“Nous avons besoin de vous” : c’est l’alerte lancée mardi par la militante écologiste Claire Nouvian. La raison de cet appel à mobilisation ? Un vote qui a lieu au Parlement européen le 3 mai prochain. Les eurodéputés y seront invités à se prononcer en faveur ou en défaveur de l’interdiction des méthodes de pêche destructrices dans les aires marines protégées.
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Déjà, une AMP, ça sert à quoi ?
En premier lieu, qu’est-ce donc qu’une aire marine protégée (AMP) ? Le gouvernement les définit ainsi : “Ce sont des espaces délimités en mer qui répondent à des objectifs de protection de la biodiversité marine et qui favorisent la gestion durable des activités maritimes.”
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D’après WWF, leur but est d’“améliorer la conservation de la biodiversité marine dans les zones qui sont sous leur juridiction”. Les parcs nationaux comme Port-Cros ou les Calanques et les réserves naturelles telles que les Bouches de Bonifacio en font par exemple partie.
Selon l’ONG, si 7,4 % du bassin méditerranéen est couvert par des aires marines protégées, “seulement 0,04 % fait l’objet d’une protection forte”. Ce que plussoie Claire Nouvian dans son appel à mobilisation : “Les zones protégées ne le sont pas du tout”, pointe-t-elle du doigt.
Pour Bloom, qui lutte contre la destruction des océans et des pêcheurs, ce vote, c’est “l’occasion de redonner du sens aux mots de façon que AMP ne signifient pas ‘aires marines exploitées'”.
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Je ne suis pas pêcheur, en quoi ça me concerne ?
D’après l’association fondée par Claire Nouvian, “la réalité des aires marines dites ‘protégées’ est que leur immense majorité n’est absolument pas protégée”. “Il est parfaitement possible d’y extraire des ressources ou d’y pêcher avec des engins tractés qui raclent les fonds marins, comme le chalutage de fond”, dénonce-t-elle, expliquant :
“C’est l’une des pires techniques de pêche au monde. Elle consiste à racler le plancher océanique avec de lourds engins, en capturant les espèces sans distinction ou presque, le tout à grand renfort de carburant. Elle représente 26 % des prises au niveau mondial.”
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Et d’assurer : “86 % des eaux européennes dites ‘protégées’ sont intensément chalutées.” Pour Bloom, ce vote aura donc “une influence majeure sur l’ambition écologique de l’Union européenne en matière de préservation des puits de carbone et de la biodiversité”.
Car si ce vote peut paraître très éloigné des préoccupations des citoyens français, déjà étranglés par de nombreuses problématiques comme l’inflation et sollicités par les élections, en réalité, il peut avoir à long terme un impact concret.
En effet, les experts réunis sur la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques IPBES, cités par Bloom, expliquent le lien entre pillage des océans et conséquences pour le climat : “À l’échelle mondiale, on estime que la perturbation du carbone des sédiments marins jusque-là non perturbés par le chalutage libère l’équivalent de 15 à 20 % du CO2 atmosphérique absorbé chaque année par l’océan.”
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Emmanuel Macron et les députés LREM interpellés
Dès le lendemain de la réélection d’Emmanuel Macron à la tête de l’État, Claire Nouvian avait prévenu : “Maintenant : pression de ‘dingue’ à Emmanuel Macron et son monde sur chaque décision climaticide.”
C’est avec ce vote européen que la militante écologiste a décidé de débuter cette pression, afin de montrer que “le climat et la biodiversité valent plus que les intérêts des lobbies”. “M. Macron, allez-vous vraiment commencer votre mandat par un vote climaticide et anti-écologique ?” l’interroge-t-elle.
“Pour gagner ce vote, nous avons besoin que les députés LREM et Renew, leur groupe parlementaire dirigé par Stéphane Séjourné, s’engagent à le voter et à ne pas bloquer cette avancée”, explique Claire Nouvian dans une publication Instagram, exhortant les internautes à interpeller massivement M. Séjourné.
Et Bloom de rappeler que même s’ils parviennent à faire voter ce texte, cela ne serait que le début d’un plus long combat : “Le vote d’un rapport d’initiative ne crée pas encore de norme contraignante, mais est une première étape indispensable pour obtenir l’interdiction des activités destructrices dans les aires protégées.”