Alors que la France célébrait mercredi 14 juillet sa fête nationale, plus de 19 000 personnes, selon les autorités, ont manifesté dans le pays au nom de la “liberté” pour protester contre les annonces d’Emmanuel Macron sur le pass sanitaire et la vaccination, et dénoncer une “dictature“.
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Certaines mobilisations ont commencé dans la matinée, au moment où se tenait le défilé militaire sur la célèbre avenue des Champs-Élysées, sous le regard du chef de l’État qui présidait ces festivités pour la dernière fois de son quinquennat.
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En cause : les déclarations du président, qui a annoncé, lundi soir, la mise en place d’une obligation vaccinale pour les soignants et d’autres professions au contact du public, ainsi que l’extension du pass sanitaire à la plupart des lieux publics.
Certaines de ces mesures entreront en vigueur dès cet été, poussant de nombreux Français jusqu’ici hésitants ou méfiants à sauter le pas et à réserver leur première injection. Depuis ces annonces, plus de 2 millions de personnes ont ainsi pris rendez-vous sur Doctolib pour se faire vacciner, a annoncé la plateforme à l’AFP mercredi.
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C’est au nom de la “liberté” que les opposants ont de leur côté fait entendre leur mécontentement.
À Paris, plusieurs cortèges ont réuni, selon le ministère de l’Intérieur, 2 250 personnes au plus fort des manifestations, parties des places de la République et de Clichy.
En fin d’après-midi, quelques incidents se sont produits sur le boulevard Magenta, obligeant les forces de l’ordre à faire usage de gaz lacrymogènes, a constaté un journaliste de l’AFP.
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Le parcours initialement déclaré n’a pas été respecté, a regretté la préfecture de police dans un tweet, déplorant par ailleurs des “jets de projectiles” et des “feux de poubelles“.
“Contre la dictature“, “Contre le pass sanitaire“, pouvait-on entendre dans les rangs de la manifestation.
Yann Fontaine, clerc de notaire de 29 ans, est venu du Berry pour manifester à Paris. Rejetant l’étiquette de “complotiste“, il a expliqué à l’AFP que “le pass sanitaire, c’est de la ségrégation“. “Macron joue sur les peurs, c’est révoltant. Dans mon entourage, je connais des gens qui vont se faire vacciner juste pour pouvoir emmener leurs enfants au cinéma, pas pour protéger les autres de formes graves du Covid“, a-t-il regretté.
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“Pas des cobayes”
Le ministère de l’Intérieur a comptabilisé 53 manifestations, organisées dans plusieurs villes de France. Il recensait, à 18 heures, un peu plus de 19 000 manifestants dont 1 500 à Toulouse, 1 400 à Chambéry, 1 200 à Montpellier, 1 200 à Bordeaux, 800 à Annecy, ou encore 800 à Nantes.
À Lyon, où 1 400 personnes ont manifesté, des tensions ont éclaté dans le centre-ville.
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Un groupe d’opposants à la vaccination a aussi forcé le portail de la préfecture de Haute-Savoie à Annecy, sans commettre d’autres dégradations.
À Lille, environ 300 personnes se sont rassemblées dans l’après-midi, d’après une journaliste de l’AFP présente sur place. “Liberté, liberté”, “Non à la vaccination obligatoire”, “On n’est pas des cobayes“, scandait la foule, notamment composée de quelques blouses blanches et d’une poignée de gilets jaunes.
Charlotte, vendeuse d’une trentaine d’années, manifestait pour la première fois au côté de son père qui a raconté avoir eu des problèmes de santé après un vaccin contre la méningite. “Après le discours de (Emmanuel) Macron, j’ai ressenti une grande révolte”, a expliqué cette mère de deux enfants, qui ne se considère pas comme “une révolutionnaire dans l’âme” mais voit dans le pass sanitaire “une obligation détournée, pour ne pas employer le mot ‘obligatoire'”.
À Bordeaux, une mère de famille a quant à elle expliqué qu’elle recherchait “des médecins résistants” pour “faire de faux vaccins” à ses deux enfants. “Avec les vaccins, on veut nous imposer de conduire des voitures qui n’ont pas fait leur crash-test”, a aussi assuré Baptiste, qui se présente comme un “gilet jaune de la première heure”.
L’exploitant d’un lieu qui manquerait aux futures obligations de contrôle du pass sanitaire sera passible d’une amende allant jusqu’à 45 000 euros et d’une peine d’un an de prison, selon l’avant-projet de loi incorporant les nouvelles dispositions annoncées par Emmanuel Macron, et que s’est procuré l’AFP mercredi.
D’après un sondage Elabe publié mardi, les mesures annoncées lundi par le chef de l’État sont approuvées par une majorité de Français. Une large majorité (76 %) adhère notamment à l’obligation de la vaccination pour les personnels soignants et les autres professions concernées.