Un système de refroidissement faisant office de réfrigérateur, des bols contenant des restes de nourriture, des bancs : dans le sud de l’Irak, terre des “premières villes”, des archéologues américains et italiens ont mis au jour une “taverne” sumérienne vieille de près de 5 000 ans. Plus que le mode de vie raffiné des rois et des élites religieuses, c’est le quotidien des “gens ordinaires” qui intéresse les archéologues de l’université de Pennsylvanie aux États-Unis et leurs homologues de l’université italienne de Pise sur le site de Lagash.
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Il y a 5 000 ans, le quotidien de Lagash était intimement lié aux cités-États voisines de Girsu et Nigin, deux centres religieux et politiques de la civilisation sumérienne ayant connu leur essor durant la période des dynasties archaïques, allant de 2 900 avant J.-C. à 2 334 avant J.-C. La “taverne” découverte remonterait à 2 700 avant J.-C., confirme à l’AFP Holly Pittman, directrice de projet de l’université de Pennsylvanie pour la mission archéologique à Lagash.
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Elle évoque un “dispositif de refroidissement” constitué d’une jarre entourée par “de grands récipients en céramique brisés superposés”, une sorte de “réfrigérateur” en argile. Il y a également des ustensiles de cuisine, “environ 150 bols” visiblement remplis de nourriture car ils contenaient “des arêtes de poisson et des os d’animaux”, ajoute Mme Pittman. Mais aussi “des gobelets qui auraient été utilisés pour de la bière”, dit-elle, rappelant que c’était “de loin la boisson la plus commune pour les Sumériens, peut-être même plus que l’eau”.
Ce restaurant des temps antiques, divisé en une zone couverte et un espace à ciel ouvert, était doté de bancs pour s’asseoir et d’“un four pour cuire la nourriture”, ajoute-t-elle. L’Irak est le berceau des civilisations de Sumer, d’Akkad, de Babylone et d’Assyrie, auxquelles l’humanité doit l’écriture et les premières villes. Ravagé par des décennies de conflit, le pays a souffert du pillage de ses antiquités après l’invasion américaine de 2003 puis avec l’arrivée des djihadistes du groupe État islamique.
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Mais en renouant avec un semblant de normalité ces dernières années et malgré des infrastructures en déliquescence, le pays s’est ouvert timidement au tourisme mondial et les missions archéologiques venues des États-Unis ou d’Europe ont repris du service, avec de nouvelles découvertes régulièrement annoncées. À Lagash, les archéologues cherchent encore à déterminer l’imbrication de la cité avec son entourage, notamment les rapports avec Girsu, où un temple honorait Ningirsu, divinité sumérienne du printemps, des pluies orageuses, mais aussi de la charrue et du labour.
“Lagash était une ville importante du sud de l’Irak”, indique de son côté l’archéologue irakien Baker Azab Wali, qui a collaboré avec ses confrères occidentaux sur le site de Lagash. “Ses habitants dépendaient de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, mais aussi de l’échange de marchandises”, ajoute-t-il. Holly Pittman évoque plusieurs ateliers de céramique dotés de fours qui laissent penser que Lagash était “un centre important pour la production artisanale de masse”.
“Les premières villes sont apparues en Mésopotamie du Sud”, rappelle-t-elle. “Il y a tellement de choses que nous ne savons pas concernant cette période de l’émergence des villes.” Découverte à l’automne 2022, la taverne va apporter “de nouvelles connaissances”, dit-elle. “Nous espérons pouvoir déterminer les caractéristiques des quartiers, le type d’occupation et les marqueurs d’identification des gens qui vivaient dans cette grande ville et qui ne faisaient pas partie de l’élite”, ajoute-t-elle. “La plupart du travail effectué sur les autres sites se concentre sur les rois et les prêtres, et c’est très important”, souligne-t-elle. “Mais les gens ordinaires sont aussi importants.”
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