C’est lors d’une conférence des donateurs que les 2,44 milliards de dollars ont été mobilisés. C’est bien en deçà des fonds espérés pour “mettre fin à la spirale de la mort” dans le pays en proie à une dramatique crise humanitaire à la suite de l’arrivée au pouvoir des talibans.
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L’objectif visé est loin d’être atteint pour l’ONU, qui avait saisi la communauté internationale du plus grand appel de fonds jamais lancé pour un seul pays. Elle espérait mobiliser 4,4 milliards de dollars (l’équivalent de 3,9 milliards d’euros) lors de cet événement virtuel co-organisé avec le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Qatar, ce qui aurait permis de tripler le montant demandé en 2021.
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Dans le discours d’ouverture de la conférence, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait appelé à une “action immédiate” sans laquelle “nous ferons face à une crise de la faim et de malnutrition en Afghanistan”. “Un million d’enfants en sévère malnutrition sont au bord de la mort”, avait-il mis en garde. Certains “vendent déjà leurs enfants et des parties de leur corps pour nourrir leur famille”. “Le premier pas de toute réponse humanitaire significative doit être d’enrayer la spirale de la mort de l’économie afghane”, avait-il plaidé.
“Épargner le peuple”
Les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan le 15 août, après le retrait précipité des forces étrangères dirigées par les États-Unis. La crise humanitaire dans le pays s’est rapidement aggravée depuis. L’ONU plaide depuis des mois pour un allègement des sanctions occidentales infligées à Kaboul après le retour au pouvoir des insurgés.
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“Les pays riches et puissants ne peuvent pas ignorer les conséquences de leurs décisions sur les plus vulnérables”, a estimé Antonio Guterres. “La communauté internationale doit trouver des moyens d’épargner le peuple afghan”. Le pays subit en outre sa pire sécheresse depuis des décennies.
“La situation est incroyablement fragile”, a résumé le coordinateur humanitaire des Nations unies, Martin Griffiths. La vie “ne tient qu’à un fil pour la moitié de la population”. Les talibans ont suscité la semaine dernière l’indignation en ordonnant la fermeture des écoles secondaires de filles quelques heures seulement après avoir autorisé leur réouverture pour la première fois depuis leur prise de pouvoir.
Lors de la conférence, les cheffes de la diplomatie britannique et allemande Liz Truss et Annalena Baerbock ont condamné cette fermeture. “Aucun pays ne peut prospérer si la moitié de sa population est laissée de côté”, a déclaré Mme Truss, pressant pour que les femmes soient “au cœur” de la réponse humanitaire internationale.
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Les femmes et les enfants en priorité
Les avancées pour les femmes ces vingt dernières années en Afghanistan “ne doivent pas fondre comme de la glace au soleil”, a insisté son homologue allemande, annonçant que son pays allait fournir 200 millions d’euros d’aide. Le Royaume-Uni a promis de verser 380 millions de dollars d’aide au cours du prochain exercice financier, et qu’au moins 50 % de cette aide serait destinée aux femmes et aux filles. Les États-Unis se sont eux engagés à fournir près de 204 millions de dollars d’aide humanitaire.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, Majed Al-Ansari, a déclaré qu’il était important pour les talibans d’entendre de la part du monde musulman que “les enseignements de l’islam ne confinent pas les femmes”. “Nous devons condamner très fermement et parler très clairement aux talibans de toute violation des droits humains, mais nous ne devons pas non plus abandonner l’Afghanistan. Nous avons abandonné l’Afghanistan une fois, et nous savons quel en a été le résultat”, a-t-il ajouté.
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Déjà début mars, lors d’une conférence des donateurs similaire pour le Yémen, l’ONU n’était pas parvenue à récolter les 4,27 milliards de dollars espérés, ne mobilisant que 1,3 milliard de dollars.
Konbini news avec AFP