Deux ans après sa mort tragique à Nantes lors de la Fête de la musique, l’enquête a établi que Steve Maia Caniço était tombé dans la Loire “dans le temps de l’intervention de la police” pour disperser le rassemblement auquel le jeune homme participait, a annoncé jeudi le parquet de Rennes.
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Nous nous étions rendus sur place quelques semaines avant sa disparition.
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L’analyse des relevés de son téléphone a “permis de situer le moment de la chute de Steve Maia Caniço dans la Loire à 4 heures et 33 minutes, soit dans le temps de l’intervention de la police nationale” sur le quai Wilson où se déroulait la soirée, a indiqué Philippe Astruc, le procureur de la République de Rennes où l’affaire a été dépaysée.
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“Le magistrat instructeur a adressé cette semaine différentes convocations pour le mois de juillet, pouvant aboutir à une mise en examen ou au placement sous le statut de témoin assisté, à six personnes physiques et deux personnes morales”, indique Philippe Astruc.
Il s’agit notamment du “directeur départemental de la sécurité publique de Loire-Atlantique par intérim” et du “commissaire divisionnaire en charge du dispositif sur le Quai Wilson au moment des faits”.
Les autres personnes convoquées sont la maire de Nantes et son adjoint à la sécurité “au moment des faits”, ainsi que le préfet de Loire-Atlantique et “le sous-préfet, directeur de cabinet du préfet en poste au moment des faits“, selon le communiqué. La mairie de Nantes et Nantes Métropole sont également convoquées au titre de personnes morales.
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“La phase de recueil des témoignages et des éléments techniques permettant d’avoir une vision précise du déroulement des faits du 22 juin et des modalités de préparation de la fête de la musique est à ce stade globalement terminée. Sur la base de ces éléments, s’ouvre désormais ‘la phase d’analyse des responsabilités pénales susceptibles d’être ou non retenues sous la qualification d’homicide involontaire’.” Les convocations de juillet entrent dans ce cadre.
Le fameux rapport de l’IGPN erroné
“La géolocalisation précise de Steve Maia Caniço sur le quai Wilson au moment de sa chute dans la Loire n’a […] pu être techniquement établie. Les témoignages recueillis permettent cependant de la situer dans la zone dépourvue de barriérage concernée par quatre autres chutes concomitantes à l’intervention de la police”, précise Philippe Astruc. L’intervention de la police s’était “déroulée en plusieurs phases […] entre 4 heures 24 et 4 heures 52″.
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“La famille de Steve Maia Caniço est profondément soulagée que cette affaire amène vers une possible ou des possibles mises en examen […] et le lien de causalité peut donc être fait entre l’intervention policière et la chute mortelle de Steve Maia Caniço”, a réagi l’avocate de la famille, Me Cécile de Oliveira.
Selon elle, “la famille est assez sidérée par le fait que le rapport de l’IGPN […] sur la base duquel le Premier ministre avait communiqué […] pour dire qu’il n’y avait pas de lien entre l’intervention policière et la chute de Steve Maia Caniço dans la Loire, est un rapport erroné”.
La maire de Nantes Johanna Rolland a assuré dans un communiqué qu’elle répondrait “avec diligence” aux questions de la justice, soulignant “la nécessité absolue que toute la lumière soit faite sur ce drame”.
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Steve Maia Caniço, un animateur périscolaire de 24 ans, s’était rendu à une soirée électro en bord de Loire dans la nuit du 21 au 22 juin 2019. Son corps avait été retrouvé noyé dans le fleuve plus d’un mois plus tard.
Sa disparition avait déclenché une vive émotion dans la ville où des manifestants ont réclamé “Justice pour Steve“, jugeant l’intervention policière disproportionnée.
Au total, trois informations judiciaires “contre X” sont instruites à Rennes dans cette affaire. L’une pour “homicide involontaire” concernant le décès de Steve, l’autre pour “mise en danger de la vie d’autrui”, concernant l’intervention policière, et la troisième pour violences sur “personne dépositaire de l’autorité publique” s’agissant de la prise à partie des forces de l’ordre.
Concernant ces deux dernières informations judiciaires, “elles bénéficieront des avancées et éléments de la présente information judiciaire qui est légitimement traitée de manière prioritaire s’agissant du décès d’une personne”, souligne Philippe Astruc.