai pas honte”, a-t-elle aussi résumé sur Twitter.
Après s’être tue pendant des années pour ne pas heurter ses parents, des immigrés indiens, Pramila Jayapal avait, elle, déjà brisé le tabou en 2019. Sur CNBC, elle raconte à nouveau sa première grossesse “incroyablement difficile”, et la naissance d’un enfant grand prématuré, qui n’était pas censé survivre.
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Alors, quand elle est tombée à nouveau enceinte, malgré l’utilisation de moyens contraceptifs, elle ne s’est pas sentie capable d’affronter à nouveau cette épreuve. “J’avais fait une dépression, j’avais même pensé à me tuer, il n’y avait pas moyen que je revive ça.” “Nous comprenons intimement” votre expérience, conclut-elle à l’adresse des femmes qui cherchent aujourd’hui à avorter. “Et on va se battre pour vous comme si on se battait pour notre propre capacité à choisir.”
Konbini news avec AFP