Dans un entretien accordé ce mardi au journal L’Équipe, Raphaël Varane revient sur son rapport à son corps et explique à quel point la pratique du football l’a “abîmé”. C’est un sujet tabou selon l’ex-international français, qui regrette avoir eu du mal à admettre la fatigue et les migraines par peur d’être perçu comme “faible”, et reconnaît avoir joué des matches en ressentant des symptômes liés à des chocs aériens : “Quand on regarde trois des pires matches de ma carrière, il y en a au moins deux avant lesquels j’avais eu une commotion quelques jours plus tôt : face à l’Allemagne en quarts de finale de la Coupe du monde 2014, et avec le Real Madrid contre Manchester City en huitièmes de finale de Ligue des champions 2020.”
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Le défenseur de Manchester United révèle avoir été sensibilisé à ce sujet par le docteur Philippe Malafosse, un spécialiste des commotions cérébrales qui travaille beaucoup sur cet aspect avec les rugbymen. Dans l’entretien, Raphaël Varane insiste sur l’importance d’une prise en charge adéquate et la sensibilisation dès le plus jeune âge, notamment sur les dangers liés au syndrome du second impact, c’est-à-dire la répétition du choc à cause du jeu aérien. Pour le Français, ça devrait commencer par la réduction des têtes à l’entraînement.
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“Après les propos de Varane, les langues vont se délier”
Le journal So Foot est revenu sur les propos du footballeur avec le médecin Philippe Malafosse. Ce dernier pointe notamment du doigt les staffs médicaux, qui n’en font parfois pas assez : “À partir du moment où [le joueur] a subi une commotion, il n’est plus tout à fait lui-même. Donc ce n’est pas à lui de prendre la décision. […] Le joueur veut forcément revenir sur le terrain. C’est au staff médical de dire non”.
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Le gros problème, selon lui, reste la complexité à identifier une commotion cérébrale, puisque les symptômes les plus communs sont difficilement quantifiables et nécessitent une référence antérieure. Au rugby par exemple, le médecin fait en sorte d’avoir des références en début de saison, telles que la vision ou la stabilité du joueur. Pour Philippe Malafosse, la grande différence entre le rugby et le football, c’est le temps : “Est-ce que le football a les moyens d’accorder 12 minutes à un joueur, qu’il sorte et qu’il soit remplacé de manière temporaire comme dans le rugby et qu’au terme du protocole proposé, il revienne sur le terrain ? Ce n’est pas encore acquis”.