Brenton Tarrant, le terroriste de Christchurch, était-il en lien avec la mouvance identitaire en Europe ? L’homme, qui a abattu 50 personnes devant deux mosquées en Nouvelle-Zélande mi-mars, est en tout cas suspecté d’avoir noué des relations avec des membres de l’ultra droite européenne. Avant de commettre son carnage, Brenton Tarrant a en effet séjourné en Autriche et en France.
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C’était en 2017. Depuis, les enquêteurs travaillent à retracer son itinéraire au sein du Vieux Continent. Lors de son parcours, plusieurs dons du suprémaciste blanc à des groupes identitaires français et autrichiens posent aujourd’hui la question d’échanges directs ou indirects entre les deux parties.
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Des dons en France et en Autriche
En Autriche, Martin Sellner, le leader du Mouvement identitaire autrichien (IBÖ), a reconnu fin mars avoir reçu début 2018 un don de 1 500 € versé par Brenton Tarrant. “Désolé, mais je ne peux pas demander à chaque donateur s’il a l’intention de commettre une attaque terroriste dans l’année, et dans ce cas le rembourser”, s’était alors défendu Martin Sellner, affirmant n’avoir jamais rencontré Brenton Tarrant. Il est depuis visé par une enquête judiciaire pour “soupçon de participation à une organisation terroriste”. Le gouvernement autrichien a indiqué à la suite de ces révélations qu’il n’excluait pas une dissolution du Mouvement identitaire autrichien.
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En France, Martin Sellner est aussi connu pour avoir participé à une opération anti-migrants à la frontière franco-italienne, près de Briançon (Hautes-Alpes), au printemps 2018.
Our helicopters are controlling the are from above. Our activists are guarding the ground.
— Martin Sellner (@Martin_Sellner) 21 avril 2018
This is Europe not Africa.#defendeurope#StopMigrantsAlpes pic.twitter.com/kiym7sCZlI
Une opération appuyée logistiquement par des dizaines de militants de Génération identitaire en France. Et qui aurait été coordonnée par Damien Rieu, ancienne figure du mouvement, proche de Marion Maréchal Le Pen et désormais collaborateur parlementaire du député Gilbert Collard (sous son vrai nom Damien Lefèvre).
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Quand on veut on peut : oui il est possible de contrôler nos frontières. La preuve avec @DefendEuropeID. #StopMigrantsAlpes #DefendEurope pic.twitter.com/T2igaU1xKx
— Damien Rieu (@DamienRieu) 21 avril 2018
Une expédition qui a coûté 30 000 euros à Génération identitaire, expliquait Damien Rieu sur CheckNews, fin avril 2018. Une partie du financement provenait “de gens qui donnent à Génération identitaire à titre personnel”, rapportait alors ce dernier.
Mercredi 3 avril, le quotidien autrichien Der Standard a révélé qu’en plus du virement à la branche autrichienne de Génération identitaire, Brenton Tarrant aurait également réalisé 4 dons à son pendant français à l’automne 2017. D’après la police judiciaire allemande, citée dans le quotidien allemand Die Zeit, 2 200 euros leur auraient été versés entre le 18 et le 25 septembre 2017.
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“Deux traces de virement”
Contacté par Konbini news, le porte-parole de Génération identitaire en France, Romain Espino, assure n’avoir jamais eu d’échanges avec Brenton Tarrant : “Personne de chez nous ne connaissait ce personnage.” Il confirme toutefois que “deux traces de virement […] d’un montant total de 1 000 euros” sont apparues sur les relevés d’un ancien compte bancaire du mouvement, aujourd’hui clôturé. “Nous l’avons signalé aux autorités compétentes ce matin [jeudi 4 avril, ndlr]”, indique Romain Espino, précisant avoir obtenu ces informations seulement la veille au soir.
Le porte-parole de Génération identitaire indique que ce compte bancaire serait inactif depuis la campagne Defend Europe dans les Hautes-Alpes. Ce dernier ne peut, à ce jour, ni confirmer ou infirmer que ces dons aient pu contribuer à financer l’opération à la frontière franco-italienne. Contacté par Konbini news, Damien Rieu explique de son côté ne pas s’être occupé du financement de cette action et ne pouvoir répondre sur ce point.
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Jeudi, en fin d’après-midi, un communiqué de Génération identitaire est venu apporter des informations supplémentaires. “Durant le mois d’août 2017, [Brenton Tarrant] a notamment fait un don sur notre ancien compte bancaire auquel nous n’avons plus accès.” Précisant : “Génération identitaire n’est pas responsable des agissements d’individus qui lui adressent des dons.”
Depuis son intrusion dans les locaux de la Caisse d’allocations familiale (CAF) de Bobigny, le groupe Génération identitaire est aujourd’hui dans le viseur du gouvernement. L’exécutif a annoncé mercredi étudier les moyens de dissoudre le mouvement. Sur le toit de l’établissement, les militants avaient déployé une banderole avec ce slogan : “De l’argent pour les Français, pas pour les étrangers.”