Sa nomination au ministère de l’Intérieur malgré l’accusation de viol dont il fait l’objet a du mal à passer. Mais Gérald Darmanin, qui assure avoir été “accusé à tort”, affirme “marcher la tête haute”.
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Le successeur de Christophe Castaner, accusé de viol en 2009 par Sophie Patterson-Spatz, avait bénéficié d’un non-lieu. Sauf que mi-juin dernier, la cour d’appel de Paris a ordonné la reprise des investigations à ce sujet. Invité de RTL ce matin, il a rétorqué à ses nombreux détracteurs :
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“Je ne commente pas les affaires de justice en général et pas la mienne depuis trois ans en particulier. Je constate simplement qu’il y a eu trois décisions de justice, deux enquêtes préliminaires ont été classées sans suite et un non-lieu rendu par deux juges d’instruction.
Il y a eu trois décisions de justice en trois ans qui me sont favorables, alors il me semble qu’au bout de trois décisions de justice, on peut penser que j’ai le droit à la présomption d’innocence.”
Si Gérald Darmanin bénéficie effectivement de la présomption d’innocence, il convient de rappeler que le principal argument opposé à sa promotion n’est cependant pas la certitude de sa culpabilité. Mais plutôt sa légitimité à occuper la tête de la place Beauvau, et ainsi devenir “le premier flic de France”, alors même qu’il est visé par une enquête à son égard.
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Mais aussi parce que d’autres ministres avant lui ont dû démissionner pour des faits différents : soupçons d’emplois fictifs ou détournements de fonds par exemple. Le message envoyé serait alors que des accusations de violences sexuelles seraient moins graves que d’autres, comme celles d’ordre pécuniaire.
L’exemple de François Bayrou est régulièrement cité. Alors ministre de la Justice du premier gouvernement Philippe, il avait dû démissionner en juin 2017 après qu’une enquête avait été ouverte à son encontre concernant des soupçons de détournements de fonds publics européens pour rémunérer des collaborateurs du MoDem.
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“Cette situation, elle n’est pas facile à vivre quand vous êtes accusé à tort”
Selon Gérald Darmanin, cette décision de justice qui autorise la reprise des investigations est “une décision de forme et absolument pas de fond”. “Cependant, comme tout citoyen de notre pays, et peut-être encore plus que n’importe quel citoyen de notre pays, je suis à la disposition des magistrats bien évidemment”, a-t-il ajouté.
Le ministre a assuré n’avoir “rien à se reprocher” et a promis qu’il n’interviendrait pas dans ce dossier, affirmant avoir écrit une lettre “à son administration […] pour n’avoir aucune information ni moi-même, ni mon cabinet, en ce qui me concerne”.
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“Cette situation, elle n’est pas facile à vivre quand vous êtes accusé à tort”, a-t-il dit, ajoutant : “Je n’ai pas à me plaindre parce que je suis ministre de la République mais le combat politique parfois fait naître de drôles de choses et qui sont bien négatives dans la vie personnelle.” “Je marche la tête haute”, a-t-il conclu.
Mais il ne sera pas le seul à “marcher” puisqu’un rassemblement à l’initiative d’associations féministes est organisé vendredi soir dans toute la France et notamment devant l’hôtel de Ville à Paris. L’objectif est de manifester contre les nominations de Gérald Darmanin et d’Éric Dupond-Moretti, le nouveau garde des Sceaux, mais aussi de s’opposer à “la banalisation des violences au plus haut sommet de l’État”. “Contre le foutage de gueule”, explique clairement l’association Nous Toutes.